Investir en capital et en prêts à partir de 100 EUR ! L’idée a fait le succès de MyMicroInvest : en trois ans, plus de 12 millions EUR ont déjà été investis dans une quarantaine d’entreprises via quelque 30,000 membres. Des investissements dans tous les secteurs, dont les nouvelles technologies bien évidemment, mais aussi la santé. Point commun des projets présentés : l’innovation. Exemple : Full of Good, des jus frais de fruits et légumes, 100% naturels, sans additifs ni conservateurs. Grâce à une nouvelle méthode de pression à froid, les vitamines et nutriments naturellement présents dans les fruits et légumes sont préservés -ce procédé de haute pression (HPP) permet également de conserver les jus plus longtemps.
Le crowdfunding permet la démocratisation du capitalisme en y donnant accès à chacun qui souhaite participer au dynamisme économique, assure Olivier de Duve, qui a fondé la plateforme de crowdfunding MyMicroInvest en 2011 et le fonds d’investissement InVentures un an plus tard. Cet adepte de l’intelligence collective l’a fait en association avec José Zurstrassen, Charles-Albert de Radziztky et Guillaume Desclée.
«Entreprendre devient une galère ! Depuis 2008, les banques se montrent de plus en plus frileuses à financer les jeunes entreprises et l’accès aux financements pour les entrepreneurs est devenu de plus en plus difficile. En même temps, on constate que les épargnants font de moins en moins confiance aux marchés financiers traditionnels et cherchent d’autres moyens pour investir leur épargne, dans l’économie réelle. Le crowdfunding permet donc à l’épargne des uns de répondre au besoin de financement des autres.»
PARTAGE, ECHANGE, DON. Le crowdfounding est facilité et amplifié via l’internet et les réseaux sociaux. Cette mode de financement participatif est à la fois collaboratif et participatif : les utilisateurs deviennent contributeurs, recommandent certains produits ou services. Le web a donné naissance à une nouvelle conscience sociale et collective.
«C’est une autre manière d’entreprendre en sortant de la grille de lecture libérale individualiste, poursuit Olivier de Duve. On est davantage dans le partage, l’échange, voire le don. Et puis, la production n’est plus l’œuvre d’un seul protégée par des brevets empêchant un éventuel partage; les personnes peuvent devenir productrices de services, on parle alors d’économie distribuée : co-makers, co-working, etc. Les citoyens peuvent prendre part à n’importe quelle phase de l’élaboration d’un projet… On peut être dans le participatif et être très carré dans l’opérationnel. C’est ce qui distingue MyMicroInvest. Jusqu’ici, certains venture-capitalistes étaient sceptiques sur le modèle. Après l’avoir compris, ils commencent à trouver cette activité intéressante et utile -notre partenariat avec BNP-Paribas en est l’illustration. Globalement, les pros du secteur de la finance apprécient le fait qu’on ait mis en place un véhicule qui agrège les investisseurs, de sorte que dans l’entreprise financée, un seul d’entre eux représente tout le crowdfunding, ce qui est plus facile à gérer, et aussi que des co-investisseurs interviennent au même moment, car eux vont négocier la valorisation et réaliser une ‘due diligence’.»
MyMicroInvest n’est pas la première plate-forme de crowfunding. En revanche, c’est aujourd’hui la plus avancée, la plus évoluée aussi sur le plan réglementaire; elle est aujourd’hui la seule en Europe à répondre aux exigences de la FSMA (Financial Services and Markets Authority), l’autorité belge de marché. «En ce sens, notre modèle est unique. Cela nous a demandé beaucoup de temps, beaucoup de travail, beaucoup de connaissances aussi, mais cela nous sert. Au terme du premier exercice, nous avions réalisé quatre projets; trois ans plus tard, nous terminerons avec une quarantaine de projets et entre-temps notre chiffre d’affaires a triplé. Et si MyMicroInvest compte déjà dans le Top 10 européen, notre ambition est d’arriver dans le Top 3 d’ici à trois ans !»
Réaliste ? Oui. Parce que MyMicroInvest a industrialisé ses processus, ce qui lui permet de commercialiser ses services de façon packagée. MyMicroInvest a ainsi mis en place un programme de production d’émission, pour éviter tout travail répétitif. Indirectement, cela permet permet d’écrire un prospectus d’émission pour les très petites structures -à des coûts abordables. Cela permettra aussi d’étendre le savoir-faire par-delà les frontières. L’ambition est clairement européenne.
LA CLE DU SUCCES ? Une bonne stratégie et beaucoup de professionnalisme, insiste Olivier de Duve. Et de l’agilité. «Dans notre cas, cela signifie ne pas craindre de bousculer notre modèle économique, savoir se remettre en question même si l’entreprise est encore très jeune. es-sense nous assiste dans cette démarche.»
