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Gaia-X, souverain… sans les Américains ?

Nov 5, 2021 | Cloud | 0 commentaires

Retard, désaccords stratégiques entre les membres, ouverture à des entreprises non-européennes, projets concurrents… Gaia-X, le cloud souverain, a du mal.

Souverain ? Au départ un principe simple : édifier des règles communes pour faire émerger des services cloud européens. Objectif : tendre vers une souveraineté numérique, en localisant les données des Européens, sur le Vieux Continent. Utile, nécessaire. Impérieux même. Pourtant, Gaia-X -qui compte plus de 320 membres- a du mal à se mettre en route même si plusieurs comités techniques sont au travail.

Les causes ? Multiples. Globalement, critiquent les observateurs, le projet prend des directions suscitant l’incompréhension. En s’ouvrant, par exemple, aux Chinois et aux Américains : Alibaba, Huawei, mais aussi AWS, Google, Microsoft…

Sans les Américains, vraiment ?

Quand bien même les acteurs non-européens ne peuvent intégrer le conseil d’administration de Gaia-X, ils opèrent dans les comités techniques. Là, précisément, où sont discutées les règles s’appliquant aux futurs clouds européens. De plus, des associations présentes au conseil d’administration comme Bitkom, CISPE ou Digital Europe représentent les intérêts de certains GAFAM.

Quid, aussi, d’un opérateur comme Deutsche Telekom ou la société de défense Thales qui ont annoncé des accords stratégiques avec Google ? Que penser, enfin, d’Orange, qui propose avec Capgemini des services cloud en partenariat avec Microsoft sous la marque Bleu… présentée comme un cloud souverain ?

Souverain, un terme en manque de définition

Peut-on réellement parler de cloud souverain ? Quelle définition veut-on lui donner ? Immanquablement, la question sera à nouveau posée à Milan les 18 et 19 novembre lors du Gaia-X Summit 2021. L’objectif sera d’effacer les doutes. L’association mise sur une série de labels pour certifier la qualité des fournisseurs de services cloud en sécurité, confidentialité et souveraineté.

Une question plus fondamentale subsiste : peut-on encore réellement parler de cloud souverain quand on sait qu’AWS, Google et Microsoft contrôlent 70 % du marché européen ?

Face à Gaia-X, une autre alliance s’est formée en juillet passé, Euclidia. Plus petite, bien moins bien représentée, celle-ci ambitionne de valoriser des solutions cloud uniquement européennes aussi bien open source que propriétaires pour les faire percer dans la sphère publique incluant ministères et agences gouvernementales.

Autre piste, le Digital Markets Act

Pendant ce temps là, la Commission européenne et les capitales nationales développent également un nouveau projet important d’intérêt européen commun pour les services cloud, un programme de financement de la politique industrielle qui permettrait aux gouvernements de verser des subventions dans le secteur.

Gaia-X, Euclidia… ou d’autres voies pour viser la souveraineté ? Dans ce grand désordre, certaines entreprises attendent davantage du Digital Markets Act -une loi dure plutôt que les normes douces de l’industrie. Les règles du DMA, toujours en devenir, s’inspirent de l’expérience récente en matière d’application de la concurrence, mais dans plusieurs cas, vont beaucoup plus loin. Le DMA réclamerait plus d’«équité» et de «contestabilité» sur les marchés numériques, étendant ainsi les objectifs traditionnels de la politique de concurrence dans l’Union européenne à ceux de nombreuses autres parties du monde.

Alain de Fooz