Si le Manifesto for Agile Software Development date de 2001, il reste des lacunes dans la recherche empirique quant à l’impact réel de ses valeurs sur l’industrie. Une nouvelle étude vient noircir un peu plus le tableau.

65 % des projets logiciels adoptant des pratiques d’ingénierie des exigences Agile ne parviennent pas à être livrés à temps et dans les limites du budget, avec un niveau de qualité élevé. C’est ce que nous apprend une étude réalisée en vue de la préparation du livre Impact Engineering qui devrait paraitre sous peu.

L’étude, menée par le Pr. Junade Ali, auteur du livre, et J. L. Partners, membre du British Polling Council, a réuni 600 ingénieurs logiciels (250 au Royaume-Uni et 350 aux États-Unis). Les travaux de terrain se sont déroulés du 3 au 7 mai 2024.

Ne pas tout attendre d’Agile

Cependant, la nouvelle recherche a révélé que les projets qui avaient une spécification ou des exigences documentées avant le début du développement avaient 50 % plus de chances de réussir que ceux qui n’en avaient pas. Quant aux projets qui avaient des exigences claires avant de commencer le développement, ils avaient 97 % plus de chances de réussir. Enfin, les projets qui ne nécessitaient pas de modifications significatives des exigences tard dans le processus de développement avaient 7 % plus de chances de réussir.

D’autres pratiques ont également accru le succès. Les projets dans lesquels l’ingénieur logiciel déclarait se sentir psychologiquement en sécurité pour discuter et résoudre rapidement les problèmes dès leur apparition avaient 87 % plus de chances de réussir que ceux qui n’y parvenaient pas. Les projets dont les exigences étaient précisément basées sur un problème réel avaient 54 % plus de chances de réussir que ceux qui ne l’étaient pas.

Une remise en question, vraiment ?

Il est intéressant de noter que l’étude n’a trouvé aucune différence statistiquement significative entre la réussite d’un projet pour ceux qui travaillent sur un seul projet et ceux qui travaillent sur plusieurs, bien que la réduction du travail en cours soit un principe clé de la méthodologie de développement logiciel Lean. Cependant, des recherches antérieures menées par le Dr Ali ont montré que 83 % des ingénieurs logiciels déclarent se sentir épuisés, la « charge de travail élevée » étant la principale raison.

L’enquête ne se contente pas de mettre en évidence le taux d’échecs des méthodes agiles mais tente parallèlement de clarifier quelles parties des méthodes agiles. Pour l’auteur de l’étude, « il est aujourd’hui temps de remettre en question le soutien enthousiaste à l’agile. »

A-t-on trop attendu d’Agile ? Sans doute. N’oublions pas que 83 % des projets informatiques échouent, nous apprend le Standish Group Chaos Report. 31,1% d’entre eux sont stoppés en cours de route et ne sont jamais déployés. Des chiffres révélateurs de nombreux problèmes structurels dans la conception et le développement de produits tech, à commencer par la communication.