Edebex, 83% de croissance… sans forcer
Tout en affichant des résultats exceptionnels, Edebex préfère consolider ses positions pour se renforcer. On peut être leader et se montrer prudent…
En 2013, au terme de son premier exercice, la start-up bruxelloise avait vendu pour 5 millions EUR de factures via sa plate-forme en ligne. A fin 2018, le seuil des 300 millions a été franchi. Entre-temps, aussi, Edebex a décuplé le nombre de ses collaborateurs -passant de 4 à 40 personnes. Et a conquis l’étranger de façon fulgurante en tant que scale-up, avec des succès en France (109% de croissance en 2018), au Luxembourg (95%) et au Portugal…
Ces chiffres prouvent une fois de plus la force du concept qui, par sa simplicité, est aussi unique qu’ingénieux : les PME en manque de cash-flow peuvent vendre leurs factures clients ouvertes via la plate-forme en ligne d’Edebex afin de disposer immédiatement des liquidités nécessaires (en d’autres termes, sans attendre la fin du délai de paiement); les entreprises qui disposent de liquidités excédentaires peuvent quant à elles les acheter en guise de placement très peu risqué, mais avec un rendement plus attractif que ce que l’on trouve ailleurs sur le marché.
Rien d’étonnant : la bonne gestion des liquidités constitue une véritable condition à la survie des entreprises. Selon une analyse réalisée par Graydon et la KU Leuven sur la perception des principales causes de faillite, il ressort que jusqu’à 29% des banqueroutes en Belgique seraient dues à des retards de paiement.
Prudence de sioux
«Produire de tels résultats est évidemment fantastique, mais c’est surtout la meilleure preuve qu’il existe un réel besoin de nos services sur le marché, explique David Van der Looven, cofondateur et CCMO d’Edebex. Nous constatons encore que la majorité de nos clients ont des difficultés à accéder aux canaux de financement traditionnels. Pour eux, nous offrons une alternative avantageuse et peu coûteuse aux solutions classiques de factoring.”
Et demain ? Edebex ne vise pas la croissance coûte que coûte. Mais à renforcer sa stratégie. En 2018, la fintech bruxelloise a vu un concurrent français tomber; aujourd’hui, c’est un acteur suisse qui montre des signes de faiblesse. Inutile d’aller trop vite. «Construisons sur nos acquis. A fin 2017, nous avons opéré un changement stratégique en visant l’équilibre budgétaire… que nous avons atteint au terme du premier semestre 2018. Comment ? En réduisant sensiblement nos charges, notamment en marketing; nous avons optimisé nos coûts, tous nos coûts.» Aujourd’hui, l’entreprise est particulièrement saine pour aborder son étape d’expansion.
Interconnecter d’autres services à Edebex
Cette consolidation ne signifie pas qu’Edebex est resté les bras croisés. Une toute nouvelle plate-forme informatique a été développée, permettant une importante simplification opérationnelle, une plus grande facilité d’utilisation et, en fin de compte, une efficacité accrue. «Neuf mois de travail, sur base de nos seules ressources internes ! Pour beaucoup, pareil projet aurait réclamé deux ans et l’assistance d’un partenaire technologique ! Objectif : développer de nouvelles API, interconnecter d’autres services à Edebex. Ainsi, la facturation...»
Consolidation, encore, au niveau géographique. A moins d’une opportunité, Edebex ne cherchera pas à s’étendre. Il y a tant à faire. Son formidable succès en est la meilleure preuve. «Consolider veut aussi dire se renforcer, conclut David Van der Looven. La concurrence aux Pays-Bas, en particulier, est très forte. On sent aussi monter l’agressivité des banques; sans proposer de services équivalents, beaucoup tentent de nous court-circuiter. C’est de bonne guerre !»