Cybersecurity
Governance, Resilience, IAM, PAM, DLP, SIEM, SOC
Et si Thales reprenait la cybersécurité d’Atos
Thales à la manoeuvre, l’Etat français en coulisse. Un « champion national » de la cybersécurité pourrait voir le jour d’ici peu.
Le groupe de défense et de technologies Thales aurait le soutien du ministère français de l’Economie et des Finances et de la Direction Générale de l’Armement pour tenter de reprendre les activités de cybersécurité de l’entreprise de services numériques Atos.
« Les ministères laissent Thales manoeuvrer pour créer un champion français dans le secteur », écrit BFM Business, ajoutant que l’industriel, dont l’Etat possède 25,7% du capital, bénéficierait du « plein soutien de Bercy ». La Direction Générale de l’Armement, aussi, militerait pour « la création de champion français qui lui soit proche », tout en s’inquiétant de l’avenir de l’activité de cybersécurité d’Atos.
Par ailleurs, toujours selon la même source, Airbus et Orange, cités comme étant potentiellement intéressés par ces mêmes activités, ne souhaiteraient pas bouger dans ce dossier.
En coulisses
Jusqu’ici, aucun commentaire des organisations concernées ou intéressées. Le projet n’est pourtant pas nouveau. Il s’est accéléré depuis l’annonce de la scission d’Atos en deux sociétés. La première entreprise, rappelons-le, conserverait le nom d’Atos. Elle regrouperait les activités historiques de gestion d’infrastructures de centre de données. La seconde prendrait le nom d’Evidian. Elle rassemblerait les activités liées à la transformation numérique ainsi que celles de big data et sécurité. Atos estime que cette division pourrait être finalisée au cours du second semestre 2023. Soit quelque mois après l’introduction en bourse d’Evidian.
Voici un an que le groupe de défense rôde autour du spécialiste de l’IT. Rappelons qu’Elie Girard, le patron d’Atos de l’époque, avait refusé de vendre l’activité de cybersécurité à son rival. Le CEO de Thales a alors discuté avec celui d’Orange pour tester son appétit. Tous deux avaient envisagé de racheter Atos ensemble. Un projet resté à l’état d’ébauche.
Elie Girard était en revanche plus ouvert aux réflexions d’Orange. Stéphane Richard avait d’ailleurs envisagé d’apporter l’activité Orange Business Service, qui fournit aussi du cloud et de la cybersécurité, à celle d’Atos. En échange de quoi Orange serait devenu son actionnaire de référence. Mais ses difficultés financières ont empêché les deux groupes d’aller plus loin.
L’Etat français, allié de Thales
Thales est alors passé à l’action en début d’année après la deuxième alerte comptable d’Atos. Ses banquiers ont proposé au nouveau CEO d’Atos, Rodolphe Belmer, de discuter d’un rachat. Patrice Caine était prêt à s’allier au fonds américain Bain. L’idée ? Permettre à Inetum, l’ex-GFI, de mettre la main sur les activités historiques d’Atos… Thales aurait alors repris la cyber d’Atos pendant qu’Inetum renforçait son activité d’infogérance.
Entretemps, Thales s’est emparé de 21sec et d’Excellium pour 120 millions EUR en vue de renforcer son expertise dans le domaine de l’évaluation des risques, des SOC et des CERT. C’est donc un groupe solide qui convoite un rival à la peine. Quant à l’Etat français, il laisse faire. Un tel rapprochement aboutirait à la création d’un champion national dans la cybersécurité et garantirait les intérêts souverains dans certains programmes sensibles.