Vitesse et big data sont les deux premiers facteurs d’innovation assure le Boston Consulting Group à l’issue de la 10ème édition du Top 50 des entreprises les plus innovantes. Même si Google et Apple sont en tête du classement du BCG, 76% des 50 entreprises viennent des secteurs traditionnels. C’est une première ! Les entreprises technologiques ne dominent plus le classement : en 2014, elles représentaient 42% du classement; en 2015 elles ne représentent plus que 24%… Pour Hadi Zablit, Senior Associated Director, Boston Consulting Group, elles ont su adopter tôt les plateformes technologiques, s’adapter aux besoins des clients à l’aide du big data et mieux former leurs collaborateurs au numérique.

«Lorsque nous avons commencé cette étude, il y a maintenant une dizaine d’années, les entreprises technologiques exerçaient une domination sans partage sur le classement. Depuis, les cartes de l’innovation ont été rebattues, commente Hadi Zablit. Les acteurs de l’automobile sont ceux qui ont le plus progressé au fil des années, mais d’autres secteurs semblent suivre le mouvement, notamment le secteur pharmaceutique et le secteur banque et assurance.»

Deux facteurs ont été retenus dans ce rapport du BCG sur les entreprises les plus innovantes en 2015. Le premier, c’est l’évaluation, le regard qu’ont porté 1 500 dirigeants d’entreprises interrogés sur l’innovation dans et en dehors de leur secteur. Combiné au premier, le second facteur compte pour 40% de la note et correspond à la création de valeur, c’est-à-dire à la performance économique et financière des groupes. Ce qui a fait la différence pour les entreprises les plus innovantes, c’est la capacité pour chacune d’elles à introduire un produit disruptif, différent, accepté par le marché. Ainsi, comme l’an dernier, on retrouve Apple en tête du podium. Le secteur de l’automobile n’est pas en reste : Tesla et sa voiture électrique se distingue, passant de la 7ème à la 3ème place, Toyota est 6ème et BMW 7ème.

En 2013, le BCG a demandé aux managers quelles seraient, selon eux, les sociétés qui figureraient dans le Top 10 de l’année suivante. Ils ont cité les sociétés technologiques, mais aussi les entreprises non-tech qui sauront s’adapter et s’approprier les plateformes mobiles et le big data. C’est aujourd’hui confirmé. Les sociétés traditionnelles qui adoptent les pratiques technologiques changent la donne en améliorant à la fois leur positionnement et le service qu’elles rendent aux clients. C’est la bonne nouvelle de ce rapport. Les entreprises qui ont investi ces dernières années dans un système d’innovation rapide se retrouvent aujourd’hui en haut du classement.

«Le fait d’adopter les plateformes technologiques accélère les cycles de l’entreprise. Il les rend en moyenne deux à trois plus rapides. Après le facteur vitesse, le big data est le deuxième pilier de l’innovation. Il continuera à prendre de l’importance dans les trois à cinq prochaines années.»

Pour accélérer les process (étapes nécessaires au bon fonctionnement d’un procédé industriel), il est nécessaire de migrer une partie des ressources vers le big data, assure encore Hadi Zablit. Aujourd’hui les entreprises sont le plus souvent organisées par fonction (marketing, ingénierie, qualité) et par entité géographique. Chaque métier est doté d’une base de données spécifique. Avec le big data, on crée une sorte de Google interne, un moteur de recherche dans l’entreprise où l’on puise des données transversales. «C’est une base de données, certes moins structurée que les recherches en silo’, mais qui permet d’accéder à l’ensemble des données disponibles dans l’entreprise.

Cela peut se traduire par ce que l’on appelle le scoring client. Si vous disposez d’un historique du parcours client, vous pouvez anticiper un éventuel départ vers la concurrence.» On peur ainsi collecter des data sur la fréquentation des boutiques, le niveau de dépense, ou les commentaires sur les forums en ligne, poursuit Hadi Zablit. Ce genre d’information permet à l’entreprise de prendre les devants et d’adopter une stratégie pour reconquérir son client.

«Dans la plupart des entreprises, la technologie était auparavant cantonnée à son propre silo, le département IT, déclare Hadi Zablit. Aujourd’hui, le digital, le mobile, le big data et d’autres technologies sont utilisés pour soutenir et permettre l’innovation dans toute l’organisation : du développement de nouveaux produits aux stratégies de mise sur le marché en passant par la production dans de nombreuses industries. Le point fondamental dans tous les cas est la création d’une plateforme pouvant être utilisée en continu pour produire un impact.»

Le BCG observe encore qu’une entreprise bien classée en innovation le sera également en termes de création de valeur trois à cinq ans plus tard. L’innovation permet aux entreprises de surperformer à moyen terme. Par ailleurs, on voit que l’innovation contribue à hauteur de 50% à 70% à la croissance du chiffre d’affaires.

 

Quatre clés d’une innovation réussie

> Réussir à accélérer les processus d’innovation – La vitesse d’adoption des nouvelles technologies est l’enjeu prioritaire des dirigeants. Ils sont ainsi 22% de plus par rapport à 2014 à la citer comme étant le facteur ayant le plus d’impact sur leur industrie d’ici 3 à 5 ans. Les entreprises qui innovent avec rapidité sont considérées comme celles qui innovent de la façon la plus performante : 42% des leaders d’entreprises ayant une culture de la rapidité, estiment que leur entreprise a de fortes capacités à innover, contre 10% de ceux qui travaillent pour des «innovateurs lents». Les « nnovateurs rapides» se voient aussi comme plus disruptifs : 27% versus 1,5%.

> Perfectionner les processus de R&D à l’aide des techniques de Lean ManagementLes innovateurs les plus en pointe sont 2 à 3 fois plus nombreux à adhérer aux principes du Lean management. Parmi les dirigeants, on note une augmentation de 5% par rapport à 2014 de répondants qui citent la performance des processus R&D comme essentielle.

> Optimiser l’utilisation des plateformes technologiques – L’IT ne doit plus être pensée comme une fonction à part mais au contraire comme une fonction transverse, qui vient en support de l’ensemble des activités de l’entreprise. On note une prise de conscience croissante de cet état de fait parmi les dirigeants : + 8% par rapport à 2014.

> Explorer systématiquement les marchés adjacents – La croissance adjacente est la marque de fabrique des meilleurs innovateurs. Les membres récurrents du classement des 50 entreprises les plus innovantes -3M, Amazon, Apple, General Electric, Google et Procter & Gamble, par exemple- savent identifier et tirer parti d’idées sur les activités adjacentes aux leurs pour améliorer les revenus.

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