ContinuousNext, la «formule du succès» de Gartner
Les leaders utilisent la technologie et l’information de manière originale et créative. C’est ce qui les différencie de leurs confrères… C’est là qu’intervient l’approche ContinuousNext !
Intimité, intelligence augmentée, culture, gestion par les produits et les jumeaux numériques. Rien, finalement, de vraiment neuf. Bien que… Adroitement, Gartner -qui a le sens inné du storytelling- nomme ContinuousNext sa «formule du succès». Il s’agit de la forme évolutive des concepts déjà lancés par le cabinet de conseil et développés au cours de ces dernières années pour créer le mouvement de la transformation numérique et au-delà.
«La transition vers le numérique est indéniable et s’accélère, bouleversant à la fois les organisations gouvernementales et les modèles d’affaires, observe Mike Harris, Executive Vice-President & Global Head of Research, Gartner. Ces nouveaux modèles -regroupés dans ContinuousNext- redéfinissent la manière dont les organisations créent, proposent et captent de la valeur. Ils stimulent la façon dont les CIO fonctionnent, apportant de nouveaux états d’esprit et de nouvelles pratiques à l’IT.»
Selon les chiffres de Gartner, près des deux tiers des CEO et des CFO prévoient des changements de modèle d’affaires, souvent du fait de la transformation numérique, et les investisseurs encouragent ce changement. Ces derniers favorisent les organisations qui entourent chaque produit et service de fonctionnalités numériques. Ils ne s’intéressent pas uniquement aux données, ce qui est déjà de l’histoire ancienne. Ils s’intéressent à ce que l’on fait des données avec l’analytique avancé et l’intelligence artificielle. Les leaders utilisent la technologie et l’information de manière originale et créative pour prendre le pas sur leurs confrères. C’est ce qui les différencie… et c’est là qu’intervient l’approche ContinuousNext !
Dynamisme, facteur critique
La première clé du succès est le dynamisme. Les data scientists de Gartner ont établi que le principal indicateur de succès était le dynamisme de l’organisation. Le dynamisme, c’est la capacité à prendre le changement à bras-le-corps et à adopter les technologies de manière différente. Plus des trois quarts des organisations ont des difficultés à être dynamiques. «La manière dont on adopte la technologie est importante et le dynamisme en est le facteur critique», insiste Mike Harris.
Ensuite, l’intimité. Le respect de la vie privée créé de la confiance et la confiance mène à la puissance. Les récents avatars, qui ont quelque peu mis en péril cette confiance, doivent nous servir de leçon. Il est urgent et impératif dans le contexte de ContinuousNext de gérer la vie privée. Si les CIO ne le font pas, efficacement, c’est toute leur transformation numérique qu’ils mettent en péril !
«En tant que CIO, vous avez la mission de protéger les données sensibles concernant vos clients, les citoyens et les collaborateurs, ajoute Mike Harris. Cela implique de nommer un responsable de la gestion de la vie privée, de la détection et de la remontée d’éventuelles failles et de garantir que les individus contrôlent leurs données. C’est un sujet qui se traite au niveau du conseil d’administration, même si aujourd’hui à peine la moitié des organisations ont mis en place les contrôles idoines.»
Piratez votre culture !
Gartner prône aussi une culture dynamique dans le cadre de ContinuousNext : la culture est identifiée par 46% des CIO comme le plus important obstacle à la réalisation de la promesse du numérique. Pour Jenny Sussin, Managing Vice-President, Gartner, «un changement de culture n’est pas forcément une entreprise importante et n’est pas forcément difficile à mettre en œuvre. Piratez votre culture pour changer votre culture ! Par ‘pirater sa culture’ nous n’entendons pas nécessairement trouver un point de vulnérabilité pour entrer dans un système, mais plutôt trouver des points faibles dans votre culture pour les transformer en vrai changement marquant. Ce piratage concerne des actions de faible envergure, qui en temps ordinaire sont négligées. Les piratages les plus performants déclenchent aussi des réponses émotionnelles, ont des résultats immédiats et sont visibles par le plus grand nombre.»
Pour illustrer son propos, Jenny Sussin explique que de nombreux CIO passent de l’ordre de 70% de leur temps en réunions et à rédiger des e-mails. «Il est possible de libérer une partie de ce temps en remplaçant les réunions destinées à faire le point par des courtes notes écrites. Ainsi, les leaders délèguent, de manière à ce que d’autres puissent entreprendre des actions. Les CIO devraient permettre aux personnes ayant la ‘bonne idée’ de conserver la maîtrise de cette idée.»
L’intelligence augmentée
Là où d’autres cabinets propulsent l’intelligence artificielle, Gartner met en avant l’intelligence augmentée, l’étape suivante. Et de définir l’intelligence augmentée comme la symbiose de l’intelligence humaine, de l’intelligence collective et de l’intelligence artificielle. Un potentiel quasi infini !
