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Atos, une scission pour sortir de la crise
Atos, deux sociétés cotées séparées d’ici fin 2023, chacune avec sa structure financière, sa stratégie, son équipe de management dédiée, et un conseil d’administration indépendant.
Une crise sans fin. Alors qu’il a perdu les trois-quarts de sa valeur en Bourse depuis le début de 2021, Atos lance une opération de sauvetage d’envergure. Soit un plan de scission -imaginé par McKinsey- afin de « libérer le potentiel de création de valeur ». D’ici à fin 2023, le géant informatique va se scinder en deux entités cotées en Bourse, a-t-il annoncé ce mardi lors de la présentation de son plan stratégique destiné à se redresser.
D’un côté, SpinCo (Evidian) regroupera ses activités de transformation numérique, du big data et de cybersécurité. Générant une forte croissance et des marges élevées, elle sera dotée d’un plan de 0,4 milliard EUR pour accélérer sa croissance. De l’autre, TFCo (qui gardera le nom Atos) concentrera ses activités historiques d’infogérance, d’espaces de travail numériques et des services professionnels. Elle sera dotée d’un plan de 1,1 milliard EUR pour mener à bien un redressement complet d’ici 2026, financé par une partie du capital de la nouvelle société Evidian.
Atos, deux entités au potentiel fort différent
Les deux entités représentent aujourd’hui un montant voisin de chiffre d’affaires. Mais leur profil de croissance est très contrasté. Les activités traditionnelles représentent 5,4 milliards EUR, en recul de 12 % en 2021, avec une marge opérationnelle négative de -1,1 %. À l’inverse, les activités d’Evidian, qui pesaient 4,9 milliards EUR de chiffre d’affaires en 2021, étaient en croissance de 5 %, avec une marge opérationnelle de 7,8 %.
« Si la décision est prise de mettre en œuvre ce projet », la scission interviendrait au cours du second semestre 2023, pour que les actions d’Evidian puissent être distribuées « d’ici la fin de l’année 2023 selon le scénario privilégié à ce stade », a indiqué Atos dans son communiqué. « La décision définitive concernant ce projet de réorganisation et de cotation séparée ainsi que ses termes et conditions sera prise une fois que l’analyse approfondie en cours sera achevée. »
Une réorganisation… et des cessions d’actifs
Le projet envisagé implique une réorganisation préalable qui serait achevée au cours du second semestre 2023. Le groupe estime à environ 1,6 milliard EUR le montant total de ses besoins de financement pour la période 2022-2023, jusqu’à ce que la séparation envisagée devienne effective.
Des premières cessions d’actifs non stratégiques ont été annoncées. Soit, aujourd’hui, pour quelque 200 millions EUR dans le périmètre de la future société Evidian. Il est question de 500 millions par ailleurs. Atos serait par ailleurs toujours en recherche d’un partenaire pour Unify, son offre de logiciels de communications unifiées.
Rodolphe Belmer évincé
Ce démantèlement est un échec pour Rodolphe Belmar, CEO du groupe. Il était arrivé, en urgence, en janvier, pour tenter de rétablir un groupe en perte de sens. Moins de six mois plus tard, il est contraint de jeter l’éponge. Atos a annoncé, mardi 14 juin en matinée, sa démission.
S’il dit ne pas vouloir critiquer « la décision souveraine du conseil d’administration » d’Atos auquel il appartenait, Rodolphe Belmer tire, avec sa démission, les conséquences de ce choix radical. La séparation du groupe rend « ma position de directeur général superflue », a-t-il reconnu lors d’une conférence de presse. Il restera en poste jusqu’au 30 septembre, le temps de passer la main aux futurs directeurs généraux des deux futures entités : Philippe Oliva pour Evidian ; Nourdine Bihmane pour Atos