Basée sur Fedora, l’initiative se veut open source, modulaire et indépendante
Alors que la fin de vie de Windows 10 approche et que les appels à l’indépendance technologique se multiplient, un projet open source baptisé EU OS propose une alternative européenne aux systèmes d’exploitation propriétaires.
Un Linux européen, réellement « souverain » ? L’idée n’est pas nouvelle. Elle refait surface en ces temps de crises géopolitiques. Encore à l’état de prototype, EU OS veut offrir aux administrations un socle commun, modulaire et souverain -loin des logiques de dépendance aux géants du numérique.
Pas de lien officiel avec la Commission, mais un message limpide : argent public = code public. Derrière la formule, pourquoi continuer à financer des licences propriétaires quand on pourrait bâtir une infrastructure logicielle commune, maîtrisée et auditable ? En attendant, c’est sur GitLab que le projet est hébergé.
Une base commune à personnaliser
Autre sujet à discussion, EU OS repose sur Fedora d’origine américaine. En même temps, c’est l’une des distributions communautaires les plus actives et les plus réputées en matière de sécurité. En outre, Fedora facilite l’approche « en couches » originale adoptée par les créateurs de « EU OS ». Plutôt que de proposer un système figé, EU OS a été conçu comme une base commune que chaque entité pourra personnaliser selon ses besoins spécifiques, qu’ils soient nationaux, régionaux ou sectoriels (avec par exemple l’intégration en standard de logiciels métiers adaptés).
Pourquoi pas en Europe ? Mais pourquoi tant d’échecs ?
Le projet s’inscrit donc dans la lignée de GendBuntu ou LiMux, avec l’ambition de faire mieux : une base unifiée pour l’Europe, mais adaptable à chaque administration. Le tout, avec une compatibilité étendue, y compris sur du matériel ancien. Soit une réponse directe aux coûts induits par la fin de support de Windows 10.
L’argumentaire est connu : réduction des dépenses publiques, contrôle accru sur les données, indépendance stratégique, stimulation de l’innovation locale… La Russie a son propre Linux « Alt Linux » et même une déclinaison « militaire » dénommée « Astra Linux », la chine a son projet « OpenKylin » qui récemment s’est enrichi d’une interface utilisateur copiée sur Windows, pourquoi pas l’Europe ? Certes. N’empêche : aucune distribution européenne n’a encore réussi à s’imposer durablement. Manque de volonté politique, résistance au changement, inertie administrative : les obstacles sont bien identifiés.
Courage !
EU OS veut incarner le principe « Public Money, Public Code », selon lequel les fonds publics devraient uniquement servir à financer des logiciels accessibles à tous et en open source. Reste à voir si cette initiative restera un projet de plus dans la galaxie des bonnes intentions… ou si les États membres auront le courage d’en faire un outil structurant de leur autonomie numérique.
L’histoire des distributions Linux spécifiquement développées pour le secteur public montre que l’enthousiasme initial peut vite s’essouffler face aux réalités du terrain, à la diversité des positions au sein de l’UE, aux rouages administratifs, mais aussi parfois aux contradictions et influences des initiatives citoyennes qui se multiplient un peu partout en Europe, mais sans véritable socle commun…