Connect, sixième édition. Shake IT ! Cette année, le rendez-vous des CxO’s et des responsables IT se tiendra le 9 novembre à La Sucrerie (*) à Wavre.

° Shake IT ! Sixième édition pour Connect. Au fil du temps, Connect s’est imposé comme le principal événement des technologies de l’information dans la partie francophone du pays. Cette année, sur le thème Shake IT, vous décidez d’agiter, secouer. Pourquoi ?

Dimitri Verscoore, Marketing Director, Win : « Connect est d’abord un lieu d’échange, de partage entre pairs et non un événement à vocation purement commerciale. C’est une différence majeure. Cette année, en effet, nous avons l’ambition de faire bouger les lignes, de bousculer. Avec des thématiques telles que l’IA ou l’ESG, voire la place des femmes dans l’évolution de la technologie, nous comptons permettre à nos visiteurs de voir plus grand. »

° Pourquoi les femmes parmi des thématiques comme l’IA et l’ESG ? Ont-elles une position différente ? Réagissent-elles autrement face aux innovations de rupture ?

« Il y a trop peu de talents féminins dans le numérique. Cela signifie que, à terme, les femmes pourraient être exclues des opportunités de la société digitale. C’est un constat. Et un danger. Valérie Tanghe, directrice générale d’Accenture, nous invitera à considérer ce fait. Dans un monde de plus en plus digitalisé, nos façons de vivre et de travailler évoluent de plus en plus rapidement. Anodins de prime abord, ces changements ont pourtant un impact profond sur nos attitudes, nos mentalités et nos comportements. Plus que la question de l’égalité hommes/femmes -néanmoins essentielle- c’est le regard des femmes sur le futur qui, ici, importe. Pour moi, c’est simple, il n’y a pas de diversité de pensées et d’expériences sans une juste représentation des femmes au sein des organisations. »

L’IA, sujet de rupture

° Y aurait-il une perception féminine spécifique face aux innovations de rupture ?  

« Nous ne pensons pas de façon universelle. Nous ne rêvons pas notre futur de la même façon, bien qu’il nous concerne toutes et tous. Et c’est heureux. Valérie nous parlera donc, entre autre, de l’IA, de son énorme potentiel, mais aussi de ses risques en termes de biais, notamment de genre et les stéréotypes de notre société. »

° Connect 2022 nous avait entrainé dans le métavers. L’IA pourrait-elle être considérée comme un sujet de rupture, une forme de ‘shake it’ ?

« Les révolutions annoncées s’enchaînent. De quoi sera fait demain ? D’IA et de Machine Learning, nous disent les experts. Reste cette question lancinante : quelle sera la place de l’humain dans ce mouvement où tout tend à ce que la machine, rendue ‘intelligente’, prenne sa place ? L’avis de Laurent Alexandre, notre guest speaker, sera des plus intéressants. On connait l’homme, parfois clivant. Il reviendra sur le thème de son dernier livre, La Guerre des intelligences à l’heure de ChatGPT. De toute évidence, le changement de civilisation est là, à nos portes. Shake IT, encore ! Et les questions foisonnent. L’intelligence artificielle peut-elle dépasser les humains ? Comment l’éducation doit faire sa révolution ? Depuis la parution en 2011 de son premier essai La mort de la mort, comment la techno-médecine va bouleverser l’humanité, Laurent Alexandre, s’est révélé comme l’un des plus visionnaires analystes des révolutions technologiques. »

Une école qui n’a pas évolué depuis 250 ans

° La controverse sur la substitution du travail de l’Homme par la machine s’accompagne désormais d’une réflexion plus vaste sur notre entrée dans une société à la fois ‘apprenante’ et ‘robotisée’. Ne sous-estime-t-on pas les vertigineuses mutations que l’IA va déclencher dans nos modes de vie et, en particulier, dans notre conception de l’éducation ?

« C’est précisément la question soulevée par Laurent Alexandre. Et ce qu’il démontre. D’un côté, l’IA progresse bien plus vite que tous les pronostics avancés : la rapidité d’apprentissage de l’IA est multipliée par 100 chaque année. Il faut trente ans pour former un ingénieur ou un radiologue, quelques heures pour éduquer une IA ! De l’autre, une école qui n’a pas évolué depuis 250 ans qui forme aux métiers d’hier et qui n’a pas intégré le bouleversement inévitable que l’IA va provoquer un cataclysme sur le marché du travail. Comment faire pour que nos cerveaux biologiques résistent à l’IA et restent complémentaires ?

