Data Intelligence
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NSI : l’épreuve de la crise et ses bénéfices
Certes, une épreuve, mais aussi des bénéfices. La filiale de Cegeka tire les leçons de l’année écoulée. Bilan avec Manuel Pallage, General Manager, NSI.
° NSI vient d’annoncer des résultats en ligne avec les objectifs fixés début 2020, autrement dit, avant la pandémie. Si le secteur IT a été globalement épargné par la crise sanitaire, quel regard portez-vous sur l’année écoulée ?
Manuel Pallage : Nous ne sommes pas près d’oublier cette année. Ce fut l’année de tous les défis : sanitaires, mais aussi organisationnels, humains, technologiques… Tout a commencé début mars; une période inédite de flottement qui s’est étirée durant à peu près six semaines. Après une période d’incertitude pour tout le marché, on a senti une envie d’aller de l’avant, aussi bien dans le secteur privé que public. Surtout, on a senti une véritable solidarité.
° Au contact avec les clients, avez-vous constaté une évolution des mentalités ? Les relations ont-elles changé ?
Indéniablement. Là où, hier, on ne prenait pas de risque pour tester de nouvelles idées ou qu’on les reportait sine die, les organisations sont entrées dans des processus d’expérimentation poussés. La résistance au changement a éclaté. Ce qui paraissait impossible est advenu.
Et certaines organisations d’encourager le tout-numérique. D’abord, en acceptant les devices personnels des utilisateurs, en installant des applications hors des périmètres identifiés. Egalement en changeant les modes de partage d’information -en passant par le cloud. En remplaçant des modes de communication, comme les e-mails par des chats. Parfois, aussi, en prenant quelques risques au niveau de la sécurité. Mais, globalement, les directions IT ont su réagir et s’adapter.
S’il y a bien une chose que nous avons apprise au cours de l’année écoulée, c’est à quel point les capacités numériques sont devenues essentielles pour maintenir les organisations et leur travail, où que soient les employés, en contact et en mouvement.
Une épreuve en termes d’organisation
° Avez-vous enregistré des reports de projets, voire des désistements ?
Peu, très peu de projets interrompus, sauf dans les industries lourdes, où il a été difficile d’intervenir. Cela dit, il a fallu composer avec le travail à distance, et des modèles opérationnels qui, pour certains, n’avaient plus rien à voir avec ce qui avait été défini en début de projet.
Du coup, nos équipes ont organisé des comités de pilotage en Teams -ce qui aurait été impensable avant. De la même façon, elles ont organisé en vidéoconférence des séances de formation. De part et d’autre des écrans, on a fait preuve d’une énorme agilité -aussi bien du côté de nos équipes que chez les clients.
° Certains analystes évoquent une accélération des projets de transformation numérique. Partagez-vous cet avis ?
Oui. Même si, selon les analystes, les budgets IT ont été revus à la baisse dans de nombreuses organisations, je constate que les projets de transformation numérique ont résisté. Mieux : beaucoup ont été accélérés. C’est dire si la crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur des tendances déjà à l’œuvre avant la crise.
Les organisations y voient non seulement la possibilité de maintenir vivante et active leur force de travail dispersée, mais aussi la promesse de mieux résister aux chocs dans le futur. Les projets maintenus en priorité sont en effet ceux qui traitent d’automatisation des processus. Ainsi, tous nos projets d’ERP ont été maintenus, voire accélérés. Mieux : nous avons gagné de beaux dossiers !
Un sentiment de responsabilité
° Faut-il interpréter le maintien de ces déploiements d’ERP comme un encouragement, voire le signe d’un engagement fort ?
Assurément… S’il a pu y avoir des ajustements en termes de planning ou de scope fonctionnel du projet, tant les clients que les fournisseurs se sont montrés résilients et se sont adaptés. La digitalisation s’accélère. Songez seulement aux équipes achats; elles ont dû dépêcher leur transformation numérique pour s’adapter aux nouveaux besoins de l’entreprise. Des réunions physiques remplacées par des outils de communication en ligne jusqu’à l’implémentation complète de projets à distance, de nombreuses entreprises ont su faire preuve de l’agilité nécessaire à leur survie et à leur croissance.
° Revenons à ces mois difficiles. Ne vous est-il pas arrivé de douter en ces moments inédits ?
Début 2020, tous les dirigeants d’entreprise ont connu l’incertitude. A ces moments, vous vous en doutez, le sentiment de responsabilité que nous avons envers notre personnel et nos clients est très prenant. Et on travaille tous sur des scénarii, en particulier les moins réjouissants. Diriger c’est prévoir le pire… et espérer le meilleur ! Dans leur professionnalisme et leur agilité, notre personnel et nos clients ont été remarquables. NSI a continué à croitre. Ainsi, avons nous recruté 102 collaborateurs, portant leur nombre à 820. Cette année, nous recruterons encore entre 80 et 100 nouveaux collaborateurs… Le chiffre d’affaires global 2020 du groupe s’affiche à 94 millions EUR, en progression de 6 % par rapport à 2019. Avec une croissance de 12 % du revenu généré par les services !
Nous embarquons dans 2021 avec une confiance forte. Confiance dans le talent et la résilience de nos collaborateurs. Confiance dans l’ambition et la volonté de nos clients. Confiance, enfin, dans l’humanité. On s’est d’ailleurs fixé un objectif ambitieux : franchir le seuil des 100 millions EUR à fin 2021 !
Intelligence collaborative
° Revenons aux équipes. Comment, psychologiquement, le choc de cette épreuve a-t-il été vécu ?
L’épreuve du distanciel fatigue, c’est évident. Si le télétravail ne compromet pas la réalisation de tâches menées individuellement par chaque collaborateur, il peut néanmoins être un frein à la collaboration. Or, l’intelligence collective, qui naît de cette collaboration, peut justement permettre aux entreprises de survivre à la crise. C’est pourquoi nous multiplions les initiatives pour entretenir au plus haut la collaboration, le partage d’expertise… et l’enthousiasme.
La collaboration, en particulier, ne peut être compromise. Si elle devait l’être, ce n’est pas seulement la productivité qui serait menacée, c’est aussi l’ensemble de l’entreprise, même si les bonnes personnes sont employées. En d’autres termes, nous ne voulons pas que le travail à distance affecte la productivité et les besoins en matière d’intelligence collective.
Agile… plus que jamais !
° NSI est connu dans le développement Agile. La culture sur laquelle il repose n’a-a-t-elle pas été affectée ? Autrement dit, l’Agile fonctionne-t-il à distance ?
Face aux incertitudes, l’Agile montre une résilience et une capacité d’adaptation plus grande des projets. En effet, avec une philosophie de ‘repriorisation’ constante des besoins et de livraisons régulières, les équipes agiles sont plus aptes à se reconfigurer sur de nouveaux objectifs business sans perdre en productivité.
Cette crise sanitaire est une réelle épreuve pour tous. Néanmoins, elle doit être l’occasion d’apprendre, de repenser nos organisations IT et métiers, pour accélérer la transition numérique vers des méthodes de travail plus agiles et ainsi réagir plus vite aux besoins d’un avenir par définition plus incertain encore que celui que nous avons connu jusqu’ici.