COVID-19 #12 – Développer l’«hybridité»
Le télétravail montre ses limites. Pour Koen Van Beneden, de HP Belgium-Luxembourg (*), il n’est pas une finalité. Et de lui préférer l’«hybridité».
° Le 16 mars, notre pays entrait en phase de confinement. Comment avez-vous abordé cette première journée de crise inédite ?
Aisément, chez HP nous étions parfaitement outillés pour basculer dans le télétravail. Culturellement, aussi, nous étions prêts. C’est un aspect important, souvent sous-estimé. Nous le voyons bien, nous qui conseillons nos clients à imaginer leur environnement de travail du futur… Sur le plan opérationnel, nous n’avons rencontré aucun problème. En revanche, deux mois et demi plus tard, nous ressentons de la fatigue.
° Qu’entendez-vous par fatigue ?
Le télétravail n’est pas sans exigences et sans contraintes. Sensible au confort de mes équipes, j’enregistre plus de fatigue qu’à l’accoutumée -sans lien toutefois avec la charge de travail perçue. Ce que, par exemple, il est possible de régler en cinq minutes en passant par le bureau d’un collègue exige plus de temps en visioconférence, par Teams ou Zoom. Ne nous leurrons pas : la vie de bureau n’est pas totalement transposable en mode remote. Bref, chacun travaille plus.
Une activité atomisée qui isole
° En revanche, maintenant que nous sommes en période de déconfinement, cela signifie moins de déplacements, donc moins de pertes de temps. Un avantage ?
Incontestablement. Mais il est une autre réalité : le risque de déconnecter le travail de sa finalité sociale. Si on accepte de se soumettre à ses contraintes, comme le fait de se rendre au bureau, c’est pour ce sentiment de faire partie d’un tout -une équipe, une communauté- et de contribuer à autrui. Or, aujourd’hui, cela s’évapore, avec une activité atomisée qui isole. La situation actuelle de l’hôpital donne la mesure de l’importance du collectif : malgré les difficultés du secteur, une certaine perte de sens, on retrouve face à cette pandémie une forme d’héroïsme professionnel. C’est ensemble que l’on trouve des solutions. C’est ensemble que l’on innove.
° Finalement, n’est-ce pas la machine à café qui manque à tous ?
Oui ! La précieuse machine à café n’est plus totalement en mesure d’être cet indispensable lieu de brassage du corps social de l’entreprise. La virtualisation des discussions peut aider à décloisonner, mais elle peut aussi dématérialiser l’essence même d’une organisation humaine. C’est sans doute un paradoxe, mais le télétravail requiert aussi de la proximité physique régulière. Là aussi, les possibilités sont variées : réunions sur un lieu unique, séminaires, team building, repas en commun, etc. Sinon, trop de distance tue la quintessence de l’entreprise.
Plus de communication interne
° Nous n’y sommes pas encore. Cette distance, dont vous parlez, est encore toute relative…
Il n’empêche. Aussi, à travers des réunions hebdomaires, j’entends réunir toute l’entreprise. Et partager. Ce qui signifie parler de nos projets, de nos avancées, de nos contrats, de nos victoires en somme. Plus que jamais il importe de mobiliser… Travailler en remote requiert certains impératifs : la communication interne virtuelle devient, en ces circonstances, plus que jamais un pivot essentiel. Sinon, les frustrations et les inconvénients risquent d’être à la hauteur des espoirs suscités.
° Et demain, au terme de cette période de déconfinement, comment voyez-vous HP évoluer ? Comment ses collaborateurs aborderont le travail ?
Le travail sera hybride. Concrètement, un peu à la maison -deux jours par semaine, par exemple- et au bureau. Nos collaborateurs n’ont plus envie de ‘commuter’ autant qu’auparavant. Parmi les arguments revenant souvent, la qualité de vie quotidienne, la diminution du stress et les transports. En même temps, il y a un bonheur à se retrouver devant la machine à café, à blaguer…
Vers des refontes du travail
° Vos clients partagent-ils cet avis ?
Les interrogations sur le devenir du travail sont partout les mêmes, chez nous comme chez nos clients, chez HP Belgiumm-Luxembourg comme dans les autres filiales européennes. Les seules variables sont légales. Quant à nos grands clients, ils envisagent des refontes du travail à l’échelle d’un continent, voire mondialement.
° A ce propos, comment évolue le business ?
Favorablement. Hier, ces questions liées à l’environnement du travail étaient encore philosophiques; aujourd’hui, on ressent l’urgence. Nos clients veulent aujourd’hui accélérer la mise en place de solutions incluant un nouvel équilibre entre vie privée et vie professionnelle, entre nomadisme et travail sédentaire au bureau ou chez soi.
(*) Koen Van Beneden, Managing Director, HP Belgium – Luxembourg
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