Pour la plupart des fournisseurs de technologies réunis actuellement au MWC 2016 à Barcelone, le standard 5G ne sera probablement pas déployé avant 2020. Le CEO de Nokia, Rajeev Suri, lui, est persuadé que la 5G pourrait arriver plus vite que prévu…
A l’écouter, la prochaine génération de réseaux mobiles sera définie de «façon concrète» d’ici la fin de cette année. «La date de 2020 correspondra probablement au déploiement mondial et massif de la nouvelle norme, mais les premiers déploiements devraient avoir lieu à partir de 2017, avec ensuite une montée en puissance jusqu’à 2020», estime-t-il.
«À ce stade, les utilisateurs et les opérateurs se rendent déjà bien compte de ce que pourra leur apporter la 5G, beaucoup plus que lors de l’élaboration de la 3G et de la 4G», a encore déclaré le CEO de Nokia. Notamment, le haut débit pour la vidéo et la réalité virtuelle, la faible latence pour la communication entre véhicules connectés et la possibilité de connecter des milliers de dispositifs à une cellule. «Certains services seront mis en œuvre avant l’achèvement officiel de la 5G, et, en tout état de cause, l’élaboration de la norme elle-même avance plus vite que prévu», a-t-il ajouté.
Thomas Husson, Vice President, Principal Analyst Serving B2C Marketing Professionals, Forrester Research, n’en croit rien : «du point de vue du consommateur, il ne va rien se passer dans les cinq ans qui viennent, strictement rien !» Vraiment ? La surprise pourrait venir d’Asie avec les Jeux olympiques d’hiver de 2018 en Corée du sud et les Jeux olympiques d’été au Japon de 2020. C’est sur les patinoires et dans les stades que les premiers duels en 5G se joueront. Souvenons-nous : la 4G avait été lancée en Suède dès 2009, puis ce sont les USA qui ont déployé le plus rapidement, fin 2010.
A Barcelone, on peut voir les premiers produits. Chez Nokia, une nouvelle ligne de produits pour l’accès radio, Airscale : 2G, 3G, 4G et «5G Ready». La solution est aujourd’hui capable d’opérer les ondes millimétriques dans une largeur de bande comprise entre 30 et 100 GHz dans laquelle devrait être réservée les futures fréquences dédiées à la prochaine génération de réseau mobile. Une capacité qui permettra dans tous les cas de délivrer plus de 30 Gbit/s de bande passante ou, alternativement, supporter jusqu’à 1 million de connexions simultanées. Notamment en agrégeant les multiples porteuses d’opérateurs, y compris le Wi-Fi que AirScale peut fournir comme point d’accès, avec de nouvelles générations de technologies radio comme le MIMO 8×8 (multiplexage spatial), le Beamforming (optimisation du signal ciblant le récepteur).
Pas en reste, Ericsson présente des prototypes radio 5G qui s’appuient logiquement sur les mêmes technologies sans fil avancées type Massive MIMO et Beamforming. Le suédois y ajoute le Beam tracking qui permet de sélectionner automatiquement les meilleurs signaux disponibles pour un utilisateur en déplacement afin, toujours, d’optimiser la liaison radio. Pas plus grand qu’une valise, le prototype radio 5G supporte 64 flux radio (à partir de 128 éléments d’antenne) pour atteindre les 25 Gbit/s. Verizon -qui fut un précurseur en 4G- figure parmi les premiers opérateurs à tester le prototype avec des essais menés depuis novembre 2015. L’opérateur américain a installé des équipements 5G d’Ericsson en extérieur pour délivrer des services de streaming vidéo en haute définition à des terminaux résidentiels. Une vingtaine d’autres opérateurs seraient entrés en relation avec Ericsson.
Huawei, de son côté, préfère la 4.5G à la 5G. Mais le résultat est à peu près le même -le chinois a déjà testé plusieurs technologies à Chengdu avec le Japonais NTT Docomo. «Notre réseau 4.5G permettra aux opérateurs de protéger leurs investissements grâce à la réaffectation des infrastructures et de leurs ressources, estime Ryan Ding, CEO, Huawei’s Carrier Network Business Group. La 4.5G tirera parti du potentiel des nouveaux terminaux, des services, et de l’expérience au cours des cinq prochaines années pour soutenir les très hauts débits, les connexions massives et réduire les temps de latence.»
Cette excitation s’explique. Les enjeux économiques sont encore plus importants avec la 5G qu’avec la 4G. Aux centaines de millions, voire aux milliards de détenteurs de smartphones viendront s’ajouter des dizaines de milliards d’objets connectés… Pour Thomas Husson, les enjeux sont tels, aujourd’hui, qu’il y aura nécessairement de nouvelles vagues de consolidation.