Depuis 1999, OVHcloud cultive le principe de la souveraineté, soit la  maîtrise de l’ensemble des ressources numériques, tant d’un point de vue économique, social et politique. Le géant européen pousse le principe jusque dans la production de ses infrastructures…

« Nous allons voir que les continents, les régions et les pays vont essayer de retrouver de l’autonomie et une certaine souveraineté. Pour nous, cela signifie plus de régulation sur les data. Il va devenir plus compliqué de faire notre job. Mais nous sommes prêts », prévenait Octave Klaba, l’emblématique fondateur d’OVHcloud lors du récent événement Very Tech Trip.

Pour Caroline Comet-Fraigneau, VP OVHcloud France Benelux Africa & Middle East, la souveraineté n’a jamais été autant d’actualité. Chaque crise, chaque événement perturbant notre mode de vie, notre système de valeurs ou nos institutions est suivi par de profondes interrogations quant à ce que nous sommes. Hier, la pandémie ; aujourd’hui la guerre à l’est de l’Europe. Pour y faire face, le monde numérique doit se transformer pour devenir multipolaire. Et, en particulier dans ce contexte, l’Europe doit enfin trouver sa place. 

Légitime par essence

La souveraineté implique que les données ne soient pas soumises à des lois étrangères extra-territoriales. Elle met en cause directement le Cloud Act des États-Unis qui autorise l’accès à toutes les données confiées à une entreprise américaine partout dans le monde ; mais elle vise également la FISA (Foreign Intelligence Surveillance of America), dont le rôle est encore plus sournois, car personne ne sait où et quand ils interviennent et saisissent des données.

Caroline Comet-Fraigneau : « OVHcloud est devenu un interlocuteur unique pour les entreprises qui sont encore au début de leur transformation vers le cloud public ; elles peuvent débuter cette transition avec nous en utilisant d’anciens modèles de déploiement, puis conserver la même relation commerciale si et, quand elles décident, de migrer leurs workloads. »

En matière de souveraineté, OVHcloud se déclare légitime par essence. « Nous le sommes depuis notre création, en restant très ouverts. Nous avons obtenu en 2021 la qualification SecNumCloud de l’Anssi pour notre offre Hosted Private Cloud, avec laquelle les données sont hébergées chez nous mais sur une infrastructure dédiée au client. »

Lift & shift

Cette année, OVHcloud entend relever les défis du lift & shift dans des environnements souverains. VMware profitera de la gestion d’apps sur les services Tanzu ; NSX-T sera déployé en avril pour une sécurité améliorée, renforçant les engagements du groupe envers un cloud de confiance. S’agissant d’environnements de confiance, les clients SAP peuvent déjà choisir des serveurs Bare Metal qualifiés SAP HANA ; ils pourront bientôt sélectionner l’environnement SecNumCloud pour exécuter les solutions SAP dans Hosted Private Cloud.

Toujours à propos de SAP, mentionnons que les datacenters européens d’OVHcloud ont été certifiés par l’éditeur en 2022. L’offre SAP HANA TDI repose sur des machines dotées de 192 Go à 1,5 To de Ram ; des packs VMware vSAN certifiés HANA sont par ailleurs proposés (jusqu’à 3 To de Ram par serveur). « Ce sont là des annonces majeures pour attirer les grands comptes, voire de très grands comptes à l’échelle internationale », estime Caroline Comet-Fraigneau.

C’est avec cette offre étendue qu’OVHcloud aborde aujourd’hui les autorités publiques belges et luxembourgeoises. Non seulement, l’entreprise de Roubaix peut se prévaloir de servir l’administration française et les entreprises nationales des secteurs les plus sensibles, mais également les autorités du Royaume-Uni (G-Cloud), italiennes (AgID) ou encore les institutions de la Commission européenne (DPS 1 MC5).

Le Data Space en ligne de mire

Qui dit souveraineté dit aussi liberté : le client doit être libre, en restant maître de ses données. Il ne doit pas être verrouillé ; il doit bénéficier de la réversibilité grâce à l’utilisation de standards technologiques du marché. C’est une des missions que s’est donnée Gaia-X, le consortium européen des fournisseurs de services cloud auquel OVHcloud a adhéré. Les normes et les standards du marché garantissent la liberté des entreprises. Les technologies utilisées appartiennent à l’univers open source, ou sont des solutions standards comme celles de VMware ou MongoDB.

