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Le cloud à l’heure du FinOps
FinOps ? « De l’espoir à ceux qui sont aux prises avec les coûts du cloud », résume fort bien John O’Brien, Principal Analyst, Uptime Institute. Il est temps de mettre en œuvre ses principes. Prudemment.
FinOps, on y a viendra… si ce n’est déjà fait. Les charges de travail cloud continuent de croître, s’ajoutant parfois aux charges de travail traditionnelles sur site, parfois les remplaçant. « L’enquête mondiale 2023 sur les centres de données de l’Uptime Institute montre que les organisations s’attendent à ce que le cloud public représente 15 % de leurs charges de travail d’ici 2025. Lorsque l’hébergement sur cloud privé et le SaaS sont inclus, cette part s’élève à environ un tiers des charges de travail », relève John O’Brien, Principal Analyst, Uptime Institute.
Les dépassements de coûts sont particulièrement préoccupants : le déploiement de nouvelles charges de travail gourmandes en ressources signifie que, à moins que les organisations n’aient une meilleure visibilité et un meilleur contrôle sur leurs coûts cloud, cette situation ne fera qu’empirer. « Presque toutes les entreprises qui ont utilisé le cloud ont connu des surprises fâcheuses en matière de coûts : de nombreuses organisations ont déboursé des sommes rondelettes en frais cloud non budgétisés. Cela montre à quel point il a été difficile de planifier et de prévoir avec précision les coûts du cloud. »
Une image complexe et déroutante aux gestionnaires
Au début, les services cloud étaient souvent présentés comme étant moins chers. Cependant, cet argument a évolué. Il se concentre désormais sur la valeur, l’innovation et la fonction. En fait, constate John O’Brien, « les coûts du cloud se sont souvent révélés plus élevés que certaines alternatives, comme la conservation des applications ou des données en interne… Cela peut donner une image complexe et déroutante aux gestionnaires qui tentent de comprendre pourquoi les coûts ont grimpé en flèche. »
Dans de nombreux cas, les organisations ont simplement transféré leurs charges de travail sur site vers le cloud, économisant ainsi les coûts de recodage et de développement à court terme au détriment de limitations techniques et opérationnelles ultérieures ayant des implications financières. « Les charges de travail sur site n’ont pas été conçues pour le cloud. Et sans être modernisées grâce à des techniques cloud natives, telles que la conteneurisation et la refactorisation du code, elles ne parviendront pas à bénéficier des modèles de consommation en tant que service et à la demande. Le coût de la migration a tout simplement été négligé ! »
Problèmes techniques, aussi. Les incompatibilités des plateformes cloud, les erreurs de codage, une mauvaise intégration et les dépendances et latences non découvertes entraînent des performances inefficaces des applications et une consommation erratique des ressources cloud.
On en revient toujours au provisionnement
Quant au principe de la tarification à la demande, il a été sous-estimé. Le moyen par défaut le plus courant d’acheter des services cloud propose des moyens rentables d’exécuter certaines charges de travail, mais pas toutes. Amazon Web Services recommande une tarification à la demande pour « les charges de travail irrégulières à court terme qui ne peuvent pas être interrompues ». La demande se prête donc aux charges de travail qui peuvent être activées et désactivées selon les besoins, telles que les environnements de construction et de test.
« Cependant, les applications critiques, telles que les progiciels de gestion intégrés et les bases de données, doivent être disponibles 24h/24 et 7j/7 pour garantir une synchronisation continue des données. S’ils sont déployés à la demande, les coûts de consommation commenceront à monter en flèche, mais une option de tarification alternative, telle que les instances réservées, peut permettre des économies substantielles. Il est essentiel de pouvoir faire correspondre la bonne charge de travail au bon modèle de consommation du cloud. »
Enfin, ne pas savoir quelle charge de travail est la mieux adaptée à quel modèle de consommation du cloud peut entraîner l’indisponibilité des applications et des charges de travail en cas de besoin ou un surprovisionnement (car elles continuent de s’exécuter en arrière-plan lorsqu’elles ne sont pas utilisées). Un provisionnement insuffisant ou excessif peut conduire à des résultats insatisfaisants et, en fin de compte, à un faible retour sur investissement.
