« Scalability » dans l’infini. Ou comment l’IT contribue à répondre aux besoins d’une entreprise en pleine croissance

Scalability ! L’acteur du spatial Aerospacelab se prépare à produire un demi-millier de satellites par an. Un vrai défi pour l’IT en termes de ressources à mettre en œuvre, mais aussi de sécurité et de régulation.

En 2026, la Mégafactory d’Aerospacelab sera en mesure de produire jusqu’à 500 satellites par an, soit plus d’un satellite chaque jour. Actuellement, l’usine de production belge produit jusqu’à 24 satellites par an, une capacité également récemment déployée aux États-Unis (Torrance, Los Angeles). « Gérer, c’est prévoir, avance Benjamin Colart, CISO & Head of IT, Aerospacelab. C’est ma mission en tant que CISO. Aujourd’hui, la société entame une phase croissante dans sa production, mon défi est donc de répondre aux besoins IT d’ingénieurs et autres scientifiques visionnaires en leur apportant les ressources nécessaires, tout en garantissant la sécurité qui s’impose dans un secteur aussi stratégique et en respectant les législations des deux côtés de l’Atlantique ! »

Créée en 2018, la start-up belge se présente comme un acteur innovant du NewSpace, qui ne désigne pas un renouveau, mais une ouverture de l’espace à de nouveaux acteurs et une extension du champ d’application des technologies spatiales, notamment via le digital.

Évoluer tout en préservant son agilité

Lors de Connect 2024, qui se tiendra le 14 novembre à La Sucrerie à Wavre, Benjamin Colart viendra présenter sa vision en sa qualité de CISO responsable de la « scalability » d’une entreprise unique en son genre. « Mon métier, dit-il, est d’imaginer ce que sera l’entreprise dans six mois, dans un an, et de prévoir son extensibilité à l’infini sachant que, commercialement, tout est possible ! »

Le témoignage de cette croissance se traduit en chiffres avec cinq collaborateurs en 2018, 350 aujourd’hui. Et bien davantage quand la Mégafactory ouvrira ses portes à Marcinelle en 2026.

En 2021, Aerospacelab lançait son premier satellite à bord d’une fusée SpaceX, Arthur, suivi de Grégoire -les prénoms des enfants du fondateur de l’entreprise, Benoit Deper. « Je suis arrivé dans la société en 2022 pour structurer l’IT et l’aider à grandir, sans rien perdre son agilité à la base de son succès », poursuit Benjamin Colart. Objectif affiché de la petite équipe de 2 informaticiens que la société recrute en 2018 : imaginer une architecture multisite et multi-continent capable d’amener l’entreprise à une taille d’environ 1000 personnes. Aujourd’hui, l’IT compte 15 collaborateurs.

On prem, par sécurité

Multisite et multicontinent, Aerospacelab l’est déjà avec des sièges, outre Mont-Saint-Guibert, à Toulouse, Lausanne et Torrance (Los Angeles) en Californie. Ce qui suppose des systèmes réglementaires différents. Partisan du cloud hybride, afin d’utiliser les outils les plus performants où ils se trouvent, Benjamin Colart a néanmoins privilégié, outre Office 365 pour la bureautique, une approche on-premise sur base de ses propres logiciels dans son propre data center. « La société doit se conformer aux attentes de ses clients, des grandes organisations publiques, comme l’Agence spatiale européenne, restant très réticentes à l’hébergement de données sur des clouds publics. »

Pour héberger son architecture, Benjamin Colart a bâti une infrastructure virtualisée.

Deux systèmes d’information distincts

Dans ce monde où tout va vite, très vite, le CISO doit s’assurer que les systèmes d’information ne freineront pas la croissance, tout en veillant aux aspects relatifs à la conformité. Et ce, des deux côtés de l’Atlantique.

« Nous avons monté deux systèmes d’information distincts et séparés, l’un pour l’Europe, l’autre pour les États-Unis », détaille Benjamin Colart, décrivant des contraintes finalement plus strictes outre-Atlantique qu’en Europe. « Un passage obligé pour travailler avec les grands donneurs d’ordre locaux », précise-t-il encore.

Plutôt que multiplier les certifications, Aerospacelab a privilégié l’ISO 27001, reconnue mondialement -un processus entamé fin 2023 que Benjamin Colart espère clore au premier trimestre 2025. La norme internationale a le mérite de couvrir les attentes de la législation européenne NIS2 à laquelle doit se conformer la société wallonne tout en étant reconnue à l’international.

« Scalability » et confiance

Bref, une présence sur tous les fronts. Le secret ? La confiance offerte aux employés de l’entreprise, résume Benjamin Colart « Scale-up, Aerospacelab fonctionne encore comme une start-up. L’entreprise est donc particulièrement agile… Je propose les orientations, j’opère certains choix. J’engage ma pleine responsabilité. Et les décisions tombent tout de suite. C’est une affaire de management ! »