Artificial Intelligence
Artificial Intelligence, Deep Learning, Machine Learning
« J’ai testé ChatGPT à l’université ! »
Dans son dernier cours sur l’intelligence artificielle en 2022, Jacques Folon, Professeur à l’ICHEC, a exploité ChatGPT qui n’avait que quelques jours à peine. Retour d’expérience dans le milieu universitaire, mais pas que…
« Plutôt, comme certains y pensent, que lutter contre l’IA, repensons nos cours pour y intégrer l’IA afin d’apprendre à nos étudiants à s’en servir, à identifier ses forces et faiblesses, afin qu’une fois dans le monde du travail ils puissent s’y intégrer en utilisant les technologies existantes ! »
Apparu début décembre, chatGPT a surpris tout le monde par sa simplicité et son efficacité. Etonnement, mais inquiétude aussi. Notamment dans l’enseignement universitaire. Dans son dernier cours de l’année 2022 à l’USaint-Louis, consacré à l’intelligence artificielle, alors que ChatGPT avait à peine quelques jours, Jacques Folon a divisé la classe en deux et fait travailler la moitié des groupes avec ChatGPT et la moitié sans. « C’était impressionnant ! Un des groupes a présenté un travail entièrement rédigé par ChatGPT, avec uniquement quelques adaptations mineures, c’était bluffant. Les étudiants se sont d’ailleurs posés pas mal de questions quant à l’évolution de leurs travaux et du rôle des enseignants… »
ChatGPT… il n’y en a plus que pour elle ! Pourtant, cette IA n’est qu’au stade de développement. Mais voilà, elle a derrière elle des personnalités du monde de la tech comme Elon Musk et Sam Altman. Et OpenAI, l’éditeur, s’intéresse à un large éventail de sujets liés à l’IA, tels que l’apprentissage profond, la robotique, les systèmes de recommandation et l’analyse de texte. L’organisation a également développé plusieurs modèles de traitement du langage, tels que GPT (Generative Pre-training Transformer) et GPT-3 (Generative Pre-training Transformer 3), qui sont utilisés dans diverses applications telles que la génération de texte, la traduction et la recherche d’information.
Présentez-vous !
« Je suis un modèle de langage formé par OpenAI, se présente ChatGPT. Je suis conçu pour répondre aux questions et fournir des informations sur un large éventail de sujets. Mon objectif est de vous aider à trouver les réponses que vous cherchez de manière rapide et précise. Si vous avez une question à laquelle vous souhaitez que je réponde, n’hésitez pas à me la poser. Je ferai de mon mieux pour vous aider. Je suis un outil de traitement de langage naturel et je n’ai pas d’opinions personnelles, ni de préférences. »
ChatPGT est très intuitif. Et c’est sa force. En quelques clics, on crée un compte et c’est parti. « Vous posez une question et, en quelques secondes, vous avez la réponse qui s’écrit devant vos yeux. Et les réponses sont assez fiables. Il y a néanmoins quelques faiblesses : ChatGPT se base sur une copie d’internet de 2021 ; certaines réponses ne sont donc pas actualisées, imprécises, voire inexactes. Il manque souvent les sources pour faire un travail académique de qualité. Néanmoins c’est déjà une aide précieuse. »
Les professeurs les moins connectés… les plus inquiets !
Les usages de ChatGPT sont multiples : rédiger une lettre de motivation, aider un programmeur à coder, écrire un article de blog, répondre à toutes sortes de questions… Ce qui inquiète plus les professeurs d’université, en tout cas ceux qui sont un peu connectés, c’est que les étudiants vont évidemment découvrir cet outil et s’en servir pour leurs travaux, leurs mémoires, constate Jacques Folon.
Ne nous leurrons pas : cette intelligence artificielle peut menacer l’enseignement universitaire. « C’est assez simple, résume Jacques Folon. C’est purement et simplement la fin des examens à distance, des travaux à rédiger à la maison, de la conception actuelle des mémoires et des travaux de fin d’étude ! Pensons aux examens à distance organisés durant le confinement, qui seraient organisés aujourd’hui pour des étudiants utilisant ChatGPT. Il faut clairement repenser certains modes d’évaluation ! »
Comment, en effet, vérifier si un étudiant n’a pas fait rédiger l’ensemble de son travail par ChatGPT ? Les logiciels anti-plagiat sont devenus inopérants car les textes de ChatGPT sont des textes originaux. « ChatGPT a obtenu un score de 11,75 sur 20 à un examen de droit… en moins de 20 secondes ! Il a réussi un examen d’entrée dans une école d’ingénieur ! Et donc en quelques clics, avec une relecture et un peu d’adaptation on peut présenter un travail sans trop de soucis et sans trop de risque de se faire prendre. »
Un outil au service des étudiants et des professeurs
On peut penser, comme certains l’ont déjà proposé, à utiliser ChatGPT comme un acteur à part entière. On pourrait imaginer que le problème soit posé aux étudiants en recommandant l’usage de ChatGPT. « L’exercice, alors, pourrait être de critiquer le texte proposé par l’IA, de pousser celle-ci à améliorer ou de préciser la réponse par essai et erreur, décrit Jacques Folon. ChatGPT peut alors devenir un outil d’apprentissage au service des professeurs et des étudiants. »
On peut évidemment s’interroger sur l’avenir de l’enseignement universitaire. De toute évidence, si certains enseignants sont encore dans une posture de transmission pure, le fameux ex-cathedra hérité des universités du Moyen-âge, leur valeur ajoutée va encore diminuer, ce qui avait déjà été le cas lors de l’arrivée d’internet et du Wi-Fi au cours, estime encore Jacques Folon.
L’arrivée des classes inversées et du « learning by doing » qui demande aux étudiants de « faire » au lieu d’écouter avait déjà permis une évolution importante. Mais désormais, plutôt, comme certains y pensent, que lutter contre l’IA, il sera nécessaire de repenser les cours. « Intégrons l’IA afin d’apprendre à nos étudiants à s’en servir, à identifier ses forces et faiblesses, afin, aussi, qu’une fois dans le monde du travail ils puissent s’y intégrer en utilisant les technologies existantes. Le but de l’enseignement universitaire n’est-il pas de préparer les étudiants à évoluer dans un monde en mutation rapide, en les formant aussi à l’esprit critique et à la réflexion en collaborant avec l’IA ? »