Avaya a déposé son bilan… pour mieux rebondir
Avaya a déposé son bilan afin de restructurer une dette devenue trop lourde à porter. Ses filiales étrangères ne sont toutefois pas concernées et ne seront donc pas affectées.
Avaya s’est finalement déclarée en faillite pour se débarrasser de ses anciennes dettes. L’entreprise qui, à l’origine, vendait essentiellement du hardware, justifie ce choix par une réorientation de son activité vers les logiciels et les services.
Créée en 2000 par Lucent Technologies, Avaya fournit des commutateurs téléphoniques, des équipements réseau pour l’entreprise, et des centres d’appel. Mais la téléphonie mobile et les outils de communication basés sur le cloud ont modifié la donne. Pour faire face au rétrécissement du marché des équipements réseau pour l’entreprise, Avaya devait sortir de son cœur de métier.
Concrètement, Avaya poursuit son activité grâce à ses liquidités d’exploitation et à un financement de 725 millions USD que doit encore approuver le tribunal des faillites des Etats-Unis. Et ses filiales étrangères ne seront pas affectées. «Le Chapter 11 permet à une structure financière ayant plus de 10 ans d’existence de réduire ses frais d’emprunt et d’intérêts, a déclaré dans un communiqué le CEO d’Avaya, Kevin Kennedy. Ce qui n’empêche pas à Avaya d’afficher de bons résultats.» Sans comptabiliser certains frais ponctuels, la société a déclaré des recettes s’élevant à 756 millions USD.
Avaya, une entreprise… saine
Née de la scission par Lucent de sa division entreprises en 2000, Avaya est une entreprise saine… plombée par le poids de la dette héritée de son rachat par les fonds Texas Pacific Group et Silver Lake Partners en 2007. A l’époque, ils avaient acquis Avaya pour 8,2 milliards USD, afin de sortir l’entreprise de la bourse et en faire une société privée; Avaya avait ensuite racheté l’activité entreprise de Nortel, en faillite, en 2009 ce qui avait dégradé encore un peu plus son bilan.
En 2011, Texas Pacific Group et Silver Lake ont réintroduit Avaya en bourse. Mais la firme portait toujours une dette de 6 milliards USD, qu’elle n’est pas arrivée à résorber malgré l’amélioration de sa capacité à générer de la trésorerie. L’un des objectifs prioritaires de la société durant sa phase de redressement judiciaire va sans doute être de convaincre ses créanciers de convertir une partie de cette dette gigantesque en actions, ce qui devrait permettre à la firme d’apurer son bilan et de repartir sur des bases saines.
A la croisée des chemins
Dans cette négociation, Avaya mettra en avant son portefeuille de près de 300 000 clients, dont 83 % des entreprises du classement Fortune 500 et sa marge brute élevée (près de 60 %). L’entreprise n’en reste pas moins à la croisée des chemins. Ses positions sur le marché historique de la téléphonie d’entreprise sont menacées par la migration des offres de communications unifiées vers des solutions 100 % logicielles et vers le cloud. Et les revenus de son activité réseaux d’entreprises ne cessent de s’éroder.
Si, tout un temps, il fut question de céder l’activité liée aux centres d’appels (27 % des revenus récurrents; près de 12 000 clients), la stratégie serait sur le point de changer. Avaya pencherait davantage pour la vente de sa division réseaux, qui comprend un portefeuille complet de commutation Ethernet, des points d’accès Wi-Fi intelligents, un contrôleur SDN et des outils d’administration et d’authentification réseau. (7 % des revenus récurrents).
Dans un document envoyé à la SEC, on apprend que l’objectif de la firme est d’éteindre le plus rapidement possible ses plates-formes historiques et de se convertir au tout logiciel. Côté clients, cette stratégie devrait se traduire par une hausse des frais de maintenance des plates-formes dite «legacy». L’objectif, on l’a compris, est d’inciter les clients à accélérer leur migration vers les plates-formes plus modernes.