IA et durabilité, incompatibilité ? Digital Realty en première ligne

Jusqu’à 80% des data centers seraient inadaptables aux besoins de l’IA. Comment faire quand les exigences en termes de durabilité deviennent de plus en plus strictes ?

« Nous devons être prêts pour la vague de l’intelligence artificielle en Belgique, explique David Louis, Managing Director, Digital Realty Belgium & Luxembourg. Nous devons être en mesure de répondre à la demande accrue de capacité de calcul et de connectivité qui en découlera. Ce qui veut dire, aussi, que les vieilles salles de serveurs de nombreuses entreprises passeront progressivement à l’arrière-plan, tandis que les data centers que nous proposons prendront la relève… »

L’intelligence artificielle, le calcul haute performance, le machine learning et, de manière plus générale, l’automatisation augmentent la demande en traitement, ce qui entraîne des densités thermiques plus élevées par puce. Cela contribue à ce que les serveurs produisent plus de chaleur, qu’il faut évacuer. Dans certaines applications, la chaleur produite atteint un niveau où le refroidissement à air ne suffit pas à refroidir des racks à haute densité…

Plus d’énergie, plus de refroidissement

La durabilité est un enjeu crucial pour les data centers. Et avec l’essor attendu de l’IA, cela ressemble à un défi. Pour nombre d’opérateurs, il faudra s’adapter ou disparaitre. « Ces trois dernières années, nous avons triplé la capacité de notre campus digital belge et investi 25 millions EUR supplémentaires dans la modernisation. Entre autres, nous avons, par exemple, installé près de 1000 panneaux solaires et remplacé les refroidisseurs obsolètes », situe le nouveau responsable de l’entreprise.

L’année 2024 marque un point d’inflexion important dans une industrie des data centers métamorphosée par l’adoption massive de l’IA, de nouvelles règlementations et l’impératif d’une transition énergétique renforcée et d’une gestion toujours plus écoresponsable. « Ces tendances initient le début d’une transformation profonde dans les pratiques de cette industrie, relève Jo-An Garbutt, Director of Sustainability & Government Engagement, Digital Realty. Alors que les charges de travail en IA augmentent dans les data centers, l’utilisation de méthodes de refroidissement à haute densité comme le refroidissement par liquide s’impose. » Qu’il s’agisse du refroidissement liquide assisté par air (AALC) ou du refroidissement liquide direct (DLC), ces technologies sont beaucoup plus adaptées au refroidissement des serveurs d’IA.

Pionnier de l’avenir des centres de données d’IA

Déjà première organisation mondiale de centres de données à rejoindre l’initiative SBTi (Science-Based Targets initiative) en 2020, Digital Realty explore toutes les pistes d’évolution. Car, comme l’indique David Louis, la demande va exploser. Dans ses résultats déclarés du premier trimestre 2024, environ 50 % des 252 millions USD de réservations de la société étaient déjà liés à l’IA !

L’IA est en train de révolutionner les opérations de Digital Realty. Défi, mais aussi formidable opportunité. « L’IA est aussi au service de l’efficacité énergétique, poursuit Jo-An Garbutt. Nous avons développé une plateforme d’intelligence artificielle d’efficacité énergétique pour améliorer l’efficacité énergétique et améliorer le PUE (Power Usage Effectiveness). Cela nous permet de localiser les emplacements chauds ou froids dans les salles de serveurs et d’entreprendre des actions immédiates pour une meilleure gestion des flux d’air. Pour nos équipes du centre de données, cela signifie des informations de grande valeur et un contrôle remarquable. Les modèles d’IA appliqués apprennent par eux-mêmes, permettent l’agrégation des résultats et un audit limpide de l’efficacité de la gestion des flux d’air dans chaque pièce… »

En juillet, Digital Realty reçu le prix « AI Data Centre of the Year » lors des Datacloud Global Awards 2024 de BroadGroup, qui reconnaît l’entreprise en tant que leader dans le développement et la fourniture de solutions de centres de données IA de premier ordre qui permettent aux entreprises d’exploiter tout le potentiel de l’IA et des applications gourmandes en données.

A la croisée des chemins

Nous sommes à l’aube de changements majeurs, estime encore Jo-An Garbutt. Du fait de l’IA, la conception même des centres est en train de changer. « Nous devons envisager des mesures qui vont au-delà de la mesure traditionnelle PUE, afin de prendre en compte la réduction attendue de la puissance de ventilation grâce aux systèmes de refroidissement liquide. Avec l’arrivée d’équipements informatiques plus compactes, étanches et plus rapides, les températures augmentent dans les salles de serveurs. Nous sommes prêts à transférer cette chaleur vers des réseaux de chaleur locaux. De plus, nous contribuons de cette manière à des solutions à faibles émissions de CO2. »  Ce n’est là qu’un exemple.

Gagner en performances, gagner en durabilité, « il faut travailler sur tous les fronts », résume David Louis. Et vite. Ce qui veut dire déployer de nouvelles technologies, mais aussi réutiliser des éléments clés d’infrastructure et autres composants. « Nous allons lancer de nouveaux programmes de reprise, de recyclage et de remise à neuf pour réduire les déchets électroniques ainsi que nos émissions de Scope 3. »

Economie circulaire

Au cours des trois à cinq prochaines années, le projet de circularité devrait aider Digital Realty à économiser et éviter près de 50 à 70 % du carbone incorporé dans ses équipements BT, MT et UPS triphasés, tout en prolongeant le cycle de vie des équipements et, par conséquent, améliorer l’impact sur l’environnement.

Dans le cadre de cet engagement -mais également d’autres projets-, Digital Realty vise à réduire les émissions de Scope 1 et Scope 2 de 68 % et les émissions Scope 3 de 24 % d’ici 2030.

IA et durabilité, tout se tient !