Artificial Intelligence
Artificial Intelligence, Deep Learning, Machine Learning
GenAI, le temps des consultants augmentés !
Les métiers du conseil vont pouvoir réaliser des gains de productivité spectaculaires. Leurs capacités opérationnelles seront propulsées vers de nouveaux sommets, pour certains inexplorés. Explications de Ghislain de Pierrefeu, Partner, Wavestone.
A priori, ce sera tout bénéfice pour les consultants. La GenAI se traduira par une réduction drastique du nombre de tâches à faible valeur ajoutée et par une accélération de certaines analyses, du diagnostic ou du benchmark.
Comme le note Ghislain de Pierrefeu, Partner, Wavestone, « autant certaines de ces évolutions font rêver, autant d’autres font peur. » Ce qui est sûr c’est que, à l’instar des autres industries, les avancées de l’IA générative nous obligent à réinterroger notre proposition de valeur et la place que l’on souhaite donner à l’humain. Une étude Harvard Business School, réalisée avec le BCG, a montré que sur des tâches basiques, les consultants augmentés ont pu traiter les tâches 21 % plus vite que les autres et la qualité de leurs résultats est jugée 40 % supérieure aux consultants sans IA.
C’est évidemment beaucoup moins vrai pour certaines tâches complexes et par ailleurs assez variables en fonction des profils mais en tout cas suffisant pour reconnaître un apport réel. « Quand on regarde nos journées, il y a effectivement beaucoup de temps ‘perdu’ à accéder à une information -fiable si possible-, beaucoup de temps à rédiger des documents où des mails efficaces… mais est-ce vraiment là la valeur ajoutée du consultant ? »
Expertise et personnalisation
Qu’attend-on vraiment d’un consultant ? Parfois qu’il permette de comprendre vite une situation, un marché, une technologie où de se comparer à ses pairs. Mais, le plus souvent, d’une part qu’il aide l’entreprise à se différencier en capitalisant sur ses actifs et ses collaborateurs et, d’autre part, qu’il contribue à faire réussir les transformations. « Ici, il est peu question d’accès aux informations ou de créativité, mais beaucoup d’expertise, de personnalisation et de conduite du changement », nuance Ghislain de Pierrefeu.
Sans doute les GenAI permettront d’aider sur ces trois domaines, mais elles n’y seront pas centrales avant longtemps, estime le Partner de Wavestone. Sur l’aspect personnalisation, les études confirment l’intuition que les consultants augmentés sont certes un peu plus performants, mais apportent des réponses beaucoup moins variées. Les clients ont rarement pour objectif de se voir appliquer systématiquement les mêmes recettes que leurs concurrents.
Sur le sujet de l’expertise, qui n’a pas encore été testé, les GenAI auront beaucoup de mal à proposer des choses réellement opérantes tant les données publiques sur lesquelles elles sont entraînées sont loin des réalités du terrain auxquelles est confronté un véritable expert. « Il y a une différence entre aider à réparer un grille-pain en en partageant la photo et le problème et savoir identifier la meilleure solution (OpenAI, Open source…) pour un cas d’usage GenAI complexe en intégrant les performances du modèle, mais aussi sa frugalité, son explicabilité, son respect des politiques internes sur les données et les algorithmes… »
Consultants augmentés… pour du temps libéré
Enfin, sur le sujet de la conduite du changement, l’humain, la co-construction, la prise en compte de facteurs irrationnels, l’intelligence de situation dont il faut faire preuve sont autant de domaines où l’intelligence humaine conservera son avance encore longtemps. « Et si, finalement, ce mouvement permettait de trier le bon grain de l’ivraie », questionne Ghislain de Pierrefeu.
Prenons l’exemple du conseil en transformation GenAI. « Le mauvais consultant lira internet ou utilisera ChatGPT pour identifier des idées de cas d’usages, pour lister les meilleures réponses technologiques et lui demandera de formaliser un plan projet. Le bon consultant, lui, partira des enjeux métier, identifiera quelques pistes réellement souhaitables pour le métier, fera l’effort de comprendre les singularités de processus, de culture et de système d’information pour proposer des options réalistes ! »
Remettre l’humain au centre de la proposition de valeur
Le bon consultant portera ensuite le gros de son énergie dans l’atterrissage dudit cas d’usage dans les processus métiers, les systèmes d’information et les mains des utilisateurs. Le temps libéré grâce aux GenAI permettra sans doute d’encore mieux traiter ces dimensions capitales.
Bref, comme pour la plupart des industries, et même si cela peut sembler paradoxal, la GenAI contribuera à remettre l’humain, l’expertise et les singularités au centre des propositions de valeur, plus que les capacités d’analyse massive ou de génération de contenu et de slides. Est-ce une si mauvaise chose ?