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Hexa-X, le projet de 6G européen prend forme
Hexa-X, un vaste projet européen de recherche de deux ans et demi pour avancer la 6G à l’horizon 2030. Nokia aux commandes.
L’initiative Hexa-X, lancée symboliquement le 1er janvier dernier et coordonnée par Nokia avec Ericsson pour la partie technique, rassemble 25 industriels et universités. A bord, des acteurs comme Orange, Siemens ou Telefónica. Relevons aussi la présence d’Intel, à travers qui les Etats-Unis, très dépendants des équipements télécoms européens depuis le rachat de leur fleuron Lucent par Alcatel en 2006 et la faillite du canadien Nortel en 2009, sont représentés.
Au-delà d’un débit toujours plus rapide, la 6G pourrait bien nous permettre d’accéder à des technologies jusqu’alors très peu développées. «Je suis convaincu que nous verrons des applications qui connecteront les humains aux machines, commente Peter Vetter, Head of Access and Devices Research, Nokia Bell Labs. La 6G pourrait alors devenir une sorte de sixième sens qui comprendrait intuitivement nos intentions. Un moyen de rendre nos interactions avec le monde physique plus efficaces et d’anticiper nos besoins, le tout améliorant ainsi notre productivité. Hexa-X va être d’une importance capitale !»
Des réseaux dotés d’un sixième sens
A ce stade, le consortium a élaboré une «vision» pour la 6G. Et identifié six domaines de recherche, allant de l’environnement à l’intelligence connectée. «La 5G a été conçue comme un triangle, avec trois apports principaux : plus de débit, plus d’usages critiques et plus d’objectifs connectés, rappelle Arnaud Vamparys, Vice President Senior, Orange. La 6G, elle, ressemblera plus à un hexagone, avec ses six côtés. L’idée est d’avoir des réseaux dotés d’un sixième sens, anticipant nos besoins.»
En lançant Hexa-X alors même que les cas d’usages et le «business model» de la 5G ne sont pas bien définis, l’Europe espère ne pas céder trop de terrain, en particulier vis-à-vis de la Chine. Pékin, rappelons-le, a lancé en novembre dernier un satellite de 70 kg dans l’espace pour tester les bandes de fréquences térahertz (THz) nécessaires à la 6G. Une première mondiale. En 2019, le régulateur américain des télécoms avait, quant à lui, ouvert du spectre sur cette même bande pour mener des expérimentations.
Hexa-X avance. L’UIT pas encore
Les bandes térahertz sont au coeur de la promesse de la 6G. Ces bandes, qui démarrent à 110 GHz et au-delà, sont les plus hautes et les plus larges. Elles offrent donc plus de débit. Grâce à elles, le débit de pointe en 6G pourrait atteindre 1.000 Gbs, 50 fois plus que la 5G. Le temps de réponse du réseau (latence) serait lui divisé par dix pour atteindre seulement 0,1 milliseconde.
En attendant, d’autres étapes devront être franchies. Le plus importante sera la standardisation de la 6G -un long processus technico-diplomatique qui commencera dans trois ou quatre ans dans les enceintes internationales. «L’UIT n’a pas encore commencé à travailler sur les standards 6G», reconnait l’agence télécom de l’ONU basée à Genève.
Nokia reprendra-t-il le flambeau ?
Nokia et Ericsson, les deux seuls équipementiers européens, ont tout intérêt à se positionner très en amont, pour tenter d’obtenir le leadership technologique et pouvoir vendre leurs antennes aux opérateurs télécoms du monde entier.
La concurrence sera rude, en particulier avec les Chinois. Distancé sur la 4G par Huawei, Nokia a repris la main avec la 5G. Le finlandais tiendra-t-il la distance avec la 6G ? Profitera-t-il des déboires de son concurrent chinois ?