FinOps, bien plus que maîtriser ses coûts
De là, le recours aux FinOps. John O’Brien : « Les clients ne peuvent pas compter sur l’impartialité des fournisseurs de cloud. Ils doivent être capables d’identifier leurs propres modèles de tarification optimaux en fonction de leurs exigences en matière de charge de travail, de consommation et de cas d’utilisation. Et ils doivent être capables de comparer avec précision les différents fournisseurs et leurs produits les uns par rapport aux autres pour obtenir le meilleur rapport qualité-prix. »
Qui dit FinOps pense maîtrise des coûts. C’est bien plus selon l’analyste de l’Uptime Institute. De fait, il s’agit également d’identifier et de tirer profit du cloud. « L’un des objectifs des FinOps est d’aider les organisations à analyser la valeur des nouveaux services en effectuant une analyse complète des coûts basée sur les données. Et, ce faisant, combler le fossé entre les différentes équipes impliquées dans les calculs commerciaux et financiers ainsi que dans le développement et le déploiement de nouveaux services. »
Réduire les coûts… et parfois en ajouter
Uptime estime que les organisations d’infrastructure numérique les plus performantes développeront des capacités FinOps au cours des années à venir, à mesure que les services cloud – et leurs coûts énormes – seront davantage intégrés au cœur de l’entreprise. Cela apportera un niveau de gouvernance à l’utilisation du cloud qui pourrait être approfondi. À terme, les grandes organisations qui dépendent d’une infrastructure informatique hybride étendront probablement cette discipline – ou une certaine extension d’intégration de celle-ci – pour couvrir l’ensemble de l’informatique, du sur site à la colocation, en passant par l’hébergement et le cloud.
Malgré tout ce battage médiatique, un certain scepticisme mesuré s’impose. Dans ses itérations les plus simples, les FinOps peuvent réduire les dépenses excessives évidentes dans le cloud. Mais ils peuvent également ajouter des coûts, de la complexité et ralentir l’innovation. En outre, on ne sait toujours pas dans quelle mesure de nouveaux outils, normes et disciplines dominants seront fermement établis, ni dans quelle mesure ces fonctions seront intégrées au reste de l’infrastructure numérique de gestion financière. Idéalement, les CIO et les CFO ne souhaitent pas se battre avec un éventail de méthodologies, d’outils et de lignes de reporting comptables, mais plutôt utiliser des ensembles d’outils intégrés.
Des offres partielles et partiales
La plupart des fournisseurs de cloud fournissent déjà de la documentation et des outils liés aux FinOps. Cette fonctionnalité gratuite représente un bon point de départ. Cependant, il est peu probable que le soutien d’un fournisseur de cloud soit utile pour apporter les changements organisationnels nécessaires pour combler le fossé entre la finance et l’informatique. De plus, le support fourni par un fournisseur de cloud ne s’étendra qu’aux services proposés par celui-ci – l’optimisation multi-cloud est bien plus complexe. « Soyons clairs : les capacités FinOps présentées par les fournisseurs de cloud ne peuvent pas offrir une vision impartiale des dépenses ! »
Les outils tiers, tels qu’Apptio Cloudability, Spot by NetApp, Flexera One, Kubecost et VMware Aria Cost, fournissent des ensembles FinOps indépendants qui peuvent être utilisés sur plusieurs cloud. C’est une voie. « Les FinOps sont une discipline émergente, estime John O’Brien. Des travaux sont encore en cours pour parvenir à une normalisation entre toutes les parties prenantes et tous les intérêts… »
On l’a compris, nous n’en sommes qu’aux débuts. Une fonction FinOps est nécessaire pour aider à trouver un équilibre entre la réduction des coûts et l’évolutivité et l’innovation. Toutefois, cette pratique ne peut être adoptée sans réserve. Et John O’Brien de conclure : « Les logiciels, les normes et les disciplines mettront de nombreuses années à mûrir. »