La Belgique en passe de devenir le nouveau hub européen des data centers

«  Alternative très attractive » pour les exploitants de data centers. Telle est la conclusion de la troisième édition de l’étude de marché sur l’état des centres de données belges réalisée par la Belgian Digital Infrastructure Association.

A lire le State of the Belgian Data Centers 2024 de la BDIA, la Belgique tend à devenir un challenger majeur en Europe. Les défis auxquels sont confrontés les Tier 1 du secteur incitent les fournisseurs et les locataires internationaux à explorer de nouvelles régions, dont Bruxelles. Cela positionne la Belgique comme « un acteur émergent sur le marché international de la colocation ». De plus, la Belgique abrite l’un des plus grands campus de centres de données hyperscale de Google, avec un deuxième campus en construction à Farciennes, près de Charleroi.

L’impact des réglementations telles que l’EED, la directive européenne sur l’efficacité énergétique, façonne également les stratégies de marché, car les centres de données devront donner encore plus la priorité aux mesures d’efficacité énergétique et de durabilité pour se conformer aux exigences de la directive. « Ces facteurs soulignent collectivement le rôle croissant de la Belgique en tant que centre de données Tier 2 émergent, s’adressant à la fois aux entreprises locales et à une clientèle internationale de plus en plus importante », assure la BDIA.

Kevlinx BRU01, 16 MW

Le marché national de la colocation se professionnalise et se consolide. Ainsi, l’acquisition des quatre centres de données Proximus par Datacenter United. De plus, les stratégies de pointe à grande échelle poussent le marché de gros de la colocation à un niveau supérieur.

Le rapport met aussi en avant les investissements de Microsoft, qui déploiera son « white space » dans trois installations de colocation distinctes de différents opérateurs de centres de données dans la grande région de Bruxelles-Capitale -les travaux d’aménagement sont toujours en cours.

Le plus grand projet du moment est le campus Kevlinx BRU01. La première phase de développement comprend un centre de données de 16 MW et un front-of-house comprenant des bureaux et de la logistique. Un projet en devenir, tributaire de problèmes de chaîne d’approvisionnement, des délais d’autorisation et autres contraintes d’alimentation… comme partout ailleurs.

Consolidation inévitable

Pour la BDIA, l’évolution du marché de la colocation ne peut être que positive. De plus en plus d’organisations choisissent, en effet, de ne plus investir dans de nouvelles installations, renonçant aux mises à niveau. Et comme les normes ne font que s’élever, le recours la colocation se justifie pleinement. Cette évolution n’est pas sans conséquences. Les centres de colocation doivent, en même temps, investir dans la robustesse, la connectivité, la densité de puissance et la durabilité. Par conséquent, note l’association, le marché est appelé à se consolider. C’est ainsi que le néerlandais Penta Infra a repris le centre de données Nexus récemment achevé.

Le nombre d’opérateurs sur le marché belge de la colocation est néanmoins passé de 23 à 24 (Proximus y compris). Pb7 Research, à l’origine de l’étude, a pu identifier 15 opérateurs distincts en Belgique avec 50 kW de puissance informatique ou plus. « Nous supposons que plusieurs autres opérateurs de centres de données sont trop petits pour être pris sur notre radar ; nous estimons leur nombre à 9 », indique encore la BDIA.

Autre indicateur, la surface brute, ou surface au sol. Elle a augmenté de 9 % pour atteindre près de 118.000 m2. Sont compris : l’espace de données, les locaux techniques et les bureaux. Si l’on considère uniquement le « data floor », on constate que la Belgique dispose de près de 62 000 mètres carrés disponibles, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2023.

LCL, Digital Realty et Datacenter United : 72 % de la capacité !

En termes de puissance informatique, les centres de données de colocation en Belgique ont franchi le cap important des 100 mégawatts. 72 % de toute la puissance informatique disponible est générée par Digital Realty, LCL et Datacenter United [Proximus inclus dans la capacité de Datacenter United]. Penta Infra couvre actuellement 1,5 MW de capacité opérationnelle sur 7 MW de charge informatique au total.

Le marché accueillera bientôt Kevlinx et EdgeConneX. D’autres nouveaux venus sont aussi attendus, avec certains plans qui sont concrets et d’autres moins. « La Belgique, en particulier, la grande région de Bruxelles-Capitale, est bien située en Europe pour attirer davantage d’investissements d’acteurs internationaux ; elle est globalement assez ouverte à l’accueil de nouvelles initiatives »,estime la BDIA.

En termes de répartition régionale, force est de reconnaitre le déséquilibre entre les régions wallonne et flamande. Si l’on exclut les centres de données de la partie flamande de la région métropolitaine de Bruxelles, la Wallonie n’abrite que 4 % de la puissance informatique des centres de données du pays. C’est peu, fort peu.

Data centers : 261 MW en 2029 !

Pour cette année, la BDIA avait prévu une puissance informatique disponible sur le marché belge de la colocation de 125 MW. C’est moins. Constructions postposées ou retardées… les RFS (Ready For services) sont de bons indicateurs. « Aussi, analyse la BDIA, le principal contributeur à la croissance de 10 %, soit 10 MW, n’a pas été les centres de données de la nouvelle région cloud de Microsoft, mais le centre de données Nexus, ouvert au premier trimestre, avant d’être acquis par Penta Infra… »

Avec un boom continu des activités de construction, l’association s’attend à voir davantage de RFS pour les centres de données de Kevlinx, EdgeConneX, Datacenter United et LCL en 2025. « Nous prévoyons que le marché augmentera de plus de 50 % pour atteindre 162 MW au cours de l’année à venir. »

Au-delà de 2025, la BDIA a identifié des plans concrets pour 80 MW et constaté l’intérêt de nouveaux entrants potentiels sur le marché belge. « Prudemment, nous estimons que d’ici 2029, le marché national atteindra 261 MW, soit un taux de croissance annuel composé de 20,5 % ! Il existe, de toute évidence, un facteur international important qui peut contribuer à une plus grande croissance. »

Le seul véritable obstacle pourrait être l’accès à l’énergie…