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La digitalisation c’est plus que Zoom !
Dans les PME, la crise sanitaire n’a pas généré le grand bond de la digitalisation tant attendu. Fabien Pinkaers, d’Odoo, sera à Connect, le 28 octobre, pour nous en dire plus.
« La digitalisation des PME ? Nombre d’entre elles, dans leur organisation, ont des allures de paquebot, alors qu’on devrait voir des frégates ! Trop de rigidité, trop de silos -diverses études le montrent. Une transformation digitale réussie implique en réalité une réorganisation interne et donc un effort de la part de tout un chacun, à commencer par les dirigeants. Or, j’observe de la résistance. Le poids des habitudes. En ira-t-il autrement demain, après la crise sanitaire que nous venons de vivre ? »
La question de Fabien Pinckaers, CEO de Odoo, première Licorne wallonne, peut laisser entendre un doute. Pour le Manager de l’Année 2020, il est grand temps de sortir de sa zone de confort. « Il n’est plus question de réduire la digitalisation à une présence en ligne, à des réunions en Zoom ou Teams et à l’adoption de la signature électronique. Les outils ne font pas la digitalisation ! »
Parlons budget et non pas investissement
Est-il normal que les employés passent de 20 à 40 % de leur temps à rechercher manuellement des documents comme l’a chiffré le cabinet Coleman Parkes ? Aujourd’hui encore, il faut en moyenne 18 minutes à un collaborateur pour retrouver un document ! « Seules 18 % des entreprises sont passées au tout numérique. Un chiffre faible au regard des inconvénients générés par l’utilisation du papier : traitement long, contre-productif, peu écologique et très coûteux. Aujourd’hui encore, un comptable passe 60 % de son temps à ré-encoder ! Et un responsable HR 30% à organiser ses rendez-vous ! Ce n’est pas normal… »
Les raisons ? A priori, on pourrait songer au coût. A commencer par l’investissement. Une idée que balaie Fabien Pinkaers. « Cinq mille euros pour commencer à digitaliser une PME de 30 personnes ! Ce n’est pas à proprement parler un investissement; pareil montant ressort plutôt du budget opérationnel. Or, notre solution, reposant sur un produit standard, répond à 80 % des besoins. »
La cause tient davantage au niveau limité d’acculturation des dirigeants à la question digitale, ne craint pas d’affirmer Fabien Pinkaers. La plupart du temps esseulés, ils regardent ce grand chambardement avec crainte et méfiance. Et freinent toute initiative. Pourtant, nombreuses sont les possibilités de croissance pour leur entreprise. Celle d’Odoo, en particulier, aurait été tout simplement impossible sans la digitalisation. « Chacun de nos 1.800 collaborateurs dispose dès son arrivée de tous les outils qui lui seront nécessaires pour travailler et avancer dans l’organisation. »
On passe plus de temps à parler de réorganisation
Ce déficit d’acculturation se constate à tous niveaux. L’intelligence artificielle en est un fort bel exemple. Elle continue à faire peur. On l’exclut donc de toute discussion, regrette le boss d’Odoo. « On la perçoit comme une menace, non comme un moyen de contrebalancer les limites de l’être humain. On devrait, au contraire, s’en emparer; la voir comme ce qu’elle est, à savoir un ‘booster d’intelligence’. »
Même crainte vis-à-vis du terme ERP. On imagine un projet lourd, voire sans fin, donc onéreux. « C’est là que nous faisons la différence avec notre suite d’applications open source permettant de couvrir tous les besoins de l’entreprise : CRM, e-commerce, comptabilité, marketing, gestion de projet… Aujourd’hui, nous passons plus de temps à parler de réorganisation avec nos clients que de ressources à mettre en oeuvre, c’est-à-dire les modules qui les aideront à réellement réaliser leur transformation digitale, conclut Fabien Pinkaers. C’est l’impulsion du départ qui compte. »