Les ventes issues des nouvelles activités d’IBM ne parviennent pas à compenser le recul des activités traditionnelles.
La chute d’IBM continue. Sur les trois premiers mois de 2016, le chiffre d’affaire du numéro un mondial des services informatiques a baissé de 4,6% à 18,68 milliards USD. Il s’agit d’un seizième trimestre consécutif de repli. Big Blue a réalisé au premier trimestre son plus mauvais chiffre d’affaires en quatorze ans.
Et pourtant, ces chiffres ne sont pas si mauvais. Les analystes tablaient en effet sur un CA en dessous des résultats présentés à 18,3 milliards USD et un gain par action de 2,09 USD. «We see this same article every quarter now. Rometty has clearly failed. IBM needs a new face as its CEO and new energy». Tel avait été le premier commentaire de l’article publié par le Wall Street Journal lors de l’annonce des résultats de l’exercice 2015. En cause, le pari lancé en 2012 par Virginia (Ginni) Rometty, dans la continuité de son prédécesseur : certes très audacieux, mais jugé incertain quant à sa réussite.
La firme tempère toutefois cette médiocre performance, en signalant deux points. Tout d’abord, sans l’impact du dollar, la baisse du chiffre d’affaires n’aurait été que de 2 %. Ensuite, Big Blue cartonne sur les sujets clés -cloud, analytique et engagement- qui montent de 14 %, à 7 milliards USD et représentent 37% du chiffre d’affaires de la société sur les douze derniers mois.
A lui seul, le cloud bondit de 34%, à 2,6 milliards USD de revenus sur le trimestre; sur les douze derniers mois, le cloud représente un chiffre d’affaires de 10,8 milliards USD, dont la moitié pour des solutions ‘as-a-Service’. Mais voilà : la montée en puissance de ces activités, réputées plus rentables, n’arrive pas à compenser le déclin que connaissent les secteurs plus traditionnels.
Entre-temps, les activités les moins rentables comme les serveurs d’entrée de gamme et les semi-conducteurs ont été cédées. Ce qui veut dire que la transition est toujours en cours. Elle réclame plus de temps que prévu -une notion que le marché n’aime pas. Résultat : la mutation a fait dégringoler le cours de bourse du groupe de 30% sur les deux dernières années. Dans une note très imagée, Daniel Ives, analyste chez FBR Capital Markets & Co, compare le processus de transformation d’IBM au fait de «regarder l’herbe pousser»…
Or, c’est bien dans une course contre la montre dans laquelle IBM est engagé. Amazon, Google et Microsoft, ses principaux concurrents dans le domaine de l’informatique dématérialisée, n’hésiteront pas à défendre leurs parts de marché bec et ongles en baissant leurs prix. «Ce domaine va devenir particulièrement disputé dans les années qui viennent», relevait Anand Srinivasan, analyste chez Bloomberg Intelligence, dans une récente présentation sur les perspectives du secteur.