Arnaud Spirlet est officiellement aux commandes de Cisco BeLux depuis le 1er juin. Une page se tourne. Première rencontre.
Cisco accueille son nouveau boss. Arnaud Spirlet succède à Pol Vanbiervliet -à la tête de l’entité belgo-luxembourgeoise depuis 2006- qui prend sa retraite. «Notre marché vient d’atteindre son point d’inflexion avec de nouveaux modèles d’exploitation et les technologies innovantes qui les supportent et nous sommes sur le point d’assister à la percée décisive de l’internet des objets.»
Arnaud Spirlet peut déjà se targuer d’une superbe carrière dans le secteur. Voici peu, il dirigeait encore la division européenne de Logicalis, un fournisseur de services informatiques britannique. Auparavant, il a œuvré au sein d’Unify (ex-Siemens Enterprise Communications) en tant que directeur général Belux et directeur-partenaire pour l’Europe de l’Ouest. Et avant le changement de raison sociale, il a travaillé pendant huit ans pour cette entreprise, entre autres, comme directeur général pour l’Europe de l’Ouest. Il a commencé sa carrière chez Siemens en 1999.
Une page se tourne. Cisco est une entreprise qui se réinvente continuellement, au rythme d’une révolution tous les trois ans. «J’ai donc, personnellement, connu trois révolutions. C’est rare pour une entreprise de cette taille, pas vraiment legacy mais néanmoins bien établie. C’est dans l’ADN de Cisco. De là, d’ailleurs, un lien très fort avec ses collaborateurs», commente Pol Vanbiervliet.
«C’est précisément ce qui m’a attiré : une entreprise qui avance des idées et les concrétise, enchaîne Arnaud Spirlet. J’ai toujours côtoyé Cisco. J’ai vu leurs avancées dans des marchés où j’estimais leurs chances faibles, voire nulles, comme la voix sur IP. J’ai vu et apprécié leur détermination, leur engagement, là où d’autres changeaient de stratégie tous les semestres…»
Innover… et exécuter !
C’est une entreprise centrée sur l’exécution en temps réel, rappelle Pol Vanbiervliet. A ses jeunes managers, son président, John Chambers, demandait régulièrement ce qui leur paraissait le plus important : innover ou exécuter ? Innover, répondaient la majorité. «Certes, innover est fondamental dans notre secteur. Mais si l’on n’exécute pas aussitôt, cela ne sert à rien, disait Chambers. Nous avons tous en mémoire ces grandes entreprises qui ont multiplié les brevets sans jamais en tirer profit. En même temps, proportionnellement à sa taille, Cisco est l’entreprise qui investit le plus en R&D, qui développe mais sans en faire une fixation. Quand on pense exécution, mieux vaut parfois… acquérir !»
Sans cette stratégie, le spécialiste des routeurs aurait sombré corps et biens, analyse Pol Vanbiervliet. Cisco a surpris. Qui l’aurait imaginé s’imposer sur le marché de la voix sur IP ? Ou, plus récemment, aborder le compute ? Qui, aux débuts, y a cru? «On ne donnait pas cher de notre peau ! Pourtant, il y a une logique. Aujourd’hui, elle s’impose.»
La révolution continue. En avril 2015, John Chambers, 65 ans, le boss durant ces vingt dernières années, s’est retiré pour laisser Chuck Robbins, 49 ans, reprendre les rênes. Un an plus tard, Wall Street, qui avait parié sur le recentrage d’une entreprise qui avait avalé des dizaines de sociétés, reconnaît avoir sous-estimé l’énergie de cette entreprise. «Jamais, en l’espace de douze mois, Cisco n’a acquis autant de start up, assure Arnaud Spirlet. Jamais, non plus, nous n’avons engagé des plans de R&D aussi agressifs.» Cisco travaille sur quatre axes stratégiques : réseaux, services et plates-formes cloud, sécurité, ainsi que les applications et l’Internet des objets.
Et Arnaud Spirlet de poursuivre : «Nous construisons depuis longtemps des datacenters, nous travaillons aussi avec nos clients sur leurs solutions. Depuis huit ans, la compagnie crée également des designs de références -serveur et réseau- pour les fournisseurs de cloud avec des outils d’orchestration et de management en apportant des garanties sur le SLA. Finalement, nous fournissons du cloud depuis longtemps si on considère les plates-formes Webex, Spark et Meraki !»
Pour un IoT sécurisé et interopérable
Autre axe fort de développement, l’IoT (Internet of Things). Le récent rachat de Jasper doit être interprété comme un signal. «Il ne s’agit pas d’aller dans l’Iot pour l’IoT, nuance Arnaud Spirlet. Cisco veut connecter de manière sécurisée les personnes, les objets, les données et les processus afin notamment d’aider les entreprises et les organismes publics à innover et saisir de nouvelles opportunités. Pour s’imposer, l’IoT doit être à la fois sécurisé, donc géré, mais aussi interopérable et permette de supporter des volumes gigantesques de données. Le rachat de Jasper s’inscrit dans cette stratégie; Jasper a développé des outils reconnus d’automatisation de la connexion des capteurs et de la remontée de leurs données vers le cloud. Ses services facilitent le développement de services IoT dans le cloud et leur monétisation.»
Derrière les services se trouve de l’infrastructure, réseau en tête. L’IoT se doit en effet d’être relié au réseau traditionnel (via des passerelles), puis son trafic relayé au datacenters (par des routeurs) où il sera traité sur un mode big data (serveurs et stockage), avant d’être transformé en services utiles pour les entreprises (Jasper).
Et Arnaud Spirlet d’entrevoir l’avenir. D’ici peu les objets et équipements connectés produiront la majorité des données, assure-t-il. Les fonctions analytiques vont devoir évoluer et pouvoir s’exécuter dans le réseau au plus près des sources de données. C’est l’objet de l’annonce par Cisco des solutions Connected Analytics…
Dans une récente étude commanditée par Cisco, 40% des entreprises interrogées identifiaient les processus de capture, de stockage et d’analyse des données générées par les objets connectés (machines, appareils, équipements) comme étant le plus gros challenge pour réaliser la valeur de l’internet de l’objet. «Et nous sommes prêts à répondre au défi !»