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Obsolescence, deux livrables pour l’IT
Une base de réflexion commune afin d’oeuvrer aussi bien du côté des utilisateurs que des fournisseurs à réduire les phénomènes d’obsolescence.
Les phénomènes d’obsolescence logicielle et matérielle pénalisent de plus en plus les organisations utilisatrices du digital, aussi bien en termes de sécurité, de maîtrise des coûts, de limitation des impacts environnementaux que de préservation des ressources.
Voici peu, Beltug (Belgique), Cigref (France), CIO Platform (Pays-Bas) et VOICE (Allemagne) se sont fait les porte-paroles des entreprises, détaillant dans un très long communiqué que la politique de montées de version de Windows et d’Office accélère le remplacement des postes de travail et provoque l’arrêt de la maintenance des versions antérieures au terme d’une période de cohabitation, «période jugée beaucoup trop brève par les entreprises utilisatrices».
Perte de valeur
Aujourd’hui, le Cigref va plus loin. L’organisation publie deux livrables, l’un contenant des recommandations pour les entreprises utilisatrices, l’autre regroupant 29 recommandations destinées aux fournisseurs.
L’obsolescence, définie comme la dépréciation d’un matériel ou d’un équipement avant son usure matérielle, traduit une perte prématurée de valeur d’usage, et donc économique. « La prise de conscience actuelle de l’impact environnemental du numérique force à questionner cette perte de valeur, dont une partie provient du renouvellement -trop- fréquent des matériels et des logiciels », écrit Olivia Bertout, en charge du groupe de travail, en introduction des deux livrables.
Face à ces enjeux, il est temps, estime le Cigref, d’ouvrir une base de réflexion commune, afin d’oeuvrer aussi bien du côté des utilisateurs que des fournisseurs à réduire ces phénomènes d’obsolescence aux lourds impacts.
Revoir la mesure de la performance économique des logiciels et matériels
Le rapport destiné aux organisations utilisatrices présente ensuite un ensemble de recommandations destinées en premier lieu aux directions achats et IT. Elles visent tout d’abord à mettre en place des politiques d’achats numériques responsables, par exemple en sélectionnant les fournisseurs les plus engagés ou en prévoyant des critères de durabilité, de réparabilité ou d’éco-conception et frugalité, selon les typologies d’achats.
Ensuite, elles s’intéressent à la sensibilisation des équipes IT et incitent à questionner les manières d’opérer au sein des directions IT. Pour lutter contre l’obsolescence logicielle, il s’agit par exemple de disposer des compétences techniques permettant de maintenir les applications dans le temps ou d’établir des standards de conception lors du développement.
Revoir la notion de performance économique
Face à l’obsolescence matérielle, le rapport préconise entre autres de privilégier le reconditionné au neuf, de systématiser la maintenance préventive et de développer le réemploi interne.
Enfin, le rapport destiné aux utilisateurs propose de revoir la façon de mesurer la performance économique des logiciels et matériels, en réalisant par exemple une analyse de coût du cycle de vie complet et multicritères lors de la phase d’achats, ou en pondérant les bénéfices financiers du renouvellement de matériel en fonction du temps humain nécessaire, du poids DEEE (impact RSE, bilan carbone) et du bénéfice métier.
29 propositions aux fournisseurs
Le second livrable contient quant à lui 29 propositions pour les fournisseurs, organisées autour de quatre grands axes. Le premier concerne la limitation des effets d’interdépendance logiciel – matériel. Il s’agit par exemple de baisser l’exigence matérielle pour les montées de versions logicielles.
Le deuxième axe porte sur l’allongement des durées de supports techniques et des mises à jour de sécurité, des exigences qui figurent également dans le projet de réglementation européen Ecodesign. Pour le Cigref, assurer la sécurité des applications dans le temps et dissocier le prérequis de sécurité des mises à jour évolutives des logiciels deviennent une nécessité environnementale.
Le troisième axe vise à développer l’autonomie des utilisateurs, en redonnant notamment à ces derniers la maîtrise sur l’installation et la configuration de logiciels et fonctionnalités qui ne lui sont pas indispensables. Enfin, le dernier vise plus spécifiquement les constructeurs et fabricants d’équipements, en appelant ces derniers à développer des services de reprise, réparabilité et recyclage.
Le rapport les invite également à élaborer un système de traçabilité permettant de s’assurer que la chaîne de recyclage est respectée et réellement vertueuse, à afficher un indice de durabilité ainsi qu’un taux de recyclabilité. Ou, encore, à informer l’utilisateur a minima de l’empreinte carbone issue de la fabrication des matériels, et idéalement de l’empreinte globale.