Spécialiste du business mentoring, es-sense accompagne MyMicroInvest à différents niveaux. Notamment dans le réalignement. «Entre actionnaires et dirigeants, nous revoyons régulièrement notre alignement. Non pas tous les six mois, mais toutes les six semaines, de façon programmée, organisée. C’est absolument nécessaire pour éviter les écarts de vue, les dérapages. Enfin, il est essentiel de préserver l’énergie qui nous anime, et cela au niveau de toute l’équipe. Dans toute organisation, il n’y a pas que le visible… Il faut en tenir compte, identifier cet invisible et en faire une force.»
Certes, une entreprise telle que MyMicroInvest attire les jeunes. L’économie collaborative est un moteur, le fait d’être un leader aussi. Mais, là encore, cela ne peut suffire. Encore faut-il motiver les équipes, les sensibiliser et toujours cultiver l’énergie collaborative. «Sur le plan organisationnel, nous pratiquons l’adhocratie -une configuration organisationnelle qui mobilise, dans un contexte d’environnements instables et complexes, des compétences pluridisciplinaires, spécialisées et transversales, pour mener à bien des missions précises. Ca fonctionne à merveille. Tout un chacun est responsabilisé», assure Olivier de Duve.
Dans ce modèle, en effet, chacun est supposé avoir intégré l’intérêt collectif et parle en son nom. Les décisions sont prises par des collaborateurs informés des objectifs stratégiques. Ils sont investis d’une part de responsabilité pour atteindre ces derniers. Les décisions encadrées par des principes d’action remplacent les règles et procédures trop rigides. Et ça marche !
Le crowdfunding, l’endroit parfait pour évaluer la viabilité d’un projet
Un outil de financement, évidemment. Mais pas seulement. Le crowdfunding, c’est d’abord une large majorité de gens qui investissent sur un coup de coeur, parce qu’ils trouvent un produit ou un service génial. Ils sont dès lors ravis de s’investir, explique Olivier de Duve. Et de commenter : «plus qu’un investissement, c’est se sentir associé à cette société, à son idée, vouloir sa réussite et l’y aider. Le principe d’adhésion est très important. C’est donc, aussi, un outil de communication et de marketing.»
De fait, les contributeurs n’ont pas que leur argent à offrir. Ces personnes qui soutiennent le projet seront avant tout les moteurs du business et seront indispensables à son bon développement.
En ce sens, le crowdfunding est stimulateur d’innovation et de recherche. C’est un lieu unique regroupant entrepreneurs et consommateurs. «Le financement participatif est un outil marketing qui permet à n’importe quelle marque de toucher à la fois les consommateurs actuels comme les prospects, de mettre en avant le lancement d’un nouveau produit, la création de nouveaux services… tout en augmentant la reconnaissance et l’influence de la marque.»
Bref, l’endroit parfait pour évaluer la viabilité d’un projet. S’il fait sens, le projet attire les contributeurs et donc de futurs clients avant même la sortie du produit sur le marché. Le crowdfunding engage face aux contributeurs et permet aux entrepreneurs de stimuler la demande pour leur produit. Enfin, il permet d’économiser de l’argent en recevant les réactions du marché de manière directe et gratuite. Une campagne réussie permettra de faire plus facilement la promotion du produit ou de l’entreprise grâce à la communauté déjà fédérée lors de la campagne. «A tous les entrepreneurs que je reçois, je ne cesse de répéter : ‘mouillez-vous ! C’est vous qui allez vendre votre entreprise, nous ne faisons que vous accompagner’, lance Olivier de Duve. C’est l’énergie que vous allez générer autour de votre projet qui fera la différence.»
Olivier de Duve, Mymicrovinvest
° 20 avril 1968, marié, 3 enfants
° Master of Sciences in Business Engineering, Solvay Business School
° De 1991 à 2008, diverses fonctions dans la banque d’affaire, les marchés des capitaux et l’investissement
° Création de la société Earlytracks (2008)
° Cofondateur de la plateforme de crowdfunding MyMicroInvest (2011)
° Cofondateur d’InVentures (2012)
Olivier de Duve, premier invité des «Midi Onze» de es sense
Société de conseil, es sense aide les patrons à transformer leur entreprise qui «fonctionne» en entreprise qui «cartonne» ! Pour cela, es sense travaille tant sur l’énergie du patron et de son organisation que sur la stratégie et les tactiques.
Chaque mois, es sense organise son «Midi Onze» : l’heure du succès» où un client vient partager avec d’autres patrons une expérience inspirante.
Qu’est-ce qui a vraiment fait la différence pour obtenir plus de résultats ? Comment a-t-on surmonté certaines difficultés ? Chacun peut ensuite débattre avec d’autres participants sur la meilleure manière d’intégrer ces expériences dans son business.
En novembre, l’invité était Olivier de Duve qui a expliqué comment MyMicroInvest avait réussi à créer un nouveau métier, un nouveau business model