De la même manière que les bases de données relationnelles nous ont permis d’établir des liens entre des données auparavant compartimentées pour révéler bien plus que ce que n’importe quel jeu de données aurait pu le dire seul, l’intelligence augmentée est capable de lier des domaines de compétences compartimentes pour étudier des relations, détecter des causes et des effets et effectuer des prévisions d’une complexité hors de portée des individus et de l’intelligence artificielle.
L’intelligence augmentée n’est qu’un outil, insiste Gartner. Elle est pensée pour aider les humains a prendre de meilleures décisions. Mais elle n’a rien de magique et n’a pas réponse a tout. «L’intelligence augmentée permet de réaliser des simulations incluant plus de facteurs, et de révéler une gamme de possibilités plus vaste. En revanche, la prise de décision finale reviendra toujours aux êtres humains, rassure Mike Harris. Les entreprises qui adoptent l’AI aujourd’hui permettent souvent aux travailleurs de conserver leur emploi, même si ceux-ci sont transformés, et valorisent ces fonctions.»
Devenir «product centric»
Pour Andy Kyte, Distinguished Vice-President Analyst,Gartner, l’un des impératifs de la stratégie ContinuousNext est la gestion de produit numérique. «Derrière tout succès numérique il y a un produit», constate-t-il. Et de citer Tesla, Apple ou encore Amazon. «La tendance est à devenir ‘product centric’ plutôt que ‘project centric’. Les produits ont une importance capitale. Avec les produits, on est dans l’amélioration continue, donc dans le ContinuonsNext». Il ajoute que «si les CIO ne s’y mettent pas bientôt, ils ne vont peut-être pas pouvoir combler leur retard. L’étude Gartner’s 2019 CIO Agenda montre que les organisations les plus performantes sont deux fois plus susceptibles d’être ‘product centric’ que les autres !»
«La gestion de produit numérique ne se résume pas à une manière différente de faire de l’informatique : c’est une manière différente de gérer l’activité de l’entreprise, insiste Andy Kyte. Les entreprises les plus puissantes à l’heure actuelle ont fusionné la technologie numérique avec leurs produits pour créer de nouvelles pratiques de management. Par exemple, personne ne demande plus à Amazon s’ils sont plutôt un distributeur ou plutôt une entreprise de technologie. Amazon domine parce qu’elle est les deux. Tesla est une entreprise de technologie dans l’industrie automobile, Apple est une entreprise de technologie qui œuvre désormais dans le domaine de la santé. Les technologies numériques et l’innovation produit deviennent indissociables dans tous les secteurs.»
Andy Kyte explique que les responsables produits vont utiliser le design thinking et les méthodologies agiles pour profiler l’expérience utilisateur. L’analytique et l’intelligence en continu vont alimenter l’évolution permanente des produits et le DevOps continu permettra des mises-à-jour hebdomadaires voire même quotidiennes des produits. «C’est pourquoi la gestion de produit numérique va remplacer la gestion de projets informatiques», conclut-il.
Les twins numériques
Le concept techniquement le plus intéressant du lot est sans doute celui de jumeau numérique, ou digital twin. Il est aujourd’hui déjà souvent utilisé pour gérer des objets comme des réacteurs d’avions ou des turbines grâce à des capteurs et une modélisation numérique. Mais s’il n’est pas nouveau, ce concept évolue et devient plus solide. Pour Daryl Plummer, il est aujourd’hui possible pour un CIO de créer un jumeau numérique de l’ensemble de l’organisation, ce que chez Gartner on appelle DTO (Digital Twin of an Organization) «Avec un DTO, le CIO peut virtuellement voir les gens travailler, voir les systèmes et les processus qu’ils mettent en œuvre et comment le travail passe de département en département. C’est un peu comme si l’on retirait le toit du site et que l’on regardait à l’intérieur. La clé du succès, c’est d’être au courant de ce qui se passe.» Il appuie son discours sur des exemples concrets, comme celui de Siemens qui grâce à un DTO est arrivé à un taux d’automatisation de 24% supérieur à auparavant, ou du port d’Anvers, qui utilise un DTO pour contrôler la qualité de l’air.
«Avec un DTO, on démarre avec un environnement bien réel et avec des vrais gens et de vraies machines qui travaillent, poursuit Daryl Plummer. Cela génère de l’intelligence continue à propos de ce qui se passe en temps réel et permet aux CIO de modéliser différents scénarios, d’en retenir un puis de le traduire dans le monde réel et physique.»
Quant à la mise en œuvre de tous ces concepts, elle passe, selon Gartner, par une démarche «Shape, shift & share», c’est-à-dire modéliser les processus, assurer la transition vers le nouveau modèle et partager ce modèle à travers l’ensemble de l’organisation. Logique. Mais pas forcément simple et facile à mettre en pratique. ContinuousNext reste un défi.