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Teamwork, Collaboration, Printing
La tech, affaire de femmes
Trop peu de femmes dans la tech. A Connect 2023, Valérie Tanghe, ingénieure, Managing Director, Accenture Belgium, expliquera les dangers d’une non-mixité.
A priori l’intelligence artificielle ignore tout du genre des humains. A priori… L’IA ne connaît que des juxtapositions de pixels dans des banques d’images numériques ou des successions de lettres sans signification particulière, recueillies dans des milliards de textes et amassées dans des bases de données gigantesques. « Mais les datas ne sont, quant à elles, ni abstraites, ni neutres, prévient Valérie Tanghe, Managing Director, Accenture Belgium. Elles sont le reflet direct non seulement de la société dans laquelle nous vivons, mais aussi des choix partiellement arbitraires de ceux qui les rassemblent et les organisent. »
Ce n’est pas par erreur qu’une IA à qui l’on demande de représenter une personne exerçant la chirurgie peut proposer l’une après l’autre des dizaines d’images de chirurgien, sans y faire apparaître la moindre femme. Ce n’est pas par erreur, non plus, que la requête d’une image de CEO aboutit presque systématiquement à la reconstitution d’un visage masculin, de type caucasien, autour de la cinquantaine…
Le poids, toujours, des stéréotypes
Au-delà des questions éthiques soulevées par une utilisation outrancière de l’IA, son développement même est à questionner et, notamment, la place des femmes dans ce processus. Aujourd’hui, en Belgique, les femmes ne représentent que 17,2 % des ingénieur.e.s de l’IT, soit un peu moins que la moyenne européenne. Un pourcentage qui interroge sur le futur développement des technologies et de l’IA en particulier.
« Le monde du numérique reste l’affaire de la gent masculine aussi bien dans les représentations que dans la réalité, observe Valérie Tanghe. Les technologies de l’information, à l’origine neutres sexuellement, étaient prometteuses, mais le poids des stéréotypes a abouti à produire des stéréotypes et des biais ou préjugés inconscients… Je pense aussi à l’opportunité que représente l’IA pour justement faire un contre-poids à ces biais inconscients. Une IA qui tient compte de cela sera une véritable aide pour l’humain comme une montre et une alarme pour nous rappeler le temps. L’IA, plus neutre, peut nous aider à choisir par exemple le ou la candidate la plus compétente pour un job sans regarder le genre. »
Femmes… parité, priorité
Chez Accenture, une femme est à la tête de l’organisation mondiale et l’ambition est d’avoir la moitié de femmes dans les équipes, se plait à rappeler l’ICT Woman of the Year 2023. « La parité hommes-femmes est, chez nous, une priorité. Il appartient à tous les collaborateurs de se défaire des stéréotypes et préjugés que la société a construit pour favoriser un environnement inclusif et riche de diversités. »
Dans l’enseignement supérieur, le tableau est différent. Un peu moins d’un tiers des élèves ingénieur.e.s sont des femmes et fort peu d’entre elles optent pour l’informatique et les sciences de l’ingénierie pour leurs études supérieures. Aujourd’hui encore, dans un contexte de pénurie des talents, les femmes ne semblent pas se tourner vers les formations et les métiers du numérique. Pourtant, les études de mesure d’impact ont prouvé la nécessité de diversifier les profils qui façonnent les technologies de l’information et des communications.
Sciences douces contre sciences dures
« Les stéréotypes de genre véhiculés dans l’éducation et les médias perpétuent la construction d’une culture ‘geek’ masculine et l’idée que les femmes sont plutôt destinées aux sciences dites ‘douces’, alors que les hommes sont plutôt brillants dans les sciences dites ‘dures’ », remarque Valérie Tanghe, diplômée en ingénierie électronique à une époque où il y avait très peu de femmes.
Valérie Tanghe en a fait son combat. A l’entendre, l’accélération de la transformation numérique et l’arrivée de l’intelligence artificielle ont particulièrement mis en lumière les enjeux du manque de mixité dans la tech. « Il est fondamental que la création des algorithmes ne reste pas entre les mains d’une catégorie restreinte de la population. Les bénéfices de la mixité et de la diversité dans les instances dirigeantes et les technologies qui transforment profondément notre société ont d’ailleurs été largement prouvés. Un mélange des points de vue et des talents divers, à l’image de notre société, garantit la création de solutions technologiques objectives et durables. »
Pour un numérique représentatif de la population
Constamment, Valérie Tangue prend son bâton de pèlerin pour légitimer les initiatives qui boostent la mixité et la diversité dans le numérique, que ce soit auprès des associations, les autorités publiques et les entreprises privées.
« Il faut accompagner les jeunes filles en amont de leur orientation dans le supérieur, autour des 16-17 ans, et les femmes dans leur parcours professionnel, pour dépasser des biais structurels et les encourager à participer à la construction du monde de demain. Il est impérieux de valoriser la présence des femmes dans le secteur, pour que le numérique soit représentatif de la population à laquelle il s’adresse et pour inspirer les nouvelles générations et déconstruire les stéréotypes de genre associés au numérique. Enfin, il faut sensibiliser aux métiers scientifiques pour présenter aux jeunes filles des futures générations les possibilités d’orientation et de carrière. »