Pas de mobilité sans cloud, pas de cloud sans mobilité : tout se tient ! Pour Wilfried Landsheer, à la tête de la division Digital Hub de Systemat, formée voici peu, le cloud et la mobilité sont les deux grandes révolutions technologiques qui traversent actuellement le monde de l’entreprise. Tandis que le cloud rend possible la mobilité, la mobilité pousse le cloud à se développer toujours davantage. Cloud et mobilité permettent aux entreprises de gagner en flexibilité et en efficacité.
Si, techniquement, le cloud suppose le déport des données et des applications vers des serveurs distants, le gain pour l’entreprise, à priori la PME, tient en trois mots : mobilité, partage et rapidité. Et ces trois mots caractérisent l’entreprise 3.0, telle que la voit Systemat. «Nos clients nous demandent de les accompagner dans leur nécessaire évolution de leurs modes de travail rendue plus critique par la transformation progressive des activités depuis la production et la gestion des transactions vers l’innovation et la gestion des interactions», justifie Wilfried Landsheer.
Dans ce contexte, la vitesse et la qualité d’accès sont indissociables d’un bon usage des fonctions de partage et de travail collaboratif, ce qui est le propre du cloud. La plupart des applications de bureautique à distance proposent de travailler à plusieurs sur le même document au même moment, ce qui ne s’envisage qu’avec une grande qualité de connexion. La même remarque vaut pour les applications d’entreprises qui ont été portées sur des terminaux mobiles. Bref, la bonne marche d’une application métier implique de pouvoir travailler en quasi temps réel.
La mobilité amenant l’instantanéité d’accès à l’information renforce une autre rupture. «Oui, on peut voir le cloud comme un moyen de délivrer différemment des applications ou de la puissance avec de nouveaux acteurs et de nouveaux business modèles -SaaS, PaaS et IaaS. Mais ce qui est le plus fondamental, soutient Wilfried Landsheer, c’est que c’est le moyen le plus efficace pour rendre disponibles des données et transactions, souvent relativement simples, depuis tous les terminaux mobiles.»
Chez Systemat, le lien entre cloud et mobilité est avéré : lorsque l’on croise ces deux éléments, on débouche sur la notion d’accessibilité avec ses avantages et ses inconvénients. En effet, l’avantage pour les utilisateurs et pour l’entreprise est qu’elle permet d’accéder à ses applications et ses informations à peu près de n’importe où. La contrepartie est que cela crée une porte d’accès beaucoup plus importante avec des risques de failles. «C’est là que, en tant que prestataire de services, nous opérons afin de garantir disponibilité et sécurité, enchaîne Wilfried Landsheer. Tout se passe dans nos installations Tier IV dans deux data centers au Luxembourg.»
Le cloud renforce la mobilité. Si l’on y réfléchit bien, le premier avantage de la mobilité repose sur un paradoxe. Alors que les coûts de stockage ont grandement diminué ces dernières années, nos équipements, eux, ont tendance à perdre en capacité moyenne. Aux serveurs distants l’espace de stockage quasi illimité, aux terminaux le stockage à grande vitesse de lecture et d’écriture. Or, les terminaux mobiles sont sous-équipés en capacités de mémoire, il leur faut donc avoir recours au cloud. Le cloud joue le rôle d’un serveur multimédia distant !
Plus d’outils mobiles -on en utilise en moyenne trois- c’est aussi moins de PC. «Nous sommes entrés dans l’ère post-PC. Parce que nous bougeons, parce que nous travaillons aussi bien à la maison que chez nos clients ou dans l’entreprise sans plus nécessairement disposer d’un bureau, mais aussi parce que l’instantanéité de l’accès à l’information est aujourd’hui un critère d’expérience utilisateur essentiel. De là, encore, le recours au cloud. La possibilité de tout synchroniser dans un même compte cloud rend possible l’intégration transparente de toutes les données et conversations, pour y avoir accès au moyen de n’importe quel terminal -une condition essentielle pour toute entreprise aux employés mobiles.»
Aujourd’hui, dans une PME, le cloud doit servir en priorité à rendre disponible les informations et supporter la stratégie de mobilité. «Déjà, lorsque l’on a une solution de mobilité à déployer on pense à des applications ‘full web’ ou accessibles par le cloud. De plus en plus, le réflexe est de définir les applications accessibles en cloud public, même si tout indique que l’on s’orientera vers un cloud hybride -mariant public et privé. Le cloud public permet une accessibilité à partir de n’importe quel périphérique, qui procure soit l’accès au système d’information lorsque celui-ci est partiellement positionné dans le cloud public, soit à des applications classiques avec une entrée fortement sécurisée. De là, son succès.»
Lente conversion au cloud
70 clients sont passés dans le cloud depuis janvier 2014. C’est bien, mais ce pourrait être mieux, estime Wilfried Landsheer, Business Unit Director Digital Hub, Systemat.
La division, récemment créée, est aujourd’hui une des sept Business Units de Systemat -et la plus importante avec Sourcing Center (projets). Comptant une quarantaine de collaborateurs, Digital Hub vise les entreprises de 20 à 200 utilisateurs.
«Plus que la sécurité, c’est le principe même d’externalisation qui, de prime abord, suscite une certaine réticence, observe Wilfried Landsheer. Qui dit déport dit perte de pouvoir !» Psychologiquement, le cloud reste donc difficile à aborder. Aussi, le discours de Systemat est davantage orienté «business». Soit : démontrer la valeur pour l’entreprise. Donc sensibiliser prioritairement le CEO ou le CFO. Et avancer les avantages en termes de disponibilité, de flexibilité et d’agilité. Si ces termes résonnent plutôt bien, Wilfried Landsheer reconnaît qu’il faut du temps pour convaincre. De là, un cycle de vente plutôt long : entre quatre et neuf mois. Parfois, certaines situations tiennent du paradoxe. «Il n’est pas rare de voir des entreprises mégoter sur les termes du SLA proposé alors qu’elles refusent de considérer les risques qu’elles courent en conservant leurs éléments d’infrastructure -dont elles ignorent par ailleurs le TCO- dans une salle qui ressemble davantage à un débarras !»
N’empêche : le choc est culturel. Le cloud induit un changement de modèle que les entreprises ont souvent du mal à aborder, constate-t-on chez Systemat. Aussi, le feront-elles peut-être indirectement via la mobilité, un des piliers de l’entreprise 3.0. De là un besoin évident de conseil et d’accompagnement. Deux programmes sont proposés : Cloud Readiness Passport (évaluation, faisabilité, organisation…) et Boarding Pass to the Cloud (transition).