Le CDO de 2019 n’est plus celui de 2018
Le profil du CDO s’affine. Luc Blyaert, co-organisateur des CDO Awards 2019, le 24 octobre prochain, avance quelques pistes de réflexion.
A croire Gartner, le CDO 4.0 s’avance. Il serait déjà là, aux portes de l’entreprise. Rappelons-nous. Le CDO 1.0 était exclusivement dédié à la gestion de données. Dans sa version 2.0, il a commencé à adopter l’analyse. En V 3.0 , il a largement contribué à la transformation numérique. Demain, le CDO 4.0 se concentrera sur les produits et sur la gestion des profits et pertes au lieu d’être simplement responsable de la conduite des projets et programmes de D&A (Data and Analytics).
Les CDO ont intérêt à orienter leurs missions vers les résultats, plutôt que le seul pilotage de projets data, avance le cabinet américain. La croissance du volume de données échangées et l’évolution du cadre réglementaire, en particulier avec le GDPR introduit l’an passé, impactent les missions. Ils peuvent en bénéficier, c’est sûr… sous condition d’orienter vers les produits et les résultats.
«Le passage à une organisation centrée sur les produits et résultats doit être axé sur les domaines d’activité où il est possible d’innover, comme le soutien à un nouveau modèle d’entreprise, développe Luc Buyaert, columnist, co-organisateur des CDO Awards 2019 créés l’an passé par TOP MANAGEMENT. Les approches centrées sur les produits facilitent l’innovation et l’itération rapides. De fait, elles sont axées sur l’expérience utilisateur, l’évolution des besoins et la différenciation stratégique de ce qui est livré.»
CDO et CIO, tandem possible ?
En sommes-nous déjà là en Belgique ? Loin d’être un sujet technologique, le changement en cours résulte d’un changement de valeurs, de culture. Nos entreprises et organisations publiques sont conscientes de l’importance d’innover, mais ne savent pas toujours comment. Ou, comme les PME, manquent de ressources.
«Je constate de plus en plus de CDO engagés aux côtés des CIO, notamment dans le secteurs financier, en particulier banque et assurance, mais aussi dans la distribution. Et c’est normal : il y a un réel besoin d’innover. Nos entreprises s’interrogent sur la façon de se transformer, conscientes que ce sera via le digital. Quant aux objectifs, ils sont toujours les mêmes : plus de croissance, attirer de nouveaux clients, mais aussi les retenir.»
Evoquer la fonction de CDO c’est sous-entendre la présence du CIO. Il n’est jamais loin ! Prêts à collaborer ? Ils le devraient, comme dans cette grande banque belge connue pour son engagement dans le digital. Là, CDO et CIO travaillent en véritable tandem, leurs responsabilités respectives se renforcent… Hélas, ce n’est pas toujours le cas.
CDO, le job de deux personnes !
«Or, un CIO n’est pas un CDO. Et vice versa. En grossissant le trait, je dirais que le CIO opère davantage dans l’infrastructure et l’applicatif. Il réalise et s’assure du bon fonctionnement. De même, il intervient en tant qu’acteur de la maîtrise d’ouvrage sur les projets organisationnels transverses, illustre Luc Blyaert. Le CDO, lui, se place davantage au centre de l’organisation et des services; on lui demande de transformer pour innover. Finalement, CDO est le job de deux personnes : une qui ouvre une voie nouvelle, quitte à casser l’existant, quitte aussi à gêner ou provoquer et une autre qui s’assure que tout est couvert par le digital du sol au plafond et que tout a été optimisé.»
Or, diverses études le montrent, les fonctions de CIO et de CDO s’enrichissent. La connaissance par le CIO des mécanismes existants et issus du legacy, autant sur les processus métiers que sur ceux des systèmes informatisés, est une force… là où le CDO a un profil relativement jeune dans la structure. «Il faut donc bien créer deux territoires, avec d’un côté les CIO qui privilégient la sécurité et la conformité aux règles et, de l’autre, les créatifs, les entrepreneurs. Le CDO doit trouver un accord avec sa direction générale lui permettant de déployer l’innovation quitte à perturber, à cannibaliser des activités existantes ou à créer un risque juridique.»
N’oubliez pas l’humain, merci !
Récemment, le CIO d’un grand groupe britannique affirmait : «CDO, c’est le rôle qu’un bon CIO aurait toujours dû occuper !». Et d’ajouter : «Un bon CIO doit toujours veiller à promouvoir toutes opportunités digitales en avantage concurrentiel». Cela dit, la transformation numérique n’est pas qu’une question de technologies, c’est avant tout une question d’humain. Il y a forcément des résistances au changement. C’est difficile d’accepter et d’appréhender autant de bouleversements, et ce à tous les niveaux de l’entreprise.
«Dans le monde digital, il faut se réorganiser pour réussir à être plus curieux, plus agile, plus rapide. Il ne suffit pas d’ouvrir trois comptes FB, mais de réfléchir et de trouver les meilleurs moyens pour que l’entreprise, dans sa globalité, innove, pour développer une culture collaborative…»
Bref, faire en sorte que tous, dans l’organisation, aient une compréhension du nouveau monde, des défis de leur industrie, de leur entreprise et de leur métier. L’enjeu est de réussir à trouver les bons leviers pour changer les comportements, les états d’esprit. «On a changé une entreprise quand on a changé l’état d’espri; quand, aussi, on a réussi à donner aux gens envie de bouger, qu’ils sont plus motivés, conclut Luc Bluyaert. A l’inverse, vous pouvez acheter tous les logiciels du monde… rien ne changera !»
CDO Awards 2019… Posez votre candidature !
Qui, cette année, succédera à Geert Van Mol et à Benoit Degotte ? Participez aux CDO Awards 2019. Posez votre candidature avant le 11 septembre !
Les CDO Awards 2019 se profilent. Rendez-vous le 24 octobre 2019 au Docks à Bruxelles. Posez votre candidature avant le 11 septembre. Le temps presse… Aux commandes de cette deuxième édition, TOP MANAGEMENT et Luc Blyaert, en partenariat avec NexxWorks, Duval Union, Wijs et SOLUTIONS.
Il est acquis que le CDO est appelé à jouer un rôle de pionnier dans la transformation tant économique que sociale qui impactera notre futur modèle mondial.
Son profil aura-il évolué d’une édition à l’autre ? Cette deuxième édition -au cours de laquelle pas moins de 350 dirigeants sont attendus- nous apportera des clés intéressantes.