La guerre des talents -recrutement et rétention- est le principal défi de la Tech belge

Sortie du premier « State of Belgian Tech Report 2024 » mené auprès de 130 fondateurs de startups, ainsi qu’une série d’entretiens approfondis avec des entrepreneurs et des investisseurs de premier plan.

Sortie du premier « State of Belgian Tech Report 2024 ». A l’origine, Syndicate One, Bain & Company et Sofina. Objectif : mener une recherche qualitative et basée sur des données sur les écosystèmes de startups et d’investissement technologiques en pleine maturité en Belgique. La guerre des talents -recrutement et rétention- s’impose comme le principal défi. Plus précisément, la difficulté d’attirer, de retenir et de récompenser les talents seniors. Syndicate One y voit un obstacle important au développement futur de l’écosystème technologique belge.

Globalement, la Tech belge se porte bien. A bien des égards, 2024 est en passe de battre des records. Les investissements en Belgique ont montré une reprise après la baisse de 2022 plus forte que la moyenne européenne. En effet, au premier semestre 2024, les investissements dans les startups technologiques belges se sont élevés à près de 500 millions EUR, dépassant les 424 millions d’euros de financement total pour toute l’année précédente

Maturation précoce

Au cours des six dernières années, le montant moyen investi par tour et par étape a augmenté ; triplant au stade de l’amorçage et de la série B, et plus que doublant au stade de la série A. Le nombre de sorties n’a cessé d’augmenter, avec 22 sorties enregistrées au premier semestre 2024.

Bien qu’il connaisse une croissance incontestable, l’écosystème Tech belge est toujours fermement dans sa phase de maturation précoce. Au cours des six dernières années, les cycles de financement en phase de démarrage ont représenté environ 77 % des capitaux levés par les start-ups technologiques belges, contre 42 % en Europe sur la même période.

Les résultats de l’enquête et les entretiens indiquent que lever des capitaux dans les premières phases d’activité en Belgique est devenu moins difficile, en raison de l’augmentation de l’activité d’investissement providentiel, de la présence amplifiée des capital-risqueurs en phase de démarrage et d’un réseau de soutien croissant. Signes d’un écosystème en voie de maturation progressive, quatre « licornes » (entreprises dont la valorisation est d’au moins 1 milliard USD) ont émergé en Belgique : team.blue, Collibra, Odoo et Deliverect.

De la guerre des talents au Talent management

‍Seule ombre au tableau, la guerre des talents. Elle est partout, reconnaissait Agoria voici peu. Elle dépasse le cadre de la Tech belge. Ainsi, en France, selon le dernier baromètre sur la performance des startups d’EY et France Digitale, 44% des structures évoquent des difficultés à recruter des collaborateurs.

Si plusieurs leviers existent pour déployer une politique de talent management et favoriser la rétention des talents, encore faut-il pouvoir les mettre en place. « Nous pensons que ce rapport peut servir de carte de l’écosystème pour les entrepreneurs, les investisseurs et les décideurs politiques afin de prendre des décisions plus judicieuses et plus éclairées », commente Laurens De Poorter, fondateur de Syndicate One.

La tech belge sera-t-elle entendue par le politique ?

Le fait d’être une start-up n’est pas un frein en soi. Selon le dernier rapport international du cabinet Robert Walters « Act like a start-up an recruit best talent », la moitié des cadres déclare être attiré par l’expérience de travail au sein d’une start-up à la stabilité d’un emploi dans une entreprise établie.

« Nous avons des talents ici, avec de grands succès, mais nous avons aussi le sentiment que la communauté ne fait que commencer », résume Giulia Van Waeyenberge, Directrice Générale, Sofina.

On retiendra de ce premier « State of Belgian Tech Report 2024 » que l’innovation est là, tout comme les investissements. En revanche, il reste à mettre en place les bons outils pour attirer et retenir les talents, dont nous ne manquons pas. Ceux-ci dépendent essentiellement du politique. Il manque le coup de pouce.