Notre empreinte numérique va exploser
Dans une étude inédite, GreenIT a tenté d’évaluer notre empreinte numérique. Entre 2010 et 2025, elle aura triplé. Une réaction s’impose.
Alors que le numérique envahit notre quotidien, les impacts environnementaux associés ne cessent de croître. Mais dans quelles proportions ? Quelle est précisément notre empreinte numérique ? De quoi est-elle constituée ? Et quelle est sa dynamique ? Dans son étude «Empreinte environnementale du numérique mondial», réalisée avec le soutien de contributeurs et de l’Institut du numérique responsable, GreenIT.fr avance quelques propositions intéressantes.
L’étude porte sur l’empreinte environnementale du numérique mondial et son évolution de 2010 à 2025. Elle s’appuie sur une méthodologie de type ACV (Analyse du Cycle de Vie) simplifiée pour quantifier les impacts environnementaux du numérique mondial. Voici les principales conclusions de l’étude.
L’épuisement des ressources abiotiques
A l’échelle planétaire, l’empreinte environnementale du numérique équivaut à un continent de deux à trois fois la taille de la France et à cinq fois le poids du parc automobile français (180 millions de véhicules). Les impacts environnementaux se caractérisent principalement par la contribution du numérique à l’épuisement des ressources abiotiques et au réchauffement climatique, à des tensions sur l’eau douce, et à diverses formes d’agressions des écosystèmes (eutrophisation, acidification, pollutions diverses) qui contribuent à la régression écologique en cours.
Ces impacts ont essentiellement lieu lors de la fabrication des équipements présents chez les utilisateurs -téléviseurs connectés, ordinateurs, smartphones, box, etc- qui concentrent de 59 % à 84 % des impacts.
En 2019, la hiérarchie des sources d’impacts est la suivante, par ordre décroissant d’importance : fabrication des équipements utilisateurs (30 à 76 % des impacts); consommation électrique des équipements utilisateurs (1 à 29 % des impacts); consommation électrique du réseau (1 à 21 % des impacts); fabrication des équipements réseau (2 à 16 % des impacts); consommation électrique des centres informatiques (1 à 16 % des impacts); fabrication des équipements hébergés par les centres informatiques Fabrication des équipements réseau (1 à 8 % des impacts).
Evolution de 2010 à 2025
La plus forte progression est celle des émissions de gaz à effet de serre qui vont augmenter de 2,2 % en 2010 à 5,5 % en 2025. Alors que les ordinateurs, imprimantes et autres objets numériques usuels constituaient la principale source d’impacts avant 2015, un basculement s’opère et accélère jusqu’en 2025, avec principalement 3 nouvelles sources d’impacts :
– les télévisions : 5 à 15 % des impacts en 2010 contre 9 % à 26 % en 2025;
– les smartphones : 2 % à 6 % des impacts en 2010 contre 4 % à 16 % en 2025;
– les objets connectés : 1 % des impacts en 2020 contre 18 % à 23 % en 2025.
En dehors de la croissance du nombre d’utilisateurs, l’augmentation des impacts environnementaux du numérique mondial est principalement due :
– aux objets connectés dont le nombre sera multiplié par 48 entre 2010 et 2025;
– au doublement de la taille des écrans (télévisions notamment) entre 2010 et 2025;
– à un tassement des gains en matière d’efficience énergétique.
Des solutions simples et efficaces
Dans ce contexte, quelques mesures simples permettraient de réduire considérablement l’empreinte environnementale du numérique mondial à l’horizon 2025. Parmi ces solutions :
– réduire le nombre d’objets connectés en favorisant leur mutualisation et leur substitution et en ouvrant leurs API pour allonger leur durée de vie;
– réduire le nombre d’écrans plats en les remplaçant par d’autres dispositifs d’affichage (lunettes de réalité virtuelle, vidéo projecteurs LED, etc.- et en les mutualisant avec les écrans existants (smartphones, ordinateurs, etc.);
– augmenter la durée de vie des équipements en allongeant la durée de garantie légale, en favorisant le réemploi, et en luttant contre certains modèles économiques à l’impact délétère (opération du type «smartphone à 1 euros contre réengagement»);
– réduire les besoins des services numériques via leur éco-conception.
Les pouvoirs publics peuvent agir, via des actions simples telles que :
– obliger les fabricants d’objets connectés à ouvrir leurs API;
– rendre obligatoire la distinction entre mise à jour logicielle corrective et évolutive;
– consigner les EEE afin d’augmenter le taux de collecte des EEE à réemployer et des DEEE à recycler;
– interdire des offres de réengagement contre des équipements à «1 euro»;
– créer une directive «réemploi» pour compléter la directive WEEE et ainsi articuler efficacement les filières réemploi et déchets tout en incitant les principaux gisements (grandes organisations) à privilégier le réemploi.
Réduire les impacts du numérique ne suffit plus
«Au rythme actuel, le numérique -qui est fabriqué avec des ressources abiotiques en voie d’épuisement- sera considéré comme une ressource critique non renouvelable en voie d’épuisement d’ici moins d’une génération, estime Frédéric Bordage, expert indépendant et auteur de l’étude. L’enjeu ne se limite donc pas à la réduction de ses impacts environnementaux, mais aussi à son usage raisonné. C’est désormais une question de résilience pour l’Humanité. Nous sommes à l’heure du choix : souhaite-t-on augmenter indéfiniment la taille des téléviseurs ou plutôt réserver les dernières capacités numériques pour construire un avenir viable ?»
Au-delà des recommandations simples et faciles à mettre en œuvre présentées dans l’étude, GreenIT.fr milite pour des actions à plus fort effet de levier. Et d’encourager le développement d’une «low-tech numérique», l’articulation effective entre «low» et «high» tech numérique. Et, enfin, une éco-conception radicale des services numériques.
Document complet : http://www.greenit.fr/empreinte-environnementale-du-numerique-mondial/`
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