Les frais de roaming ont baissé le 30 avril : une étape intermédiaire avant l’Eurotarif qui n’est pas sans dangers
Nouvelle étape vers l’Eurotarif : des avancées, mais aussi des inconvénients. En particulier une complexité accrue pour le consommateur qui devra faire preuve de vigilance face aux nouvelles offres, une fragilisation de la concurrence sur le marché des télécoms et, à terme, un risque d’augmentation des prix nationaux, craint Jacques Bonifay, président de l’association MVNO Europe et président de Transatel Mobile.
Si les frais de roaming dans l’Union européenne seront supprimés à partir du 15 juin 2017, ils sont réduits depuis 30 avril 2016. Selon Jacques Bonifay, «les opérateurs ont à développer autour de la notion de ‘fair use’ des propositions plus complexes et moins lisibles; il faudra que les consommateurs soient très attentifs aux limitations exactes qui leur seront imposées.»
Pour l’heure, estime toujours Jacques Bonifay, l‘Eurotarif peut conduire à une fragilisation de la concurrence. Depuis le 1er mai, le règlement européen prescrit une baisse des prix de détail… sans toutefois imposer la moindre diminution des prix de gros de l’itinérance. «Cela entraine mécaniquement un effet ciseau négatif pour les opérateurs mobiles virtuels et les petits opérateurs. Les grands opérateurs, de par la structure du marché et leur capacité de négociation, arriveront à s’en prémunir. Les opérateurs les plus vulnérables seront fragilisés alors que ce sont eux qui sont les plus agressifs en termes de prix et qui se sont montrés les plus innovants. La Commission est censée revoir à la baisse les tarifs régulés de gros pour une mise en application dans 14 mois, au 1er juillet 2017. Il est à craindre que cette baisse ne soit pas suffisante et fragilise sur le long terme ces acteurs, qui sont pourtant les plus dynamiques...»
Toujours selon Jacques Bonifay, il y a un risque d’augmentation des tarifs nationaux : « Une partie des opérateurs en Europe, en particulier les plus agressifs commercialement, vont subir une perte de marge liée à la suppression des frais de roaming. Compte tenu des investissements nécessaires pour la 4G et, demain, la 5G, on peut craindre une augmentation, ou du moins une absence de diminution des tarifs nationaux. Quelque part, cela revient à faire financer la réduction des frais de roaming de ceux qui voyagent -et qui sont, en général, plus aisés- par ceux qui ont moins de ressources et qui ne voyagent pas à l’étranger.»
MVNO Europe s’engage à suivre le dossier de près, suivre en particulier l’évolution des prix de gros pour éviter qu’elle ne défavorise les acteurs innovants du marché.