Gage d’indépendance et de sécurité, la souveraineté permet aussi à OVHcloud d’aborder de plus grands clients, dont les institutions européennes. De là, d’ailleurs, l’investissement d’OVHcloud dans le domaine du Data Space. L’espace de données est un concept émergent, mais particulièrement défini par la stratégie européenne pour les données, qui guide les activités européennes vers l’économie des données. La stratégie va si loin que la Commission européenne nomme neuf espaces de données européens communs : santé, industrie, agriculture, finance, mobilité, développement durable, énergie, administration publique et compétences. « Nous n’en sommes qu’aux débuts, mais nous comptons bien nous positionner avec des partenaires », confirme Caroline Comet-Fraigneau.

Parallèlement, OVHcloud renforce sa position mondiale. L’ouverture de datacenters dans de nouveaux pays a été planifiée, avec l’Inde en premier lieu, ainsi que des extensions régionales.

Croissance soutenue dans le cloud public

C’est que tout s’accélère, en particulier dans le cloud public. Seul groupe européen dans la catégorie des acteurs majeurs, OVHcloud côtoie désormais Oracle, IBM, Alibaba, Huawei et Tencent. Il se paie même le luxe de dépasser IBM sur l’axe de la stratégie et Tencent sur celui des capacités, a évalué IDC. « OVHcloud est devenu un interlocuteur unique pour les entreprises qui sont encore au début de leur transformation vers le cloud public ; elles peuvent débuter cette transition avec nous en utilisant d’anciens modèles de déploiement, puis conserver la même relation commerciale si et, quand elles décident, de migrer leurs workloads. » 

Certes, OVHcloud n’a pas l’étoffe d’un AWS ou d’un Google Cloud. Le manque de notoriété hors d’Europe est un des challenges à relever. Qui plus est, comme le relève aussi IDC, « si OVHcloud couvre l’essentiel et plus en matière de services IaaS, l’opérateur est encore à la traine lorsque l’on monte sur la pile logicielle ». De là, d’ailleurs, les récentes acquisitions de ForePaaS pour l’analytique, OpenIO pour le stockage objet, mais aussi Exten Technologies et BuyDRM. « Avec ForePaaS, en particulier, OVHcloud renforce son savoir-faire pour couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur de la donnée, commente Caroline Comet-Fraigneau. D’une manière générale, cette acquisition de briques technologiques et de compétences nous permettra d’accompagner toujours plus de cas d’usage pour l’ensemble de notre clientèle en quête de solutions agiles qui facilitent leur adoption du cloud et leur confèrent une maîtrise totale du cycle de vie de leurs données. »

Un contexte économique sensible

Dans un contexte d’inflation avec une augmentation sans précédent des prix de l’énergie, on peut s’interroger sur les voies à suivre. Certaines voix prédisent un dépositionnement accentué du cloud privé, lié à la hausse du coût de l’hébergement en datacenter, au bénéfice du cloud public. D’autres voix regrettent le manque de maîtrise des coûts du cloud public avec un dépassement systématique du budget projeté…  

« En laissant de côté l’aspect purement financier, un objectif fort d’une entreprise peut porter sur le coût énergétique et le bilan carbone, précise Caroline Comet-Fraigneau. Ainsi, pour le retour sur investissement, il est nécessaire de s’intéresser au long terme et ne pas s’arrêter à la facture du mois ou de l’année… Demain, la durabilité fera la différence ! »

Ainsi, avec la technologie Hybrid Immersion Liquid Cooling, propre à l’entreprise de Roubaix. Celle-ci réunit le meilleur de deux mondes : water cooling et immersion cooling. Derrière cette nouvelle avancée, OVHcloud vise notamment à construire des data centers à travers le monde tout en maintenant les scores PUE/WUE au plus bas.

OVHcloud, pluralité de l’expertise

« Depuis les débuts d’OVHcloud, nous avons appliqué les principes de l’économie circulaire à notre chaîne d’approvisionnement, poursuit Caroline Comet-Fraigneau. Nous avons ainsi été en mesure de proposer des solutions moins consommatrices en énergie. Nous avons également eu la capacité de mieux recycler les produits, tout en donnant une deuxième, une troisième, voire une quatrième vie à nos principaux composants. Il s’agit d’une approche unique sur le marché ! »

C’est aussi la force d’OVHcloud : la pluralité de son expertise. Et cela à tous niveaux. « A priori, on serait tenté de ne voir que les services proposés. En réalité, nous contrôlons toute la chaîne, toutes étapes. Y compris pour les serveurs qui sont proposés à nos clients. Le contrôle démarre à la découpe de la tôle pour fabriquer les baies ! »

Propos recueillis par Alain de Fooz