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Pour un Buy European Tech Act !
Une préférence assumée pour les solutions européennes s’impose. C’est l’idée même d’un Buy European Tech Act. Nos licornes ne veulent plus passer pour des pigeons !
Une soixantaine de start-up et une quinzaine de fédérations cosignent, aux côtés de l’eurodéputée Stéphanie Yon-Courtin, une tribune demandant à privilégier des acteurs européens lors d’appels d’offres. Un Buy European Tech Act pour concurrencer des pays comme les Etats-Unis et la Chine.
« L’objectif n’est pas d’exclure totalement les fournisseurs étrangers, mais d’encourager les acheteurs publics à privilégier en toute légalité la technologie européenne, lorsqu’une offre équivalente en termes de prix, de qualité et de performance existe », écrivent les signataires. Ils prennent l’exemple de cette préférence dans des secteurs comme l’énergie et la défense. Et de demander à ce que cela soit étendu à d’autres secteurs comme la 5G, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, le cloud computing, etc.
Voir plus loin que les dysfonctionnements
Parmi les signataires, relevons des personnalités telles que Michel Paulin (OVHcloud), Philippe Dann (EBRC), Michel Gérard (Conscio Technologies) ou Jean-Noël de Galzain (Wallix Group)… Tout en soulignant les avancées européennes dans le cadre réglementaire visant à responsabiliser les géants du numérique et à limiter leur position de monopole en dépoussiérant le droit de la concurrence, ils estiment qu’il grand temps de voir plus loin que les dysfonctionnements des marchés.
L’idée ? Bâtir un véritable leadership numérique européen au départ d’un écosystème favorable à l’innovation. Comment ? A travers des investissements publics et privés massifs et structurants dans l’économie numérique, une progression de l’union des marchés des capitaux, un assouplissement et une harmonisation des règles, le renforcement des filières industrielles stratégiques ou encore une préférence assumée pour les solutions européennes.
Pas de leadership sans contrats publics
« Nos concurrents chinois, américains ou israéliens ne se privent pas de réserver une part de leurs marchés publics à leurs propres entreprises, mentionne l’eurodéputée Stéphanie Yon-Courtin dans une tribune parue dans l’Obs. Il n’y a qu’à voir le Buy American Act, créé pendant la Grande Dépression et toujours en vigueur 90 années plus tard. Ou encore la Chine, qui n’hésite pas à brandir la carte de la préférence nationale pour défendre ses propres intérêts. C’est pourquoi il est impératif d’avancer sur la question de la commande publique qui -en constituant plus de 14 % du PIB européen- représente un levier majeur d’innovation et d’autonomie. Ne serait-ce pas le moment d’envisager sérieusement un Buy European Tech Act ? »
L’Europe compte désormais des grandes entreprises et pépites technologiques de plus en plus matures et performantes, capables de proposer des solutions et services à la hauteur des concurrents étrangers. 283 start-up sont aujourd’hui valorisées à plus d’un milliard de USD, soit 10 fois plus qu’en 2014. Ces start-up, tout comme nos grandes entreprises, ont besoin de pouvoir compter sur des contrats publics pour affirmer leur leadership à l’international. La subvention ne devrait plus être le seul outil de stimulation de l’innovation en Europe.
Licornes, oui. Pigeons, non !
« Il ne s’agit pas d’adopter une approche protectionniste. L’objectif n’est pas d’exclure totalement les fournisseurs étrangers, mais d’encourager les acheteurs publics à privilégier en toute légalité la technologie européenne, lorsqu’une offre équivalente en termes de prix, de qualité et de performance existe. » Un Buy European Technology Act pourrait étendre le traitement différencié pour les opérateurs de pays tiers, à l’image de ce qui se fait déjà dans certains secteurs clés, comme l’énergie ou la défense.
Et d’avancer : « Nos leaders européens doivent sérieusement envisager la renégociation des accords signés au nom de l’Union européenne à l’OMC. » L’Union européenne est en train de reprendre son destin technologique en main, mais nous devons faire preuve de réalisme pour avancer. Ce n’est que de cette manière que nous parviendrons à bâtir une véritable autonomie stratégique numérique et industrielle européenne.