Sous la pression du fonds d’investissement de l’activiste Carl Icahn (entré dans le capital en novembre 2015 à concurrence de 8%), Xerox se voit contraint de se scinder en deux. D’un côté, les solutions historiques d’impression et de traitement de documents (11 milliards USD de revenus); de l’autre, les services basés sur la donnée (7 milliards USD).
Xerox dans la foulée de HP, mais aussi de CSC et e eBay. A l’origine du projet, «le peu de synergies industrielles entre les deux activités du groupe». En fait, l’intérêt de l’intégration était plutôt financier. Le groupe américain misait sur le développement des services, un domaine considéré comme plus porteur, pour compenser le déclin inexorable de l’activité historique d’impression et de reprographie.
Finalement, pas de synergies et peu de résultats. Sur les neuf premiers mois de l’année 2015, les services ont généré un chiffre d’affaires en baisse de 3% à 7,6 milliards de USD. C’est moins que la chute de 11% de l’activité dans le document. Mais sur le troisième trimestre 2015, les services déplorent une perte de 184 millions USD contre un bénéfice de 227 millions pour les solutions d’impression…
La réaction de l’activiste Carl Icahn a été rapide. Sa méthode ne déroge pas aux pratiques de ses homologues : entrer dans le capital d’une entreprise, sans forcément en devenir le premier actionnaire, et lancer des idées radicales pour doper le cours de bourse -scission, fermeture de sites, changement de dirigeants. Ils mettent les dirigeants sous pression, via une communication qui frôle parfois le harcèlement.
N’empêche. La scission va changer radicalement la stratégie de Xerox. L’inventeur de la reprographie s’est renforcé en se diversifiant et en répondant aux besoins d’entreprises différentes. «Nous sommes en train de changer la façon de commercer, d’apprendre, de publier, de faire des transactions bancaires, d’apporter des soins de santé et plus encore, partout dans le monde. En aidant les entreprises et les gouvernements de toutes tailles à répondre à ces challenges, nous contribuons à ce que le monde fonctionne un peu mieux chaque jour», avait déclaré en mai dernier la CEO de Xerox, Ursula Burns. Oui. Et demain ?
En accord avec cette stratégie, la société avait annoncé en août de l’année dernière, la signature d’un accord définitif pour acquérir RSA Medical, spécialiste de l’évaluation et de la gestion des risques dans le secteur de la santé pour le compte d’acteurs ayant des liens avec des sociétés d’assurance de santé et d’assurance vie. Midas+, une autre entreprise Xerox intervenant sur le marché de la santé, a également acquis Healthy Community Institute. Cette société basée à Berkeley, Californie, propose une plate-forme SaaS qui centralise des données de santé et des données de collectivités pour aider les hôpitaux et d’autres organismes de santé à gérer les questions de santé publique. Ces projets aboutiront-ils ? Les prochains mois seront lourds…
Cependant, Xerox a dû revoir la stratégie de ses activités d’externalisation des processus métiers à mi-parcours. En décembre 2014, l’entreprise décidait de céder son activité d’outsourcing à Atos, celle-ci n’ayant pas acquis une dimension suffisante pour offrir aux clients une offre différenciée. D’après l’accord, Atos fournira des services informatiques à Xerox et à ses clients BPO (Business Process Outsourcing), alors que l’entreprise se concentrera sur l’externalisation des processus d’affaires et le traitement des documents.