COVID-19 #6 – Penser output plutôt que input
Microsoft avait anticipé le confinement. Premier bilan aujourd’hui. Pour Didier Ongena (*), il importe d’insister sur les résultats, non la présence. Privilégier l’output.
° Le 16 mars, notre pays entrait en phase de confinement. Depuis, comment gérez-vous cette conséquence inédite à la crise sanitaire ?
Ce confinement, nous l’avions anticipé. Dès le 27 février. Pour nous, les signaux venant de Chine et de Corée étaient clairs. Présidant un comité de crise à l’échelle internationale pour Microsoft, j’ai fortement recommandé au personnel de passer en mode remote. Recommandé et non imposé. En effet, nous n’avions pas à nous soustraire de l’avis des autorités. Bref, le 3 mars, quasi deux semaines plus tôt, 98% du personnel était passé au télétravail.
° Avez-vous imposé des mesures particulières ?
Notre premier message a été ‘protégez-vous !’. Priorité à la santé, priorité à la famille. Aux managers, j’ai insisté sur l’inclusion. Le confinement se vit de mille façons. Une famille avec quatre enfants peut se sentir étouffée, alors qu’une personne isolée souffrira d’un manque évident de contact. Un cas n’est pas l’autre. Ainsi, nous avons chez nous des étudiants espagnols et italiens qui vivent éloignés de leur famille et dans l’impossibilité de les rejoindre… De même, nous venions d’engager une vingtaine de nouveaux collaborateurs qui auraient pu se sentir bien seuls si nous n’avions pas pris des mesures spécifiques à leur endroit.
Cette crise nous rapproche !
° Qu’entendez-vous par inclusion ?
Réunir, inclure… Ainsi, nous organisons des moments entre nous, des petits déjeuners virtuels sur Teams. Nous partageons beaucoup de photos et de vidéos. Nous avons même créé des challenges : ‘je me filme aujourd’hui, tu te filmes demain’… La technologie permet de nous rassembler. Mieux : cette crise, qui pourrait nous éloigner, nous rapproche. Nous apprenons beaucoup les uns des autres !
° Quid de la composante technologique ?
Le télétravail n’est pas nouveau pour nous. Quand j’ai rejoint Microsoft, voici une quinzaine d’années, nous prônions à l’époque le NWW -New World of Work. Depuis, les technologies n’ont cessé d’évoluer. Voyez, aujourd’hui, le succès de Teams…
Mais l’essentiel est ailleurs. En particulier, l’équilibre entre travail et vie privée. Pour de précédentes activités, j’ai été amené à beaucoup voyager. Seul à l’hôtel, je trouvais normal de travailler jusqu’à minuit. Par ailleurs, lorsque j’allais chercher mes enfants à l’école sur le coup de 15:30, je culpabilisais… Il importe donc d’insister sur les résultats et non la présence. Penser output plutôt que input.
Priorité, désormais, à la résilience
° Comment ont évolué les relations avec vos clients et vos partenaires ?
Avant même le confinement, nous avions pris contact avec chacun. Nos clients comme nos partenaires savaient que nous avions opté pour le télétravail. Et que nous étions passé en mode business continuity… L’important est et reste de pouvoir continuer à servir nos clients. Et notamment, répondre à la forte demande de certains. Ainsi, pour l’enseignement supérieur et universitaire. En deux semaines à peine, nous avons multiplié par trois le nombre d’étudiants désservis -ils sont aujourd’hui plus de 380.000 ! Nous sommes et restons sur le front. A un autre niveau, nous avons mis des chatbots à dispositions des hôpitaux. Nous mettons aussi en oeuvre des outils de ML et AI pour identifier plus rapidement les pathologies.
Voilà pour l’immédiat. Il est sûr que d’autres projets, à plus longue échéance, seront postposés. Les entreprises vont réévaluer leurs investissements. Elles privilégieront la résilience.
(*) Didier Ongena, General Manager, Microsoft, Belgium & Luxembourg
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