Workplace
Freelances, catalyseurs de changement
Faire face à la disruption des compétences en Europe. Ou comment les freelances et les entreprises redéfinissent le marché du travail. L’analyse de Perrine Ferrault, Chief Community Officer, Malt.
Neuf freelances sur dix souhaitent le rester, ressort-il d’une étude de Malt Belgium, plateforme de freelancing. 67,5 % des sondés sont devenus freelance du fait d’une motivation personnelle, et non à cause de facteurs externes.
Il n’est plus question d’une solution de remplacement temporaire, explique Perrine Ferrault, Chief Community Officer, Malt. Les entreprises cherchent une réelle expertise. Plus de neuf freelances sur dix ont été salariés à temps plein par le passé et plus de la moitié ont plus de sept ans d’expérience. En Belgique, par exemple, 69 % des freelances estiment avoir des compétences plus spécifiques que leurs clients.
« Ce qui me fascine le plus, c’est à quel point ils sont sûrs de leur choix et satisfaits de s’être embarqués dans l’aventure du freelancing. Même la conjoncture économique difficile n’a pas ébranlé leur confiance. Plus de deux tiers des freelances interrogés se déclarent confiants quant à l’avenir de leur activité. Tout simplement parce qu’ils aiment ce qu’ils font ! »
Les freelances les plus confiants, tous pays confondus, sont ceux qui travaillent dans les secteurs de la tech et des datas (82 %), des fonctions support (82 %) et du conseil aux entreprises (81 %).
La liberté de choisir où et avec qui travailler, sur quels projets…
Autre constat de l’étude Freelancing in Europe 20924, le nombre de professionnels hautement qualifiés qui font le choix du freelancing est en pleine augmentation. Et bien que la flexibilité, y compris la possibilité d’augmenter ou de réduire la charge de travail, constitue l’un des avantages les plus reconnus du travail en freelance, l’enquête de cette année a montré qu’il s’agit là d’une motivation purement opérationnelle.
Ce qui importe le plus à 70% des freelances interrogés, c’est d’établir des relations solides et durables avec leurs clients. « C’est d’ailleurs pourquoi ils ont opté pour la liberté : la liberté de choisir où et avec qui travailler, sur quels projets, et comment créer l’entreprise de leurs rêves, poursuit Perrine Ferrault. Je suis fermement convaincue que le freelancing est non seulement là pour rester, mais qu’il constitue un modèle d’avenir. La question pour les entreprises est non pas ‘Dois-je faire appel à des freelances ?’, mais plutôt ‘Comment travailler avec des freelances et les intégrer plus efficacement à mon entreprise ?’ »
Les PME, les premières, ont saisi l’opportunité des freelances
Une tendance que les PME ont su identifier très tôt. Elles ont rapidement vu les freelances comme de véritables atouts commerciaux, volontaires, capables d’intervenir rapidement et de favoriser l’innovation. « Peut-être est-ce simplement le résultat d’une mentalité plus agile ? Mais je pense que cela va bien plus loin. Ce que les PME ont compris, c’est qu’elles pouvaient améliorer les performances de leurs équipes en comblant, selon les besoins, les manques de compétences en interne en faisant appel à des professionnels hautement qualifiés. »
Les entreprises ont notamment identifié deux avantages principaux. Un : elles peuvent tirer parti des compétences et de l’expertise de professionnels hautement qualifiés pour combler les manques de compétences en interne sans avoir à recruter un salarié à temps plein. Et, deux, elles peuvent s’appuyer sur l’expérience transversale et interprofessionnelle d’un freelance et en tirer parti pour former leurs équipes aux dernières tendances, technologies et bonnes pratiques.
« C’est d’ailleurs sur ce point que les freelances présentent un véritable avantage concurrentiel par rapport aux salariés. Le fait de devoir ‘se battre’ pour trouver du travail les amène à anticiper davantage les évolutions nécessaires pour rester compétitifs sur un marché en pleine mutation – un marché fortement influencé par la promesse de l’IA et son potentiel à remodeler les métiers de demain. »
L’IA à fond, pour rester à la page
C’est pourquoi, note Perrine Ferrault, il n’est pas étonnant de voir dans l’enquête que les freelances consacrent en moyenne cinq heures par semaine à la formation et au renforcement des compétences, que ce soit par pure curiosité ou pour se démarquer sur le marché. « Depuis quelques mois, l’IA figure clairement en tête des préoccupations en matière de renforcement des compétences, non seulement parce que de nombreux clients sont en quête de profils possédant une certaine expérience de l’IA, mais aussi car ils se rendent compte qu’ils doivent apprendre à tirer parti de l’IA de manière stratégique pour améliorer leur offre. Un excellent exemple de la manière dont les freelances prennent leur destin professionnel en main pour rester à la page, répondre à l’évolution des besoins des clients et rester résilients malgré un contexte économique incertain. »
Pour toutes ces raisons, Perrine Ferrault pense que le freelancing a le vent en poupe. « Tout d’abord, on compte aujourd’hui plus de freelances que jamais en Europe, et leur activité est en plein essor. Désormais, l’enjeu est de faire comprendre aux grandes entreprises ce que les PME ont compris depuis longtemps : les freelances d’aujourd’hui sont des experts hautement qualifiés qui peuvent injecter de nouvelles manières de penser et favoriser l’adoption de nouvelles méthodes de travail ».
Imaginer et innover plutôt qu’exécuter
Bien que les résultats de l’enquête de cette année montrent que, rien qu’au cours de l’année écoulée, les freelances ont dédié 44 % de temps supplémentaire à des projets pour de grandes entreprises, il reste d’importantes opportunités de croissance à saisir.
Et Perrine Ferrault de conclure : « les entreprises qui savent tirer au mieux parti des freelances sont celles qui les invitent à imaginer et à innover à leurs côtés… et non simplement à exécuter les projets qui leur sont confiés ! »