Productize, «garage à louer» de l’Internet des objets. Productize réalise des prototypes de machine à laver connectée, d’éléments de drones, de systèmes de télésurveillance… Sa première référence publique est l’OTAKeys, la clé de voiture «virtuelle» intégrée à un smartphone, qui a donné naissance à une coentreprise de D’Ieteren avec l’allemand Continental.

La start-up bruxelloise cible principalement les grandes entreprises, mais s’investit également auprès de start-up et de PME. L’approche est la même : valider ou réorienter tous projets IoT (Internet of Things) au départ d’un prototype. «Ce peut être une télécommande ou un smartphone, peu importe. L’innovation, c’est humain, nous ne la percevons que si nous pouvons la toucher, la tester; le ressenti de la user expérience est fondamental», explique Harold Grondel, Managing Director, Productize.

Si, pour la plupart des entreprises, l’IoT est à l’agenda, la façon de l’aborder reste floue. Comment, en particulier, en exploiter tout le potentiel, et donc sortir d’une vision purement stratégique, voire tactique ? Selon IDC, 77% des projets liés à l’IoT sont concentrés sur l’optimisation ou l’amélioration de processus déjà en place. Dans bien des cas, il s’agit simplement d’une solution pour assurer le suivi de personnes ou de véhicules grâce à la géolocalisation. Bref, des projets sans réelles perspectives.

C’est la création de valeur qui fera le succès de l’IoT, assure le fondateur de Productize. Et la valeur viendra de l’usage que l’on fera des données. Dans cet ordre d’idée, l’IoT n’est pas un sujet de technologie, mais bien de transformation du business model des entreprises. Les industries sont désormais connectées entre elles et cela modifie leur rôle. En ce sens, l’IoT est un accélérateur de nouveaux services. «Demain, nous n’achèterons plus une machine à laver, nous achèterons un service non seulement tout-compris, mais aussi personnalisé sur base de la donnée.»

Au départ de prototypes, la start-up bruxelloise permet de valider rapidement et à moindre coût des projets d’innovation, de sonder in vivo le marché avant une éventuelle production de masse «Nous fournissons des conseils stratégiques, l’expertise technique et développons nous-même les prototypes pour aider nos clients à transformer des concepts en services tangibles.»

C’est ainsi que l’IoT va modifier sensiblement la relation client. Des fabricants, qui avaient perdu le contact avec leurs clients, vont pouvoir renouer. L’information ne viendra plus du réseau de distribution, mais directement des consommateurs. Du coup, en comprenant quelles fonctions de leurs produits sont utilisées, ils pourront les faire évoluer. «Le développement de produit se transforme en développement de service, où la valeur est co-créée avec le client, assure Harold Grondel. Il ne suffira plus de se concentrer sur les caractéristiques du produit pour lesquelles le client paie le plus, il sera vital de comprendre quels résultats sont attendus par le client pour formuler l’offre la plus efficace.»

Ce qui veut dire encore que ce n’est pas l’innovation technologique qui fait la «disruption», mais le modèle économique. En ce sens, l’IoT peut être «disrupteur». C’est-à-dire, concrètement, permettre à un acteur économique de débouler sur un marché aux situations établies et le bouleverser avec une proposition de valeur inédite. Avec beaucoup d’intuition, voire une sacrée dose d’irrationnel, il va flairer, assembler, combiner des technologies et trouver le moyen de répondre à une demande qui s’ignore elle-même. Et, par conséquent, développer un système cohérent qui pourra se déployer rapidement à grande échelle. Bref, le «disrupteur» crée, impose, ébranle et transforme un marché.

«Disrupteur» n’est pas forcément synonyme de start-up, insiste Harold Grondel. D’une certaine façon, D’Ieteren est «disrupteur». Qui donc, en effet, aurait imaginé voir cette entreprise devenir éditeur de technologies -or c’est bien ce qu’elle propose avec sa clé de voiture virtuelle intégrée dans un smartphone ?

Productize travaille sur différents fronts. Pour l’industrie. Pour le secteur des services, comme l’assurance. De tous les domaines d’activité, c’est sans doute le plus engagé. Pour les assureurs, en effet, les objets connectés constituent un fabuleux gisement de croissance à exploiter. Ces objets se développent en effet sur trois de leurs marchés clés : transports et mobilité (sécurité, contrôle et suivi de la conduite, etc.), habitation (équipements, énergie, sécurité, confort, etc.) et santé (sport, suivi physiologique, etc.). Ils représentent de vraies opportunités pour développer et fidéliser la clientèle.

«Nos clients ont bien compris qu’il s’agit d’avancer. S’ils ne prennent pas le train en marche, ils resteront à quai -peut-être définitivement… Plus question, donc d’en rester aux recommandations, aux analyses stratégiques. Pas question, non plus, de foncer tête baissée, conclut Harold Grondel. Le prototypage apporte agilité et vitesse; il permet de valider une idée, un concept; d’identifier et d’évaluer l’apport de valeur; de tester l’expérience client dans des conditions réelles. Et tout de suite !»

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Productize, «garage à louer» de l'IoT
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