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Elections 2024, un numérique plus responsable
Les CIO européens prônent un numérique plus responsable à l’occasion des élections 2024. On sent néanmoins, pour y arriver, un excès de régulation et pas assez d’incitation et d’encouragement à innover et à oser.
Quel est l’impact souhaité des technologies numériques en Europe à l’issue des élections 2024? Comment l’UE peut-elle jouer un rôle de premier plan dans ce domaine ? Et quelles sont les conditions nécessaires à une vision industrielle de l’avenir numérique de notre continent ?
A ces trois questions, quatre associations –Beltug en Belgique, Cigref en France, CIO Platform Nederland aux Pays-Bas et Voice en Allemagne- répondant à travers un manifeste : A Perspective on tomorrow’s digital world. Représentent collectivement plus de mille grandes entreprises européennes utilisatrices de technologies numériques, elles ont identifié ensemble un certain nombre de priorités clés qui devraient être prises en compte au cours du prochain mandat européen pour favoriser le développement d’un numérique durable, responsable et de confiance.
Des réglementations à l’impact mondial
Le manifeste décrit les recommandations et stratégies nécessaires pour que l’Union européenne renforce sa compétitivité et son leadership en matière de technologie digitale et d’économie des données, tout en assurant une approche durable et équitable. Première recommandation, renforcer le secteur européen des solutions informatiques pour permettre plus de diversité dans les technologies et les fournisseurs. Notamment en établissant des réglementations à l’impact mondial, en intensifiant les initiatives de R&D européennes, et en mettant en place une IPCEI (Important Project of Common European Interest) pour les matières premières critiques afin de préparer stratégiquement et durablement les transitions énergétique et numérique de l’Europe.
Dans le même esprit, les quatre associations entendent encourager l’émergence et la croissance de nouvelles entreprises européennes, en veillant à ce que les futures « licornes » restent au sein de l’Union européenne, et soutenir une communauté open source pionnière.
Remarqué, aussi, le souhait de mettre en place un système de surveillance rigoureux pour les actifs européens afin de prévenir l’acquisition de firmes stratégiques européennes par des fonds étrangers mais aussi s’assurer d’être en mesure de fournir des alternatives européennes à ces fonds étrangers.
Pour une coopération plus soutenue
L’industrie est également visée à travers une plus grande responsabilité. Celle-ci, pour bien faire, devrait passer par de nouvelles réglementations obligeant les fabricants d’équipements informatiques et les fournisseurs de services numériques à publier et à réduire leur impact environnemental. Le document demande également la création d’une norme d’éco-conception pour les logiciels ainsi que d’une norme de mesure multi-critères pour l’empreinte environnementale numérique des organisations.
Ce qui suppose une coopération plus soutenue entre les agences réglementaires pertinentes au sein des États membres ainsi qu’entre les États membres pour harmoniser l’efficacité et l’efficience de l’application des réglementations.
Réglementer, mais avec nuance. Ainsi, développer une réglementation plus souple et plus agile pour accélérer les processus législatifs et de gouvernance en collaborant davantage avec les utilisateurs professionnels. Autre suggestion dans le même sens : rendre des mesures pour faciliter les migrations d’un fournisseur à un autre et prévenir les mauvaises pratiques commerciales ou la perpétuation de barrières techniques, organisationnelles ou commerciales par les fournisseurs, notamment dans le domaine des services cloud. Enfin, tenir les fournisseurs IT responsables de la conformité avec la législation et les normes de l’UE sur toute la chaîne de valeur, y compris la cybersécurité et l’intelligence artificielle.
Elections 2024… encourager et inciter davantage
Au final, les auteurs du rapport prônent une politique industrielle européenne, ferme et ambitieuse, dans le domaine du numérique, nécessaire pour disposer de solutions alternatives à celles qui dominent actuellement le marché.
On pourra toutefois reprocher à ce manifeste de bien trop tabler sur la régulation pour y arriver et pas assez sur l’incitation et l’encouragement à innover et à oser. Et certains points manquent clairement d’illustration par des mesures très concrètes. D’autant que l’on connaît les travers européens à confondre régulation et protectionnisme et, plus encore, à négliger tout mécanisme à même d’évaluer l’efficacité des politiques ici recommandées.