S’il est bien un secteur qui ne voulait pas du Brexit, c’est le numérique. Après les craintes, la tristesse.
Brexit ! Ed Vaizey, ministre de la Culture et de l’Economie numérique, avait prévenu : «Si vous êtes un gros investisseur américain cherchant à investir en Europe et que la Grande-Bretagne n’est plus dans l’Union, d’autres capitales européennes seront préférées à Londres, qui est aujourd’hui l’endroit par défaut. Hors de l’Union, il sera difficile d’attirer les entreprises à forte croissance.»
C’était la semaine dernière. Ce vendredi matin, le verdict est tombé : le Brexit a été voté. Comme d’autres secteurs, le numérique s’en inquiète. Comme le dit George Osborne, Chancelier au gouvernement britannique, «le Royaume-Uni est un leader mondial de la technologie et du numérique.» Selon Tech Nation, le secteur emploie 7,5% de la population britannique (1,5 million de personnes); le secteur suscite davantage de créations d’emplois hautement rémunérés que les autres. Le Royaume-Uni occupe la première place en Europe pour le nombre de licornes. Qui plus est, 17 des 47 des sociétés valorisées plus d’un milliard de dollars sont implantées dans le pays. Pour des entreprises comme Just Eat, Funding Circle, Zoopla, TransferWise, Ustwo, c’est donc une catastrophe…
Avec Berlin, Londres est ‘la’ ville tech d’Europe et l’une des plus accueillantes envers les start-up. Mais demain ? Attirera-t-elle encore les jeunes entrepreneurs européens de la génération Erasmus, qui pensent leurs ambitions à l’échelle du monde, tout en restant fiers de leur culture et de leurs racines ? Comme dans la Silicon Valley, au moins un cinquième des start-up de Techcity ont été créées par des étrangers, qui contribuent pleinement au dynamisme du pays et à la croissance tirée par le secteur des services et les investissements dans l’innovation.
Cette question de la capacité à attirer les meilleurs talents de la tech est vitale pour le devenir des pays occidentaux. Bien loin des débats houleux et subjectifs sur l’immigration, les études statistiques montrent que la contribution fiscale des étrangers est, au total, créditrice pour le budget de l’Etat au Royaume-Uni. Aujourd’hui, bien des espoirs se sont envolés !
Quid, aussi, des géants, comme Google ou Microsoft ? Ce matin, Samsung a ouvertement et publiquement annoncé qu’il réfléchissait déjà à déménager son QG londonien dans un autre pays de l’Union européenne. Ce ne sont pas des représailles contre le Royaume-Uni, mais, le groupe surd-coréen, en sortant de l’Union, va pouvoir appliquer une politique tarifaire concernant les importations complètement indépendante de celle imposée par l’Union et qui sera sûrement revue à la hausse. Certes, un tel déménagement ne peut se faire à la seconde Et s’il est réalisé, il pourrait s’étaler sur deux ans. Reste à savoir si d’autres compagnies feront de même, ce qui serait un manque à gagner des plus importants pour le Royaume-Uni.
Le Bitcoin grimpe après le Brexit
Malgré l’annonce du Brexit et l’effondrement en cascade vendredi 24 juin des bourses européennes, le cours du Bitcoin a grimpé jusqu’à 650 USD.
Le Bitcoin, valeur refuge comme l’or ? De même que celui du métal précieux, le cours de la cryptomonnaie gagne ses galons de valeur refuge. Alors que les principales bourses européennes ont chuté dès l’annonce du Brexit, Paris reculant de près de 7%, Londres de 8% et Francfort d’environ 10%, le Bitcoin, lui, a gagné 20% en 24 heures pour ensuite rechuter. Évalué à 560 USD le fameux vendredi noir, il a grimpé jusqu’à 650 USD.
Les Bitcoins en circulation représentent 10,6 milliards USD, donc très en dessous de ce qui se négocie sur les marchés. Mais les investisseurs auraient acheté des actifs du trésor américain et des Bitcoins peut-être en guise de placements temporaires. On perçoit mieux aujourd’hui toute l’influence de l’environnement macroéconomique de la cryptomonnaie. Quand, deux jours avant le referendum, on donnait le «Bremain» (maintien dans l’UE) victorieux, la livre s’était envolée alors que le bitcoin se tassait.