NTT Ltd, un an déjà. Quel bilan ?
NTT Ltd fête son premier anniversaire. Et une expérience inédite, la crise sanitaire mondiale. Analyse de Pierre Dumont, Managing Director, Belgium & Luxembourg.
° Voici un an, le 1er juillet, naissait NTT Ltd, dont l’un des piliers était Dimension Data -société entièrement intégrée. Quel bilan tirez-vous de cette vaste opération ?
Pierre Dumont : «La conclusion d’une énorme fusion, concernant quelque 40.000 personnes dans plus de 70 pays. Il a fallu réunir une trentaine d’entreprises pour ne plus présenter qu’un seul PNL. Dans cet ensemble mondial, Dimension Data comptait 15.000 collaborateurs.
«L’ambition, je la rappelle, était de faciliter l’accès des clients à une gamme plus riches de services, mais aussi à des compétences approfondies dans de multiples technologies et capacités. Aujourd’hui, par une capacité accrue, NTT Ltd permet de proposer des solutions industrielles plus approfondies; des plateformes de services managés mondiales avec néanmoins une personnalisations locale -comme ici en Belgique et au Luxembourg.»
En l’espace d’une nuit, les outils collaboratifs se sont imposés !
° La stratégie de NTT Ltd a-t-elle changé au cours de ce premier exercice ? Vos objectifs ont-ils été perturbés par la pandémie de la mi-mars ?
«Comme toute entreprise, et donc comme nos clients, nous avons été touchés par cette pandémie. En revanche, nos axes de développement n’ont pas changé, soit : multi-cloud, environnement de travail intégré, infrastructure de communication et sécurité.
«Le confinement a forcé nos clients à réagir au plus vite. Quasi du jour au lendemain, il a fallu généraliser le télétravail pour le secteur tertiaire, ce qui a forcé la relation de confiance entre employeur et employés. Pour la première fois, en l’espace d’une nuit, les outils collaboratifs se sont imposés ! Pour notre part, au plus fort de la crise, nous avons installé, en Belgique et au Luxembourg, quelque 50.000 ports Teams et WebEx. En même temps, nous avons sécurisé une foule d’accès Zoom. Bref, ce qui hier encore pouvait être considéré comme un nice-to-have s’est muté un environnement critique.
«Plus globalement, nous sommes parvenus à maintenir nos 450 ingénieurs en activité et à faire progresser notre chiffre d’affaires par rapport au premier trimestre de l’an dernier. Dans un contexte on ne peut plus chaotique, je ne peux que m’en réjouir !»
Le recours au cloud fut décisif
° Et maintenant que la situation semble s’apaiser ?
«Le contexte est très intéressant… Ces derniers mois nous ont donné un aperçu du futur. Malgré la panique de départ, la pandémie n’est pas venue à bout d’Internet. Bien au contraire. Cette situation a souligné la vitesse à laquelle la technologie peut réagir aux perturbations. Egalement l’importance cruciale d’une infrastructure hautement résiliente et évolutive à l’échelle globale.
«Au début, pour beaucoup, il a fallu muscler les infrastructures dans l’urgence pour maintenir la production à flot et assurer la continuité de l’activité via le télétravail. Autrement dit, plus de bande passante, plus de puissance et plus de capacité de stockage. Et là, le recours au cloud fut décisif.»
° Au début, dites-vous. Mais aujourd’hui, près de quatre mois plus tard ?
«Pendant le confinement, il y a eu effectivement un mode d’urgence… qui n’est pas acceptable en temps normal. Aussi, l’heure est à la réflexion. En clair, comment disposer de ressources de meilleure qualité, d’équipements qui ne deviennent plus des options, mais aussi d’un bon niveau de sécurité pour apporter la meilleure expérience utilisateur possible ? Le travail de demain, je pense, sera sans doute redistribué. La question, dès lors, est de savoir comment.»
Une feuille de route
° Justement, comment envisagez-vous les mois à venir, les débuts de ce deuxième exercice ?
«Après l’urgence, la prise de conscience. Les organisations, c’est très net, ont saisi la nécessité d’accélérer leur rythme de transformation digitale. Cette crise sera peut-être le grand événement qui les aura poussé à franchir une étape décisive…
«Concrètement, les mesures temporaires et à court terme prises par les entreprises dans un contexte flou d’urgence face à la pandémie vont devoir être réévaluées. Pour les dirigeants, il s’agit donc développer des feuilles de route stratégiques pour aborder la nouvelle norme. Dans la foulée, créer des modèles commerciaux plus résilients et plus agiles.»
° Faut-il comprendre par là que nous sommes arrivés au terme d’une forme d’automatisation et que nous allons passer à une autre ?
«La fin d’une forme de fonctionnement, oui. Prenez l’exemple du VPN, arrivé à ses limites. Et du Wi-Fi, aujourd’hui le meilleur moyen d’accéder au coeur du réseau d’entreprise avec tous les dangers que cela suppose… Là, tout le monde a pris conscience de la criticité du réseau. En plus de devoir protéger leurs assets numériques sur Internet, les organisations doivent gérer les menaces qui pèsent sur leurs clients et leurs employés.»
Se décharger de tâches qui ne sont pas au coeur de métier
° De là, donc, toute l’importance du réseau…
«Précisément. Les niveaux de trafic prévus sur le réseau à un horizon de deux ans ont été atteints du jour au lendemain. Ce qui, hier encore, était considéré comme un pic d’utilisation est désormais devenu standard tout au long d’une journée. C’est sûr, le besoin de connectivité augmentera, tout comme la dépendance des entreprises pour des solutions cloud et, en particulier, SaaS.
«Ne nous leurrons pas. Pour nombre d’organisations, il va falloir revoir les infrastructures. Déjà, les liaisons MPLS ne sont plus suffisamment dimensionnées pour supporter la capacité. Pour beaucoup, le SD-WAN peut être une réponse. Encore faut-il prévoir les liens : les entreprises qui ont fait le choix du SD-WAN sont souvent celles qui ont déjà externalisé une partie de leur infrastructure dans le cloud…»
° Comment, dès lors, abordez-vous ce deuxième exercice ?
«La situation inédite que nous avons vécue montre qu’il est fondamental d’anticiper l’inimaginable et de mettre en place des organisations agiles et résilientes qui pourront continuer de fonctionner en toute circonstance. En ce sens, il est important de ne pas uniquement être dépendant d’équipes internes et de solutions ou infrastructures datées. Les entreprises doivent se concentrer sur leur expertise, se décharger de tâches qui ne sont pas leur métier et s’appuyer sur des ressources et environnements leur permettant de travailler en toute circonstance.»
Propos recueillis par :
Alain de Fooz
Ces articles parle de "Data Center"
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