Cahier Atoma et Excel depuis toujours. Et maintenant Odoo. Overdrive Racing passe à l’ERP à la vitesse rallye. Derrière le projet, une autre « team » : NSI.

« On peut être leader du Championnat du monde de W2RC (World Rally-Raid Championship) et, néanmoins, avoir toujours fonctionné comme un artisan ! Et là, je suis en train d’apprendre beaucoup en digitalisant pratiquement 80 % de l’entreprise ! C’était le moment, estime Jean-Marc Fortin, CEO, Overdrive Racing. Comme dans n’importe quelle course, il faut savoir saisir l’occasion, visualiser les bénéfices immédiats comme les gains à long terme. »

Overdrive Racing a de nouveaux challenges à relever ! La PME wallonne est mondialement connue. On se souvient, le 19 janvier dernier, de la deuxième place au Dakar Rally de Guillaume de Mevius, 29 ans, au volant d’un Toyota Hilux préparé à Villers-Le-Bouillet. Un podium de plus pour l’entreprise de Jean-Marc Fortin qui fit aussi, personnellement, une belle carrière comme pilote de rallyes classiques dès 1990, décrochant des titres de champion de Belgique, champion de France ou champion d’Europe… outre sept participations au Dakar !

Overdrive Racing, voitures de A à Z

Aujourd’hui, Overdrive Racing fait rouler une centaine de véhicules -après les avoir construits- aux quatre coins de la planète. Dernier challenge en date : s’imposer avec un véhicule fonctionnant à l’hydrogène ! Testé sur le dernier Dakar, le projet HySE (Hydrogen Small mobility & Engine technology) rassemble sept industriels de premier plan japonais.

« Notre core business, explique Jean-Marc Fortin, est la construction de voitures de course qui sont, structurellement, des véhicules tubulaires. Cela n’a rien avoir avec des voitures de type personnel. On ne part pas d’une base de constructeur ou d’un garagiste. On construit vraiment un véhicule de A à Z. Les seules pièces d’origine sont le moteur et… les feux arrières ! »

Une équipe de 150 personnes sous tente dans le désert

Pour NSI, aussi, ce fut un challenge. Le client, Overdrive Racing, est unique par son mode de fonctionnement. « Ses collaborateurs passent près de la moitié de leur temps là où se déroulent les courses. Lors d’un Dakar, c’est une équipe spéciale de 150 professionnels -du cuistot au pilote en passant par le médecin et les mécaniciens- qui s’installe sous tente dans le désert pendant près d’un mois ! », illustre François Boudailliez, TeamLeader Odoo, NSI. Bon an mal an, Overdrive Racing ‘gère’ ainsi une dizaine de rallyes majeurs à travers le monde. Pendant toute l’année, ce sont des véhicules à construire, entretenir et des équipes en déplacement à gérer. Jean-Marc Fortin reconnait être à l’étranger au moins 150 jours.

« La difficulté, dans ce projet d’implémentation, a été de ne rien brusquer dans cette organisation atypique tout en avançant à un rythme soutenu, commente François Boudailliez. Pas de service IT à qui s’adresser, tous nos contacts ont les mains dans le cambouis… Nous arrivions avec une technologie inconnue pour ces professionnels, a priori sans intérêt pour des experts des pistes de sables. En même temps, il n’était pas question d’en perdre en cours de chemin en imposant un système que, de toute façon, ils auraient négligé, voire rejeté, s’ils n’en avaient pas saisi les bénéfices immédiats. » 

Parti d’une page blanche

Autre paradoxe de l’entreprise, sa taille. Bien que réputée mondialement, la PME de Villers-Le-Bouillet, repose sur une structure réduite : une douzaine de collaborateurs. Mais travaille, constamment, avec une centaine de spécialistes opérant sur les lieux des grands rendez-vous sportifs.

Overdrive Racing est parti d’une page blanche. L’entreprise n’avait jamais exploité un ERP. Ce sont donc toute une série de modules qui ont été implémentés progressivement : facturation, gestion des stocks, des notes de frais, etc. Chaque fois, c’est important, en tenant compte des spécificités de l’activité. Ainsi, la planification des ressources. Le domaine -essentiellement attribuer les mécaniciens aux courses- est hyper sensible sachant que ceux-ci peuvent littéralement « suivre » un véhicule depuis son montage initial et cela pendant toute une saison, voire davantage.

La gestion des contrats est tout aussi particulière, illustre encore Jean-Marc Fortin. « L’écurie peut louer un véhicule, l’assistance ou ne proposer qu’un service spécifique. La gestion peut être complète -révision, maintenance périodique, entretiens spécifiques, assurance, transport, etc. Ou réduite. Idem pour les pièces de rechange. Pour des raisons de logistique, celles-ci peuvent venir du monde entier. Ce qui veut dire, aussi, que la tarification n’est pas uniforme. Ainsi, pour des épreuves au Moyen-Orient, il est plus rapide et bien moins onéreux d’expédier des pièces d’Afrique du Sud où Overdrive Racing collabore avec des usines. D’un point de vue opérationnel, nous sommes constamment dans le rush ! »

Développement spécifique réduit

La flexibilité d’Odoo a constitué un solide atout, enchaîne François Boudailliez. D’ailleurs, d’un point de vue IT, NSI estime le développement spécifique à moins de 10 %. Ce qui est vraiment très peu compte tenu de la complexité de la structure du client. Et montre à la fois la souplesse et la richesse d’Odoo.

Le projet, on s’en doute, n’a pu être mené que par étapes successives, incrémentales, en fonction de la disponibilité des différents interlocuteurs. Aussi, la découverte fonctionnelle a été minutieusement programmée. Et, souvent, les tests ont été menés sur le « terrain », à tout le moins pour valider. Idem pour des équipements comme les scanners pour pièces de rechange, souvent testés… en course ! Qui plus est, NSI a beaucoup communiqué sur le go-live.

A flux tendus

Le projet s’est étiré sur dix mois. Dernier module mis en place, l’e-commerce au départ d’un portail entre l’offre et le back-office. L’idée ? Permettre aux clients, des particuliers comme des écuries, d’acheter tant des pièces de rechange que des ressources de support. Par la spécificité des besoins, la catégorisation s’est avérée particulièrement complexe.

François Boudailliez : « Avec Overdrive Racing, nous avons découvert un métier, toujours à flux tendus, que nous n’imaginions pas. Ce fut d’ailleurs, pour nos équipes, particulièrement excitant ! »

La collaboration ne s’arrêtera pas sur cette première victoire. Jean-Marc Fortin entend exploiter toutes les ressources d’Odoo pour franchir de nouvelles étapes. A travers le numérique, la PME wallonne pourrait connaitre un nouvel essor sur de nouveaux théâtres sportifs. « La course continue ! »