Ni David Layani ni Daniel Kretinsky ne sauveront Atos !  Les créanciers du géant IT prennent seuls en main la restructuration financière de près de 5 milliards EUR. Pour mieux revendre ensuite ?

Au bord de la faillite, le groupe a trouvé un accord dimanche avec les créanciers, c’est-à-dire les banques et les détenteurs d’obligations. L’intense bras de fer qui a opposé pendant des mois deux hommes d’affaires, chacun désireux d’être le chef de file de la restructuration d’Atos, aura fait deux perdants, estiment les analystes.

Le fleuron IT européen, fragilisé par une dette de 4,8 milliards EUR, a finalement trouvé un accord avec ses seuls créanciers. Ces derniers martelaient qu’ils n’avaient besoin de personne pour prendre le contrôle du groupe, lui éviter la faillite et le relancer.

Selon l’accord trouvé dimanche avec la direction d’Atos, les banques créancières – à commencer par Deutsche Bank et Barclays – et les créanciers obligataires – dont la BCE et AG2R La Mondiale – détiendront entre 74 % et 99,9 % du capital d’Atos suite à l’abandon de 3,1 milliards de dette, l’apport de 1,5 à 1,675 milliard de nouvelles créances.

D’ici à un mois

Effacer la dette ne suffira pas à sauver le groupe. Les créanciers participant à l’opération de sauvetage s’engagent parallèlement à apporter 233 millions EUR par le biais d’une augmentation de capital ainsi qu’un apport situé entre 1,5 milliard et 1,675 milliard (new money debt) répartis à parts égales entre les créanciers bancaires et les porteurs d’obligations émises par Atos. Bien évidemment, un tel plan va entrainer une dilution massive des actionnaires actuels d’Atos qui ne détiendront alors même pas 0,1% du capital social mais qui pourront néanmoins participer aux augmentations de capital prévues. L’objectif est d’ouvrir une procédure de sauvegarde financière accélérée… avant le début des Jeux olympiques.

Les créanciers sont aujourd’hui en quête de trouver un nouveau président du conseil d’Atos et nouveau directeur général. Ce dernier aura pour mission de restructurer le groupe et de lui trouver un avenir stratégique. Atos n’a toutefois pas d’actionnaire industriel de contrôle. Les créanciers ne sont pas opposés à l’entrée au capital d’un industriel, qui pourrait racheter les titres détenus par les futurs actionnaires.