Uber s’attaque au marché très localisé de l’aéroport de Bruxelles. Le géant américain du covoiturage rémunéré a profité des congés de Pâques pour envoyer une communication particulière à ses chauffeurs, un mail dont le contenu était relayé vendredi par le blog de Marcel Sel -le «Blog de Sel».
Objectif : faciliter la tâche des conducteurs Uber sur le site de l’aéroport. Ce faisant, la société fort décriée risque de concurrencer les taxis de l’aéroport, qui fonctionnent eux aussi sous un régime spécial.
Uber maintient sa stratégie: court-circuiter les règles de fonctionnement des taxis professionnels. A la clé, un tarif moitié moindre. Au prix, comme le notent ses détracteurs, d’une absence de licence et, selon certains, d’assurance passager…
Zaventem, une bataille de plus
Constatant «une demande importante à l’aéroport de Zaventem», Uber annonce quelques modifications de son fonctionnement habituel pour la zone. Et d’introduire un système de file virtuelle. Concrètement: «Lorsqu’un conducteur entre dans la zone, un numéro de file lui est virtuellement attribué; au moment où un trajet est commandé dans la zone, la demande sera transférée au conducteur qui est arrivé le premier et pas au conducteur le plus proche comme c’est le cas d’habitude.» La place dans la file virtuelle est perdue si le conducteur quitte la zone ou rejette une course. Elle est par contre maintenue dans le cas où le demandeur annule sa commande.
Uber propose par ailleurs un «remboursement automatique du forfait parking express». Il s’agit d’un montant de 2,5 EUR qui sera facturé à la personne transportée et qui servira à couvrir les frais de stationnement engagés par le conducteur dans la zone «arrivée». De quoi faciliter les courses au départ de l’aéroport.
Uber est bien décidé à en découdre avec les autorités, à casser les monopoles. A Bruxelles et ailleurs. En l’état actuel des choses, la multinationale reste dans l’illégalité tant en matière de TVA que de transparence de revenus professionnels, a encore affirmé fin mars le ministre bruxellois de l’Economie et de l’Emploi, Didier Gosuin.
La crainte d’une «ubérisation»
Qu’à cela ne tienne ! Maurice Lévy, le patron de Publicis, a bien raison d’alerter sur l’«ubérisation» de l’économie et les dangers que cela fait courir aux entreprises qui ne sont pas capables d’adapter leur modèle économique. «Tout le monde commence à craindre de se faire ubériser. C’est l’idée qu’on se réveille soudainement en découvrant que son activité historique a disparu… Les clients n’ont jamais été aussi désorientés ou inquiets au sujet de leur marque et de leur modèle économique.»
De fait. Valorisée plus de 40 milliards USD, l’entreprise se sent toujours plus forte. Selon Certify, le deuxième fournisseur américain de logiciel de gestion des notes de frais, Uber a compté au mois de mars dernier pour 47% des dépenses de transports en automobile sur le territoire américain pour les déplacements professionnels.
Uber vient d’ailleurs de proposer un nouveau service de paiement intitulé Uber for Business permettant aux entreprises de créer des comptes professionnels qui sont utilisés par des employés et cadres de l’entreprise sans qu’il leur soit nécessaire de payer eux-mêmes puis se faire rembourser.