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SaaS, l’ « effet Toblerone »
Inflation réelle ou « schrinkflation » ? L’« effet Toblerone » touche le secteur du SaaS. Les PME en sont les premières victimes, estime Vertice.
L’inflation des logiciels est restée « obstinément élevée » cette année à un taux de 8,7 %, selon une étude menée par Vertice, une société de gestion des dépenses SaaS et cloud. Le rapport annuel « SaaS Inflation Index », basé sur les données d’achat sur 16 000 fournisseurs, montre que 73 % des fournisseurs SaaS ont augmenté leurs prix, contre seulement 56 % un an plus tôt, poussant les niveaux de dépenses totales en logiciels à un niveau record.
« Se cachant derrière l’idée que l’inflation est élevée, les éditeurs peuvent donc facturer davantage, constate Joel Windels, VP Marketing, Vertice. Mais l’industrie augmente les prix à un rythme beaucoup plus agressif que d’autres secteurs… » Pour cet observateur averti on peut réellement parler d’« effet Toblerone », symbole de la «shrinkflation ».
Pour rappel, en 2016, face à l’effondrement de la livre sterling, le chocolatier suisse avait réduit la barre de 400 grammes de Toblerone à 360g et celle de 170g tombe à 150g sans en changer le prix de vente, ce qui revenait à une hausse du prix au kilo de 11,1% !
De nouvelles augmentations de prix en 2024
A entendre Joël Windels, la croissance des revenus des entreprises technologiques n’est pas aussi bonne que les années précédentes. Ainsi, IBM s’apprête à imposer diverses augmentations de prix à ses clients cloud à compter du 1er janvier. Même si la plupart des augmentations de facturation IaaS n’auront pas beaucoup d’impact, les tarifs de stockage de données augmenteront pour tous les clients jusqu’à 26 % en janvier.
Salesforce a annoncé plus tôt cette année qu’elle augmentait les prix catalogue en moyenne de 9 % sur plusieurs de ses offres, notamment Sales Cloud et Marketing Cloud, à partir du mois d’août. Les changements de prix surviennent à un moment où le géant des logiciels de gestion de la relation client fait face à la pression des investisseurs pour augmenter sa rentabilité, selon une note de recherche de Gartner de juillet, rapportée précédemment par CFO Dive.
Parallèlement, fin juillet, SAP a annoncé qu’elle augmenterait les frais annuels de support sur site de 5 % au maximum, à compter du 1er janvier. Cela faisait suite à la décision de l’entreprise en 2022 d’augmenter les frais de support moyens jusqu’à 3,3 %, à compter du 1er janvier.
Des éditeurs difficiles à déloger
Toujours selon Joël Windels, certaines grandes entreprises technologiques comptent sur le fait que les clients sont prêts à absorber les augmentations de prix des produits logiciels « indispensables » comme un coût pour faire des affaires. « Si l’on pense à des applications telles que les logiciels de facturation, de paie ou de gestion des dépenses, ce sont des outils dont les entreprises ne peuvent tout simplement pas se passer et sont donc très difficiles à déloger… »
Dans le passé, rappelle-t-il, seulement la moitié des vendeurs augmentaient leurs prix chaque année… et ils ne le faisaient pas de manière très agressive. En 2022 et 2023, l’inflation a fait la une des journaux, alors les vendeurs ont dit : « D’accord, augmentons nos prix un peu au-dessus de l’inflation ! »
Licences inutiles
Les plus petites entreprises en sont les premières victimes. « D’après notre expérience, la majorité adoptent une approche manuelle pour gérer leur pile SaaS. Par ‘manuelle’, j’entends qu’elles ne disposent pas d’un processus d’approvisionnement clair pour l’acquisition ou le renouvellement des licences de logiciels et qu’elles ne profitent pas de la technologie pour rationaliser le processus. »
Pour ne rien arranger, les décisions d’achat étant de plus en plus décentralisées entre les départements, cela peut conduire à l’achat de licences inutiles ou à différentes fonctions de l’entreprise utilisant différents logiciels pour gérer la productivité et les tâches.
« Sans un système centralisé pour surveiller tout ajustement du prix ou des conditions de votre contrat, vous risquez de perdre la trace de la hausse des coûts et des dépenses excessives pour vos contrats SaaS vitaux », explique le spécialiste de Vertice.
Familiarisez-vous avec le contrat !
Afin d’éviter l’« effet Toblerone », Joël Windels suggère aux petites entreprises en particulier de faire preuve de diligence avant une date de renouvellement et de s’assurer qu’elles reçoivent le même niveau de service dans leurs contrats ultérieurs, tout en gardant un œil attentif sur les changements de prix.
« Cela surviendra généralement à un moment de renouvellement. Vous ferez face à une facture plus importante et vous ne saurez pas forcément pourquoi. Familiarisez-vous avec le contrat que vous avez initialement signé et comprenez pourquoi le prix pourrait augmenter », dit-il.
Enfin, l’étude montre que si les dépenses SaaS globales des entreprises augmentent de 17,9 %, seulement 8,7 % proviennent de la croissance des prix. Le reste est dû à l’« effet Toblerone», où les fournisseurs facturent le même prix pour des fonctionnalités réduites alors qu’ils cherchent à augmenter leurs revenus.