« Voici deux ans, Luc Julia, ingénieur et informaticien, co-créateur de Siri, l’assistant vocal d’Apple, nous avait dit au cours de Connect 2021 que ‘l’intelligence artificielle n’existe pas’. Et d’ajouter : ‘l’intelligence artificielle, c’est juste un marteau’. Un marteau car c’est un outil qui, en soit, n’est ni bon, ni mauvais, ne faisant qu’obéir à la main de celui qui le fait fonctionner. Aujourd’hui, tout le monde peut utiliser ce marteau, qu’il se nomme ChatGPT, MidJourney ou Dall-e. Ces outils ont vulgarisé l’usage de l’intelligence artificielle générative auprès du grand public, tout en suscitant des confusions. Rappelons ici que le site ChatGPT comptait plus d’un million d’utilisateurs cinq jours seulement après son lancement. Nous vivons bien une révolution ! »

Se réinventer, une nécessité. Shake IT !

° Depuis, l’IA s’étend et se généralise…

« Oui. La montoise i-Care en est un fort bel exemple. Cette société, de plus de 700 collaborateurs aujourd’hui, est le prolongement de mémoire de fin d’études d’ingénieur de Fabrice Brion, son fondateur, sur l’intelligence artificielle appliquée à la maintenance prédictive. On la nomme aujourd’hui le ‘Dr. House des machines industrielles’. Et elle est mondialement connue. Arnaud Stiévenart, co-fondateur de i-Care, nous parlera de cette ‘médecine préventive’, dans la mesure où sa technologie aide les clients à prévenir les pannes et à améliorer la performance de leurs machines. Cela permet de mieux gérer les risques industriels, qu’ils soient financiers, de qualité, de sécurité ou environnementaux… Le côté ‘Dr House’, c’est surtout parce que l’IA permet une finesse de diagnostic et une efficacité qui sont difficilement égalées ! »

° Se réinventer… c’est vrai pour toutes nos activités, tous nos métiers. L’IA ne nous jette-t-elle pas dans une folle course en avant ? Opportunité ou contrainte ?

« Opportunité ! Certains y arrivent plus vite que d’autres. Quitte à faire leur révolution en silence. C’est le cas des mutuelles. Il n’est plus question de coller des vignettes, nous expliquera Bernard Gueubelle, Directeur Général Adjoint aux Mutualités Libres. D’ici à deux ans, les demandes des remboursements seront digitalisées. Soit une véritable simplification administrative entre le patient, les prestataires et les organismes assureurs. En attendant, un chantier de grande ampleur, qui met à nouveau la technologie aux avant-postes. »

IA, RSE… quand tout se tient !

° Moins de papier, moins d’échanges physiques, moins de risques d’erreurs aussi. Fort bien. Quid des impacts négatifs de la technologie sur l’environnement ? Ne les sous-estime-t-on pas ?  

« Oui. Et ils peuvent réduire à néant les autres efforts de réduction d’empreinte carbone. C’est un fait. Comprendre, maîtriser et réduire les impacts environnementaux des services numériques d’une entreprise devient dès lors un élément essentiel de sa stratégie RSE. Le numérique responsable n’est pas un projet, avec un début et une fin, mais un chemin et donc un engagement, nous expliquera Olivier Vergeynst, Directeur de l’Institut Belge du Numérique Responsable. Mettre en veille son ordinateur au bout de trois minutes sans utilisation, éviter d’envoyer trop de mails, limiter les pièces-jointes, réduire le nombre de personnes en copie… Oui, bien sûr. Evidemment. Ce sont là quelques mesures élémentaires. Du micro, passons au macro, invite Olivier Vergeynst. La transformation digitale bouleverse nos sociétés, le monde de l’entreprise et les modèles de production et de consommation. Or, les défis environnementaux qui accompagnent la transformation numérique sont encore trop souvent mal traités. Shake IT, encore ! »

° Vous évoquez le futur. Comment Connect l’entrevoit-il alors que nos entreprises et organistions ont déjà accéléré -parfois à marche forcée- leur transformation digitale ?

« Pour nombre d’entreprises et d’organisations, il s’agit de réinventer leur fonctionnement. Une question subsiste : entre la réorganisation des modèles d’entreprises et l’hyper-digitalisation, quels chantiers et actions prioritaires sont à mener au cours de la prochaine décennie ? C’est à cette question que Connect compte répondre à travers les interventions de ses orateurs, à travers aussi les échanges qui s’ensuivent. »

Attirer plus de CxO’s

° Connect est une organisation conjointe de Win et du le Cercle du Numérique. Pourquoi cette alliance ?  

« Pour, précisément, renforcer l’idée du Cercle numérique : rassembler les décideurs informatiques de langue française afin de créer un espace de discussion, d’échanges d’information autour de cet intérêt commun pour le système d’information dans l’entreprise. Attirer, aussi, toujours plus de CxO’s. Notre ambition est de rassembler un ensemble de contributions spécifiques autour de points de vue mêlant à la fois compréhension profonde des contextes sectoriels et convictions sur l’innovation technologique, avec une mise en relief des principaux cas d’usage émergents sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Le Cercle et nous partageons la même philosophie. »

Propos recueillis par Alain de Fooz

(*) La Sucrerie – Chemin de la Sucrerie – 1300 Wavre ( parking de La Sucrerie juste en face : rue de l’Ermitage 43/45 ).