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Le cloud européen, éternel second rôle ?

Oct 6, 2021 | Cloud | 0 commentaires

Doublement du chiffre d’affaires. A priori, on devrait s’en féliciter. Sauf que le marché évolue plus rapidement, au bénéfice des hyperscalers américains. Le cloud européen peut-il s’imposer ?

Heurs et malheurs du cloud européen. Depuis 2017, le marché européen du cloud a presque quadruplé pour atteindre 7,3 milliards EUR au deuxième trimestre 2021 d’après la dernière étude du cabinet de recherche Synergy Research. Une croissance exceptionnelle, mais qui ne profite malheureusement pas suffisamment à nos acteurs européens.

Leur chiffre d’affaires reste bien inférieur à celui du marché global du cloud qui a généré 26 milliards EUR au cours des quatre derniers trimestres. Leur part de marché est ainsi passée de 27 % à 16 % sur ce même laps de temps, alors que celle des hyperscalers n’a cessé d’augmenter pour atteindre désormais 69 % du marché en Europe. Un chiffre assez similaire à leur part de marché dans le monde (61 %), avec un AWS en première position (31 % de parts de marché), suivi par Azure (22 %) et Google Cloud (8 %).

Pour John Dinsdale, Chief Analyst, Synergy Research Group, aucun des fournisseurs de cloud européen n’a réussi à égaler l’échelle des géants américains du cloud public qui dominent une grande partie du marché mondial du cloud. « Dans ce jeu à grande échelle, aucun des fournisseurs de cloud européen ne se rapproche de l’échelle requise ».

Deutsche Telekom, leader européen, avec… 2 % !

Parmi les fournisseurs de cloud européens, Deutsche Telekom est le leader, représentant 2 % du marché européen, suivi par OVHcloud, SAP, Orange et une longue liste d’acteurs nationaux et régionaux, observe Synergy Research. « Le reste du marché européen est représenté par de plus petits fournisseurs de cloud américains et asiatiques, qui perdent régulièrement des parts de marché. »

La meilleure chose que les fournisseurs européens puissent faire est de se concentrer sur la création d’un créneau pour eux-mêmes et de faire ce qu’ils peuvent pour continuer à augmenter leurs revenus dans le cloud, même si leur part de marché continue de prendre un coup face aux géants américains, conseille John Dinsdale.

« La clé pour les entreprises européennes est de se concentrer sur ce qu’elles peuvent construire et défendre avec succès et de ne pas s’inquiéter du marché du cloud grand public au sens large. »

Vers une nécessaire consolidation européenne

Pour l’analyste, il serait illusoire de voir plus loin. « Les fournisseurs de cloud européens pourraient être tranquillement satisfaits d’avoir plus que doublé leurs revenus en quatre ans. Bien qu’ils aient raté les opportunités de croissance plus élevées offertes par les services cloud publics traditionnels, certains se sont taillés des positions durables en tant que champions nationaux ou acteurs de niche puissants. »

Les sociétés européennes devraient ainsi continuer à croître, bénéficiant de l’explosion du marché du cloud. Mais sans plus. « Il est presque impossible d’imaginer que la dynamique actuelle du marché change vraiment. Il s’agit d’un jeu d’échelle. Les trois hyperscalers ont investi plus de 14 milliards EUR en Europe au cours des quatre derniers trimestres. Au mieux, les fournisseurs européens peuvent encore poursuivre leur croissance régulière. La clé, pour eux, est de rester concentrés sur les cas d’utilisation qui ont des exigences plus strictes en matière de souveraineté des données et de confidentialité et sur les segments de clientèle qui nécessitent un solide réseau de soutien local. »

La longue liste de fournisseurs spécialisés dans le cloud en Europe ne permet ainsi pas encore aux sociétés nationales de venir titiller les géants américains. Seule une consolidation du marché devrait leur permettre en partie de rivaliser avec ces dernières dans les années à venir…