Becom, la fédération belge du commerce électronique, appelle à une action urgente pour remédier à la concurrence déloyale entre les plates-formes en ligne chinoises et européennes.  

Concurrence déloyale ! Dans une lettre ouverte aux mondes politique belge et européen, Becom demande des conditions d’équité pour tous les commerçants, y compris non européens, et l’organisation de contrôles efficaces et coordonnés. Dans le viseur, Temu, Shein et autres plateformes chinoises.

Test Achats et le BEUC (Bureau Européen des Unions de Consommateurs) ont déjà déposé une plainte contre Temu après avoir  découvert des pratiques abusives en matière de sécurité des produits. Des actions soutenues par la fédération belge du secteur. « Les plateformes et les boutiques en ligne chinoises pénètrent le marché européen sans respecter rigoureusement les réglementations », explique Greet Dekocker, Managing Director, Becom. Danger ! Cette situation est préjudiciable au développement du secteur belge du commerce électronique, dont les 170 millions de transactions réalisées l’année dernière représentaient un montant total de 16,3 milliards EUR.

Le mécanisme de subvention crée des conditions de concurrence inégales

BECOM avance aussi la question de la durabilité. Les modèles commerciaux actuels sont loin du Green Deal ! Selon Reuters, un tiers du transport aérien long-courrier est aujourd’hui utilisé pour envoyer des colis – individuels – d’achats en ligne par ces plateformes de commerce électronique !

Ces exportations bénéficient également du soutien logistique et financier du gouvernement chinois, ce qui permet la croissance exponentielle des ventes sur des marchés tels que l’Union européenne.

Ainsi, un système de rotation est utilisé où – afin de maintenir le système de subvention – un nouvel aéroport européen différent est choisi comme destination finale après trois ans. Une fois la destination atteinte et tous les colis déchargés, l’avion repart vide…

20 à 40 % d’envois  jugés non-conformes

Ces vols retour à vide sont payés par le gouvernement chinois. Les colis individuels arrivant dans l’UE ont déjà reçu les étiquettes d’adresse nécessaires et ont été regroupés dans des centres de traitement chinois. Il ressort des chiffres de l’Administration que cette « technique de la Matryoshka » a pour effet que très peu des envois peuvent être contrôlés. Parmi ces envois, 20 à 40 % sont jugés non conformes à des réglementations relatives à la contrefaçon, à la santé, aux inspections, etc.

Ainsi, le contenu des colis ne répond souvent pas aux normes européennes et ne porte pas le marquage CE requis. Le modèle commercial « basé sur l’enchère » utilisé par une plateforme telle que Temu est également souvent à l’origine de cette situation. Elle fait ainsi pression sur les fournisseurs pour qu’ils livrent à moindre coût – et donc souvent au détriment de la qualité – ou qu’ils ne livrent pas du tout.

Appel à une application efficace et coordonnée de la législation 

Dans sa lettre ouverte, conjointement avec 15 pays représentés au sein de l’organisation faîtière Ecommerce Europe, Becom appelle les gouvernements belge et européen à remédier à cette concurrence déloyale et non durable. Il est important que les réglementations européennes et nationales – sur la protection des consommateurs, la sécurité des produits, le marché intérieur et la durabilité – soient appliquées de manière cohérente et selon les mêmes principes à toutes les entreprises opérant dans l’UE, quelle que soit leur origine. De plus, avec l’établissement du centre logistique chinois Cainiao eHub à Liège, le gouvernement belge peut jouer un rôle important dans ce domaine. 

En outre, la Commission européenne a récemment infligé aux douanes une amende de 250 millions EUR pour avoir prétendument sous-évalué les chaussures et les textiles chinois. Toutefois, la pratique montre que les douanes belges ne disposent pas de ressources et d’un soutien suffisants pour faire face à cet afflux massif. Les douanes elles-mêmes décrivent cet afflux de colis comme un « tsunami » qui ne peut être maîtrisé avec les ressources actuelles.

Des contrôles pour tous

Becom plaide donc pour l’adaptation de la réglementation européenne à la réalité actuelle du commerce électronique à l’importation et permettre un contrôle plus efficace ; l’imposition d’obligations d’information supplémentaires aux fabricants et aux plates-formes chinoises ; l’augmentation de la capacité de contrôle des douanes ; l’équipement des douanes en technologies modernes de balayage ; l’application de sanctions appropriées à l’encontre de ceux qui enfreignent les règles

Une coordination entre les régulateurs – et par extension certainement au niveau européen – est également essentielle pour une mise en œuvre efficace des réglementations applicables dans tous les domaines. Et Greet Dekocker de conclure : « Nous demandons instamment aux autorités compétentes de prendre les mesures supplémentaires nécessaires pour que tous les acteurs – y compris ceux qui ne sont pas basés dans l’UE – soient contrôlés de la même manière et selon les mêmes critères. »