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Google Cloud supprime les frais de sortie. Et alors ?
En mettant fin aux frais de sortie de données pour les clients souhaitant migrer vers un autre cloud, Google Cloud donne un signal à la concurrence et aux régulateurs Le géant anticipe un durcissement de ces derniers.
Google Cloud ne facturera plus les frais de sortie aux clients qui souhaitent migrer toutes leurs données vers un autre fournisseur de cloud ou un centre de données sur site. C’est là, de toute évidence, un changement important sur le marché du cloud public. Google Cloud est le premier des trois grands hyperscalers à supprimer ces frais.
Comme AWS et Microsoft Azure, Google Cloud fait l’objet de critiques depuis des années concernant les frais de sortie, constate Steven Dickens, VP and Practice Leader, The Futurum Group. Pour cet analyste, il n’est pas sûr que l’annonce de la suppression des frais de sortie change le cours des choses. « Il y a des mises en garde avec cette annonce. » En effet, les clients doivent déplacer toutes leurs données hors de Google Cloud pour pouvoir bénéficier des crédits de transfert gratuits. Ils doivent d’abord postuler et être autorisés par Google, puis déplacer toutes les données dans les 60 jours suivant l’approbation. Les transferts gratuits couvrent les données résidant dans BigQuery, Cloud Bigtable, Cloud SQL, Cloud Storage, Datastore, Filestore, Spanner et Persistent Disk de Google Cloud. Cela dit, même avec des limitations, les crédits peuvent permettre à certaines entreprises d’économiser des frais substantiels si elles souhaitent quitter Google Cloud.
AWS et Microsoft Azure seront obligés de suivre
« La décision de Google pourrait faire pression sur ses plus grands rivaux AWS et Azure sur les fronts concurrentiel et législatif, entrevoit Steven Dickens. Dans le passé, les changements de prix du cloud public ont eu un effet domino. Lorsque l’un des trois grands baissait ou augmentait ses prix, les deux autres suivaient souvent. Nous nous attendons à ce que cela se produise maintenant. AWS et Azure suivront l’exemple de Google en matière de frais de transfert. »
L’autre développement qui mérite d’être surveillé est ce que cela signifie pour les enquêtes antitrust en cours aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans l’Union européenne. Les régulateurs des trois zones géographiques ont étudié ou envisagent d’enquêter sur le rôle des frais de sortie dans les pratiques anticoncurrentielles. « Ce changement de Google pourrait influencer les pratiques plus larges du secteur, en particulier dans le contexte d’une attention réglementaire croissante. »
Bien qu’il s’agisse d’une bonne décision pour ses clients et qu’elle puisse donner à Google un avantage concurrentiel sur AWS et Azure (au moins à court terme), Steven Dickens pense que la motivation de Google inclut également de s’attirer les faveurs des régulateurs en prenant des mesures qu’ils seraient éventuellement contraints de prendre. « Cette approche exerce une pression sur AWS et Azure pour qu’ils fassent de même ! »
Regarder vers l’avant
The Futurum Group pense que cette décision sera bien accueillie par les clients… même s’Il est trop tôt pour dire si cela va accroître la tendance des entreprises clientes à envisager le rapatriement des données des cloud publics vers les environnements sur site. « Cependant, il nous parait fort peu probable de voir beaucoup d’entreprises déplacer toutes leurs données d’un cloud à un autre ou du cloud vers un système sur site, remarque Steven Dickens. Sauf, peut-être, pour l’archivage des données à long terme. Les frais de sortie constituent un véritable obstacle au déplacement de grandes quantités de données d’archives. »
En raison des limites de ce programme de transfert gratuit, Steven Dickens ne prévoit pas de conséquences sur les revenus de Google Cloud. Au contraire. « Cela pourrait permettre à Google d’économiser des centaines de millions, voire des milliards de dollars, en amendes de la part des régulateurs… C’est pourquoi, aussi, Amazon et Microsoft devraient suivre ! »
La décision n’en reste pas moins judicieuse de la part de Google Cloud pour devancer la pression réglementaire et bénéficier de l’avantage du premier arrivé sur ce qui était susceptible de se produire de toute façon. « Nous ne saurons jamais ce qui s’est passé dans les salles obscures avec les régulateurs, mais nous pensons que Google Cloud a fait des progrès prudents avec cette annonce ! »