Trois jours ? Quatre jours ? Peut-être cinq jours -et donc toute la semaine- à l’extérieur de l’entreprise ? Partant d’un bilan positif au terme de deux années d’expérience de travail nomade, Capgemini étudie l’éventualité d’étendre le nombre de jours travaillés hors de l’entreprise de deux à… davantage.

«L’important n’est pas le nombre de jours travaillés hors de l’entreprise, mais notre capacité à optimiser le travail, explique Kris Poté, Vice President, Communications & Marketing, Capgemini. Au départ, nos clients étaient sceptiques. Ils voulaient voir nos collaborateurs derrière un poste de travail. Dans un sens, c’est compréhensible et même justifié: il est rassurant de voir les personnes que l’on paie ! Mais, dans le contexte de nomadisme actuel, n’est-ce pas un sentiment d’un autre temps ? D’ailleurs, que fait réellement ce collaborateur derrière son poste de travail ? Sauf à le contrôler en permanence, impossible de le savoir. Fort heureusement, les mentalités changent: une mission, aujourd’hui, se meure sur le résultat. Et c’est heureux !»

Pour Kris Poté, qui était co-responsable pour le programme New Way of Working en 2013, le travail intellectuel n’exigera plus une présence physique sur un lieu de travail. La technologie permet de travailler autrement. Et, surtout, plus efficacement. Et d’en finir avec la difficulté à se déplacer. Selon Beci (Brussels Enterprise, Commerce and Industry), quelque 110 km journaliers de files (en moyenne) en Belgique engendrent, rien qu’en heures de pointe, un préjudice économique s’élevant à un demi-milliard EUR par an.

Tous à la maison ? Pas forcément.

Travailler hors du bureau ne signifie pas nécessairement travailler depuis son domicile. C’est aussi travailler dans une cafetaria au bord de l’autoroute ou dans un espace de travail dans un centre d’affaires. C’est aussi travailler au moment propice.

En Belgique, une personne sur cinq travaille, en partie ou exclusivement, depuis son domicile dans le cadre de son emploi principal. Il y a dix ans, cela ne concernait que 13% des travailleurs. Hormis les indépendants, que leur statut autorise à choisir le lieu de travail qu’ils souhaitent (60% travaillent à domicile), la proportion de télétravailleurs parmi les salariés dépend fortement de la fonction exercée.

Capgemini n’est pas le premier à promouvoir le télétravail. Mais l’un des plus engagés. Son programme New Way of Working s’est transformé en Way of Working. La nouveauté, désormais, est dans la continuité. «Aurons-nous encore besoin de bureaux ? Pour les emplois liés au savoir et dépendant des résultats, je suis persuadé que nous évoluerons vers des entreprises sans bureaux… Sur note site de Diegem, le rez-de-chaussée a été réservé aux salles de réunion. Cela nous convient aujourd’hui. Mais demain ? Aurons-nous encore besoin d’un immeuble tel que nous l’occupons ? Pas sûr. En revanche, nous aurons besoin de plus de salles de réunions, là où c’est le plus commode pour nos collaborateurs, mais aussi pour nos clients. Déjà, nous organisons des réunions à proximité de Central Station à Bruxelles.»

Dans sa nouvelle configuration, la surface du siège de Diegem a été réduite de 35% -une économie qui se traduit tout de suite en termes de profit. Idem pour la consommation de carburant: entre 15 et 20%. Les technologies ont pris le relais: téléprésence, vidéo-conférence, communications unifiées… «Nos efforts, aujourd’hui, portent sur l’organisation même du travail. Comme dans toutes les entreprises, nos collaborateurs se plaignent du nombre de réunions. A raison. Il s’agit d’apprendre à faire autrement ce que nous faisions jusqu’ici. Skype for business, par exemple, permet de se voir sans se déplacer -cette technologie tire le meilleur de Skype et de Lync.»

Démarche holistique

Le plus grand défi ? Un changement de mentalité des employés, mais aussi et surtout de la direction. Ne plus disposer de son propre bureau a été perçu comme une perte de pouvoir ! Si le constat est plutôt anecdotique, Kris Poté insiste sur la nécessité d’aborder la question de la mobilité de façon holistique. «Cela signifie sensibiliser les collaborateurs, dialoguer avec les représentants syndicaux, inclure la direction des ressources humaines. Inclure le Facilities Management, l’IT. Mais aussi réaménager les infrastructures, voire déménager. Et se dire que, compte tenu de l’évolution des technologies, mais aussi de nos modes de communication et d’organisation, on entre dans un processus continu. Le changement, désormais, est permanent.»

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Capgemini entrevoit l'entreprise... sans bureau
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Pour Kris Poté, co-responsable pour le programme New Way of Working en 2013, le travail intellectuel n'exigera plus une présence physique sur un lieu de travail.
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