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Oui le Big Data peut faire le bien !

Fév 18, 2020 | Data Intelligence | 0 commentaires

Trop souvent, on associe le Big Data aux scandales. Partout des projets positifs émergent, démontre Manon Philippe. Le bien est là. A nous de la générer.

Le bien existe-t-il ? Du scandale Cambridge Analytica à la révélation PRISM, les dossiers à charge ont commencé à s’accumuler. De là, une profonde remise en question de l’usage que nous faisons de la donnée. Pourtant, le Big Data peut faire le bien, assure Manon Philippe, Responsable Editorial et Conférences du programme de conférences Big Data Paris 2020..

«Il est certain que l’impact de la collecte massive de données et son utilisation est tout sauf neutre. Et il est vrai que les technologies d’intelligence artificielle font craindre les pires cauchemars. Par ailleurs, les formidables capacités d’analyse et de prédiction que permettent ces technologies peuvent servir de multiples cas d’usage et les causes les plus nobles.» 

Retrouver la confiance

Santé, citoyenneté, environnement… La donnée peut également jouer un rôle fondamental dans ces domaines. «En matière de recherche, la profusion de données disponibles a été source de connaissances et de nombreux progrès médicaux, estime Manon Philippe. Elle a ouvert de nouvelles perspectives dans l’identification des facteurs à risque, les diagnostics et les soins procurés. Par exemple, le séquençage ciblé de certains gènes permet de prévoir les traitements les plus efficaces pour soigner les patients tout en évitant les effets secondaires.»

La recherche médicale n’a pas été la seule impactée. Afin de mieux comprendre les populations d’abeilles, le World Bee Project traite plusieurs milliards de lignes de données. Le Deep Learning permet d’observer leur comportement. Ceci pour identifier les dangers qui pèsent sur elles. Et proposer une base au travail d’analyse des scientifiques.

Manon Philippe : «On peut donc légitimement se poser la question de la faisabilité de faire converger transition écologique et transition numérique»,

«Partout des communautés émergent pour mettre la donnée au service de l’intérêt général, enchaîne Manon Philippe. Data for good, par exemple, réunit tous les acteurs voulant répondre à ces défis sociétaux de manière concrète. Elle reconnaît la data science comme un puissant levier d’innovation. Elle reconnait surtout l’urgence à la mettre au service des ONG

L’humanitaire et les organismes publics n’ont donc pas fait exception à la «folie» du Big Data. Le projet OPAL (OPen ALgorithms), financé par l’AFD (French Development Agency) a, par exemple, mis en place la collecte des données téléphoniques des habitants de pays en développement afin d’établir des indicateurs socio-économiques fiables et de répondre aux besoins des populations en matière d’éducation, de santé, de transports…

Le «Big Data des Territoires» au service de l’économie circulaire ?

Le Big Data fait également sa grande entrée dans les problématiques de gestion de l’espace public. En témoigne l’engouement pour la Smart City de demain. Waze, Fluicity… ces plateformes répondent à des défis urbains importants tels que la citoyenneté, l’écomobilité ou encore le développement durable. Toutes reposent sur la donnée et la participation du consommateur-citoyen.

Les entreprises ont par exemple développé leur offre en matière de Smart Grids et Smart Water pour une meilleure gestion des ressources en énergie et en eau. «Grâce à des capteurs, les Smart Grids équilibrent en permanence l’offre et la demande, illustre Manon Philippe. Surtout, elles optimisent en amont la production et le stockage d’énergie. Suez a ainsi développé On connect. Cette solution permet de traiter les données issues de capteurs situés dans des réseaux d’eau. La finalité ? Une gestion plus durable et écologique de celle-ci »

L’optimisation des déchets fait également partie de la feuille de route. Avec Urban Pulse, de Veolia, le citoyen dispose en temps réel de toutes les données relatives aux centres de recyclage, magasins d’occasions et de réparation.

Remises en question écologiques et sociétales

Malgré ces externalités positives, il demeure difficile de mesurer l’impact réel du Big Data sur des objectifs sociétaux et sur la qualité de vie. Les indicateurs environnementaux, eux, constituent un exemple parlant. «Dans le cas des Smart Grids, comment mesurer à la fois le coût et les bénéfices environnementaux, questionne encore Manon Philippe. C’est indéniable, la collecte des données a un prix écologique. De plus, l’élaboration de chaque dispositif numérique a un impact direct sur l’environnement lié à l’utilisation de ressources non renouvelables. Les data centers sont à l’origine de 2 % des gaz à effets de serre mondiaux -autant que le trafic aérien !»

N’est-il donc pas paradoxal de lutter contre le réchauffement climatique au moyen du Big Data ? En matière de mobilité, et selon différents scénarios envisagés, l’automatisation des moyens de transport pourrait tout aussi bien diviser par deux ou, au contraire, multiplier par deux la consommation d’énergie. «On peut donc légitimement se poser la question de la faisabilité de faire converger transition écologique et transition numérique», interroge Manon Philippe.

De plus, exploiter la donnée demande des coûts et des compétences qui restent trop peu accessibles pour des organismes non lucratifs. De leur côté, les collectivités commencent tout juste à s’approprier la donnée. Et pour cause, en plus des coûts élevés que cela implique, certaines données publiques demeurent trop souvent la chasse gardée d’entreprises privées. Et Manon Philippe de conclure par cette question : «L’open data sera-t-il le nouveau chantier pour promouvoir des cas d’usages au service de l’intérêt général ?»

 

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