La crise sanitaire l’a montré, les entreprises ont besoin de résultats financiers en temps réel. Rarement encore, les professionnels du chiffre en disposent.

° La crise sanitaire a montré l’urgence à pouvoir prendre des décisions rapidement. Comment, chez Horus Software, éditeur de logiciels comptables, avez-vous vécu ce changement de paradigme ?

Philippe Tailleur (*) : Tout a basculé en trois jours : l’annonce du confinement le vendredi 13 mars et l’arrêt des activités le lundi. Un tsunami ! Si ce n’est qu’un tsunami ne se produit qu’une fois, alors qu’ici nous en sommes à la deuxième vague et que l’avenir n’a jamais été aussi incertain. Comme toutes les entreprises, nous avons été impactés.

Jérôme Tailleur (**) : Le monde a vraiment changé. Et, tout comme la plupart des petites et moyennes entreprises, les fiduciaires ont été chamboulées. Beaucoup, d’ailleurs, ont montré leurs limites d’action. Si elles ont tenté de rassurer leurs clients, notamment sur les droits passerelle et autres aides publiques, la plupart ont été incapables de sortir les chiffres dont leurs clients avaient besoin. Nombre d’entreprises, en effet, sont entrées dans la crise avec une visibilité comptable et financière remontant au 31 décembre 2019 !

Reconsidérer le traitement de l’information

° Est-ce là, comme vous le mentionnez, une limite d’action’ ? Faut-il y voir un retard technologique ? Ou un retard opérationnel, voire organisationnel, comme pourrait l’être la dématérialisation ?

Ph. T. : Voici plus de quinze ans qu’on nous parle de dématérialisation ! Elle est évidemment nécessaire. Mais dématérialiser ne suffit pas à répondre aux problèmes actuels. C’est un peu comme le mot ‘web’, qu’on nous présente encore comme un synonyme de modernité… Fondamentalement, il s’agit de reconsidérer le traitement de l’information. Baser celui-ci sur le temps réel. Ce qui, pour un professionnel du chiffre, change tout. Son métier, alors, devient réellement une activité de conseil.

° Justement, quelles solutions techniques existent sur le marché ?

J. T. : Dans leur grande majorité, les solutions de gestion existent depuis plus de vingt ans. Si, entretemps, les couleurs et la terminologie ont changé, ces produits n’ont guère évolué. De là notre fameuse limite d’action…

Ph. T. : Il est grand temps de sortir les métiers du chiffre des aspects purement déclaratifs -les obligations légales et administratives. Les clients, à savoir les entrepreneurs, doivent pouvoir tirer profit d’une gestion en temps réel. La prise de bonnes décisions est conditionnée à cette capacité… Cette notion d’information en temps réel permet de gérer ses affaires de manière éclairée, de prendre les meilleures décisions possibles, d’anticiper rapidement les problèmes. Ou, encore, de s’adresser à son banquier et à ses partenaires de manière crédible.

Ne rien imposer

° Vous insistez sur le temps réel. N’est-ce pas la finalité de toute solution technologique ?

Ph. T. : Oui. Malheureusement, ce n’est souvent qu’un voeu pieux. Pour créer Horus Office, malgré mes trente ans d’expérience dans le secteur, nous sommes partis d’une page blanche. Nous pris en considération les seuls besoins des professionnels du chiffre, sans rien leur imposer. L’intelligence artificielle et l’analyse comportementale sont, à ce niveau, des ressources exceptionnelles. Il ne s’agit plus seulement de répondre aux obligations légales, ce que font tous les logiciels, mais d’établir un véritable échange entre les professionnels du chiffre et leurs clients.

J. T. : Horus offre une situation de l’activité en temps réel dans la mesure où l’encodage se réalise en plusieurs phases. Les différents aspects d’un encodage (trésorerie, TVA, fiscal,…) étant dissociés, la partie trésorerie peut être traitée immédiatement et automatiquement par notre intelligence artificielle.

° Vous insistez beaucoup sur cette intelligence artificielle. Fait-elle réellement la différence ?

J. T. : Oui, dans le sens où encoder appartient au passé !Grâce à l’intelligence artificielle, les pièces comptables sontencodées automatiquement. Il vous de vérifier la cohérence. Puis de conseiller. Bref, c’en est fini des tâches sans valeur. Aussi, nous invitons les professionnels du chiffre à se concentrer sur leur métier de conseil, sur ce qui génère réellement de la valeur…

Ph. T. : C’est aussi une vraie plue-value pour les clients. Avec l’app Horus Mobile, ils peuvent suivre leurs chiffres en temps réel, collecter leurs documents, facturer, gérer leur trésorerie, etc. Notre message repose sur la simplicité. En clair : manipulez vos données comme bon vous semble, tout est possible dans ce logiciel nouvelle génération !

L’AI, l’assistant qui tient les dossiers à jour

° Quel rôle voyez-vous pour le comptable de demain ?

Ph. T. : En comptabilité, les tâches de routine et répétitives, qui représentent jusqu’à 80 % du temps, sont ou seront tôt ou tard automatisées par l’AI. Le métier ne disparaitra pas pour autant. Au contraire. Il n’en sera que plus intéressant, tout tient à la valeur générée.

J. T. : En faisant un usage intelligent des technologies mises à sa disposition, le comptable pourra se focaliser sur des tâches plus intellectuelles et plus approfondies, notamment dans le suivi client, les conseils fiscaux, les tableaux personnalisés, les analyses poussées, etc. Dans ce contexte, l’AI sera l’assistant qui tient les dossiers à jour, tandis que le professionnel du chiffre fournira une vision journalière, ce qui amènera de meilleures prises de décision pour les dirigeants d’entreprise.

(*) Philippe Tailleur, CEO, Horus Software

(**) Jérôme Tailleur, Sales Development Manager, Horus Software